C’est terminé pour les clients Twitter tiers. Le réseau social vient de modifier ses règles pour écrire clairement qu’il ne peut y avoir autre chose que l’application officielle. Toutes les autres apps sont brusquement enterrées.

Cette fois, les carottes sont cuites. Les applications officieuses à Twitter sont condamnées à disparaître, même si elles ont grandement contribué au succès du réseau social. Le 19 janvier 2023, Twitter a actualisé ses règles vis-à-vis des développeurs et les choses sont maintenant écrites noir sur blanc : il est interdit de concevoir un logiciel semblable aux applications officielles de Twitter.

Précisément, celles et ceux qui utilisent l’interface de programmation de Twitter (API) ont l’interdiction de « créer ou tenter de créer un service ou un produit de substitution ou semblable aux applications Twitter ». L’accès à l’API est requis pour pouvoir se « brancher » aux serveurs du réseau social, et ainsi lire et écrire des tweets depuis un autre programme.

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Janvier marque la chute de l’écosystème tiers de Twitter. // Source : Twitter

La conséquence de ces nouvelles règles ? Toutes les applications tierces vont mourir. Tweetbot, Twitterrific, Fenix, Talon, YoruFukurou, Echofon et les autres disparaîtront de fait en ce mois de janvier 2023. La plupart d’entre elles étaient déjà inaccessibles depuis la mi-janvier, avec de premières restrictions d’accès. Depuis, le silence des équipes d’Elon Musk a été vivement critiqué.

Ce mutisme a été brisé le 17 janvier, cinq jours après les signalements initiaux des applications alternatives et de leurs communautés respectives. Sur le compte Twitter Dev, un message prévenait que des changements en matière d’API auraient pour effet de rendre des applications inopérantes. Ce faisant, Twitter confirmait une action délibérée contre son écosystème.

« Aujourd’hui marque la fin d’une ère »

Chez les victimes de cette nouvelle politique, la modification n’a pas encore été abondamment commentée. Les comptes de Twitterrific et Fenix n’ont pas été mis à jour depuis le 17 janvier. Idem pour les comptes des développeurs qui sont derrière ces projets. D’autres ont toutefois fini par prendre la parole, à l’image de Twitterrific et Talon.

« Aujourd’hui marque la fin d’une ère. Malheureusement, nous avons été contraints de retirer Twitterrific des App Stores iOS et Mac. La révocation inexpliquée par Twitter de notre accès à l’API a laissé l’application sans avenir », écrit Twitterrific. « Twitter a clarifié sa position. […] Hélas, cela signifie finalement que Talon cessera de fonctionner », acte Talon.

L’image de marque de Twitter sort dégradée de cette séquence, ne serait-ce que sur la manière dont l’entreprise a communiqué avec son écosystème. Les nouvelles règles adressées aux développeurs ne datent en effet que du 19 janvier. Or, le compte officiel Twitter Dev annonçait dès le 17 janvier appliquer une politique de longue date… sauf qu’à l’époque, la dernière mise à jour des règles datait du 10 octobre 2022. Et à ce moment-là, aucune interdiction autour des applications tierces n’y figurait.

Les raisons profondes ayant conduit plusieurs applications au cimetière n’ont pas été révélées par Twitter. Beaucoup considèrent néanmoins qu’il s’agit d’un effort de centraliser la totalité des internautes sur une seule et même application — l’officielle — afin de montrer à celles et ceux qui n’y étaient pas encore de la publicité plus ou moins personnalisée et de mieux les cerner avec les algorithmes. On y voit aussi un moyen de vendre l’abonnement Twitter Blue, seulement disponible dans l’application officielle.

La fin des applications tierces marque la fin d’une époque chez Twitter. Bien avant l’app officielle, ce sont ces communautés de développeurs qui avaient permis au réseau social de devenir populaire (Twitterrific, par exemple, a été lancé avant la naissance de l’App Store grâce au jailbreak). En retard sur les smartphones, Twitter avait même racheté un client tiers, Tweetie, pour en faire son application officielle. En abandonnant les applications alternatives brusquement, sans les remercier, Elon Musk ferme les yeux sur l’histoire de sa propriété.

Source : Numerama

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