Alors qu’en mars 2024, un tribunal californien avait jugé l’affaire d’espionnage opposant un média salvadorien au logiciel israélien Pegasus « entièrement étrangère », une cour d’appel fédérale a relancé ce dossier le 8 juillet 2025, au motif que les journalistes ont été espionnés via des serveurs américains.

Pegasus et son concepteur NSO Group doivent ils être jugés aux États-Unis ou à l’étranger ? Voilà le débat juridique américain.

Entre 2020 et 2021, au moins 22 membres du média d’investigation El Faro ont vu leurs téléphones infectés par Pegasus, alors qu’ils enquêtaient sur des sujets sensibles liés au gouvernement salvadorien.

Une affaire qui aurait pu rester cantonnée à l’Amérique centrale, mais l’enquête technique révèle que les infiltrations s’appuyaient sur des serveurs situés en Californie. Ce détail, loin d’être anodin, a permis aux plaignants de saisir la justice américaine, arguant que l’infrastructure technologique des États-Unis avait été instrumentalisée pour commettre ces actes d’espionnage.

Soutenue par des géants de la tech comme Google ou Microsoft, la plainte d’El Faro a d’abord été rejetée par un tribunal californien.

Mais le 8 juillet 2025, une cour d’appel fédérale a renversé cette décision, estimant que les liens avec le territoire américain étaient suffisamment solides pour que l’affaire soit traitée à San Francisco.

Données sur les actions perpétrées par le logiciel espion Pegasus dans le monde // Source : Amnesty International
Données sur les actions perpétrées par le logiciel espion Pegasus dans le monde // Source : Amnesty International

Le logiciel espion Pegasus pose un dilemme à la justice américaine

Vendu à des gouvernements pour lutter officiellement contre le terrorisme et le crime organisé, Pegasus s’est retrouvé au centre de multiples scandales d’espionnage : ciblant journalistes et militants des droits humains, mais également d’importantes personnalités politiques comme le président français Emmanuel Macron.

Lorsqu’il infecte un système, le logiciel espion devient un réel mouchard. Dans le cas d’El Faro, les analyses techniques menées par Citizen Lab et Amnesty International ont relevé des extractions de messages, contacts, fichiers et géolocalisation à distance. Les journalistes visés ont ainsi vu leur vie privée et professionnelle totalement exposée.

La décision ouvre la voie à un examen sur le fond du dossier : les journalistes demandent notamment que NSO Group soit contraint de révéler le nom du client ayant commandité les attaques, de supprimer toutes les données collectées illégalement.

Que doit-on attendre de cette décision ?

La récente décision de la cour d’appel ne marque pas la fin de l’affaire, mais le début d’une nouvelle étape judiciaire.

La procédure est encore longue et semée d’embûches (la société israélienne pouvant multiplier les recours), mais la perspective d’un procès sur le sol américain constitue déjà un précédent majeur.

Jusqu’ici, NSO Group n’a jamais été jugé aux États-Unis pour des faits d’espionnage ciblé contre des journalistes ou des ONG. Seule une action civile menée par WhatsApp/Meta a abouti. En mai 2025, NSO Group a été condamné à verser 167 millions de dollars de dommages et intérêts à l’entreprise américaine pour le piratage de 1 400 comptes utilisateurs via le logiciel Pegasus.

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