L’humoriste a fait la promotion d’un projet de film qui devait en grande partie être financé par la vente de NFT. Près d’un an après, le développement du long-métrage est au point mort et les investisseurs ont perdu leurs mises, révèle une enquête de Médiapart.

En mai 2022, l’humoriste et star des réseaux sociaux Kev Adams se lançait dans la promotion d’un projet « inédit » de film d’animation : Plush. Lors de plusieurs lives Instagram (où il compte 7,5 millions d’abonnés) Kev Adams vantait le film, qui devait être financé par la vente de NFT. Avec « Fabi », un de ses amis qui dirigerait le projet, ils promettaient des rendements importants aux investisseurs.

En tout, près de 700 acheteurs ont permis de lever plus d’un million d’euros au moment de la mise en vente des NFT, en mai 2022. Mais depuis, les fondateurs du projet ne donnent plus de nouvelles et Plush, qui devait sortir à l’hiver 2023, semble être au point mort. Les investisseurs ont peur d’avoir perdu leur argent pour de bon, comme le dévoile une enquête de Médiapart sur le sujet, parue le 23 avril 2023.

Une énorme campagne de communication

L’idée derrière Plush est à première vue simple : pour le financer, Illuminart, la société qui s’occupe de la production, devait lever 60 millions d’euros. Pour cela, l’entreprise avait choisi de mettre en vente 50 000 NFT représentant des personnages du film, des ours en peluche. « Ces NFT vous permettent d’être coproducteur du film », aurait assuré Kev Adams à ses fans dans un live Instagram.

Selon Médiapart, Kev Adams aurait fait miroiter à ses fans des bénéfices très importants s’ils achetaient les NFT. « Bien qu’il n’y ait rien de garanti, en moyenne, vous ferez du six à sept fois ce que vous mettez en 24 mois. » Sur le site du film, les équipes expliquaient qu’« un NFT PLUSH pourrait générer, en moyenne, un ROI [retour sur investissement, ndrl] de 516 % en 24 mois », grâce aux futures recettes au box-office du film.

Kev Adams n’était pas le seul à communiquer sur les réseaux sociaux, même s’il était « le plus impliqué », selon Médipart. « Illuminart s’est offert en mai 2022 une publicité devant le palace Majestic pendant le Festival de Cannes, avec les noms des stars qui prêteront leurs voix aux nounours », indique le journal. Par la suite, certaines des stars du film en auraient fait la promotion sur les réseaux sociaux : « les chanteurs Gims et Dadju ; les comédiens Camille Lellouche, Ludovik, Rayane Bensetti et Doigby ; ainsi que l’influenceuse Poqssi et la tiktokeuse Laura Dutilleul », indique Médiapart.

La publicité pour Plush lors du festival de Cannes // Source : YouTube / Capture d'écran Numerama
La publicité pour Plush lors du festival de Cannes // Source : YouTube / Capture d’écran Numerama

Une entreprise opaque basée à Dubaï

Malgré l’intense campagne de communication, la mise en vente des NFT, vendus 1 250 euros pièce, se serait soldée par un échec. « Illuminart affirme avoir vendu 1 280 NFT, soit une recette d’environ 1,5 million d’euros » après la première phase de vente, réservée à la France. « La vente à l’international, le mois suivant, s’est soldée par seulement une poignée de nounours écoulés ». Bien loin des 60 millions d’euros nécessaires au projet — qui ne devait se faire que si le montant total était levé.

Depuis, quelques investisseurs expliquent que les NFT auraient perdu la majeure partie de leur valeur, les laissant démunis. Les équipes du projet auraient coupé les ponts et cessé toute communication sur les réseaux sociaux. Il n’y a plus de nouvelles sur la sortie du film, et il n’est plus possible d’acheter de nouveaux NFT sur le site. « On a investi et on s’est fait avoir », estime Wylem, un des acheteurs de NFT, interrogé par Médipart.

Si le projet semble au point mort, une question reste : où est passé l’argent ? Médiapart explique que, contrairement à ce qui avait dit, Plush ne serait pas en réalité un projet 100 % français : Illuminart est une société basée à Dubaï — ce qui fait que les acheteurs ne sont pas automatiquement protégés par le droit européen. Selon nos confrères, la société n’a pas renouvelé sa « business licence », qui aurait expiré en février — et ni son fondateur, « Fabi », ni Kev Adams, n’ont répondu aux questions du journal.

Ce n’est pas la première fois que des stars se retrouvent mêlées à des projets de NFT douteux. Au début du mois de mars, l’enquête du magazine The Athletic racontait que le footballeur Paul Pogba avait été payé pour faire la promotion de NFT. La collection, qui prenait la forme d’un jeu de cartes de dragons, avait perdu toute valeur au bout de quelques mois, laissant certains fans de Paul Pogba incapables de revendre leurs cartes, et endettés.

Outre les zones d’ombres de Plush, l’achat de NFT représente un investissement toujours risqué. Avec l’explosion de leur popularité, de nombreux projets se sont montés, espérant surfer sur l’engouement pour les crypto-monnaies. Mais quelques mois après, alors que le bear market a fait chuter les cours des actifs numériques de manière spectaculaire, certains se retrouvent désormais ruinés. Un risque dont les fans des influenceurs ne sont pas forcément toujours conscients.

Mise à jour du 25 avril : Kev Adams a publié un communiqué de presse sur Twitter dans lequel il explique sa situation, et dans lequel il se défend. « J’ai été contacté en 2021 au sujet d’un projet de long métrage d’animation participatif. L’idée était simple : je devais prêter ma voix à un dessin animé potentiel et en faire la promotion. Autrement dit : exercer mon métier ». Le comédien indique également regretter que « des personnes se sentent aujourd’hui lésées ou trahies ».

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