J’ai eu un HTC Magic à l’époque où on l’appelait encore le premier vrai smartphone de Google. J’ai eu un Nexus One, qui était effectivement le premier vrai smartphone de Google. Et puis est venu, plusieurs années après, le premier vrai smartphone de Google, qui était alors nommé Pixel et qui promettait de repousser les limites de la photographie sur smartphone. Celui-là, je ne l’ai pas eu : Google a boudé la France et ne l’a pas sorti dans nos contrées. En 2021, Google a sorti le premier vrai smartphone de Google, le Pixel 6, qui était effectivement le premier à être propulsé par un processeur maison.
Aujourd’hui, en 2022, j’ai un Pixel 7 Pro dans les mains. Et alors que j’ai depuis bien longtemps abandonné Android pour des iPhone, je garde toujours dans mes poches une place pour un Pixel. Le smartphone léger que j’emporte en haut des montagnes. Le smartphone des concerts. Le smartphone de mon numéro professionnel que je peux éteindre le week-end. J’ai adopté, depuis le Pixel 3, les smartphones de Google comme les seules alternatives à mon usage concentré sur iOS. Et pourtant, sept générations plus tard — cinq si l’on ne compte que les françaises –, la question est régulièrement posée, légitime : Google a-t-il envie de vendre ses produits ? Et si oui, à qui ?
C’est ce que l’on va voir dans ce test.
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Le Pixel 7 Pro est un beau Pixel (mais il n’est pas pour moi)
Caractéristiques et design du Pixel 7 Pro
La réponse à la dernière question ne va pas me plaire : je ne suis pas seul au monde le Pixel 7 Pro n’est pas pensé pour moi. Trop grand, trop large, trop lourd. Le mode de création des smartphones, dirigé par les marchés asiatiques, est passé par là. Les iPhone mini n’ont tenu que deux générations et le Pixel 5, proche de la perfection avec sa diagonale de 6 pouces, est déjà un lointain souvenir. Aujourd’hui, pour exister, il faut du grand. Le Pixel 7 Pro, avec son écran de 6,7 pouces, est un gros bloc à tenir en mains, qui ne se fait clairement pas oublier dans une poche et ne se dégaine pas en toute occasion à la volée.
Certes, son appareil photo démesuré ne pouvait pas prendre moins de place. Google a misé sur l’association de trois capteurs, pour associer son avance sur le traitement de l’image à un standard matériel qui sied aux modèles de 2022.
- Objectif grand angle Quad Bayer de 50 Mpx
- Objectif ultra grand angle 12 Mpx
- Objectif de 48 Mpx à téléobjectif Quad Bayer avec un zoom optique x5 et jusqu’à x30 en zoom numérique
Depuis la génération 6, Google assume la protubérance des capteurs de son smartphone. Le Pixel arbore fièrement sa grande barre horizontale en travers de son dos. Les boutons finissent sur le côté droit et la face avant possède un unique poinçon, faisant office de caméra à selfie et de reconnaissance faciale pour déverrouiller l’engin.
Sous l’écran, on trouve un capteur d’empreinte digitale plutôt classique sur les smartphones Android de cette gamme. Il n’est pas le plus rapide de sa catégorie — on a toujours un temps de latence quand on pose son pouce et l’on regrette parfois l’emplacement idéal des capteurs sous l’index. Cela dit, la reconnaissance faciale joue bien son rôle et déverrouille le Pixel 7 Pro avant même que l’on ait réfléchi à poser son gros pouce sur l’écran.
Cet écran est certes trop grand pour moi, mais il n’est pas mauvais — loin de là. On est sur des prestations haut de gamme, avec une dalle OLED LPTO capable d’ajuster sa fréquence pour, au choix, économiser de l’énergie ou avoir un affichage plus fluide. Android 13 est très agréable à utiliser en 120 Hz, avec de belles transitions et un affichage des applications natives réglé au poil. Google n’ayant pas autant de leviers de pression qu’Apple sur les développeurs, on prévient que toutes les applications ne fonctionneront pas à 120 Hz. Capable d’aller jusqu’à 1 500 nits côté luminosité, l’écran n’est quasiment jamais sollicité à ces niveaux extrêmes, si ce n’est en plein soleil. Ou pour regarder les détails des magnifiques clichés que prend le smartphone — nous y reviendrons.
Google reprend en 2022 la formule de 2021, qui a aussi propulsé Apple au sommet avec ses puces A et M : un smartphone conçu autour d’un processeur maison. Couplé à 12 Go de mémoire vive, celui que Google nomme Tensor G2 se charge d’animer toute l’interface du Pixel, mais également d’exécuter en local tous les traitements logiciels opérés sur les clichés. Ces traitements ne sont jamais instantanés et chaque photo apparaît dans sa version retraitée quelques secondes après avoir été prise.
D’un côté, on pourrait regretter de voir un Google toujours en retard sur les performances de ses processeurs, même pour des tâches au cœur de la promesse du Pixel. De l’autre, cela fait à chaque fois un petit effet de satisfaction de découvrir une photo relativement moche et de la voir se transformer sous nos yeux en un chef-d’œuvre de photographie mobile. Un mal pour un bien, d’autant que l’on ne va pas se mentir, le processeur Tensor G2 est largement suffisant pour toutes les tâches courantes d’un smartphone — difficile de le mettre en défaut dans nos tests.
En tout cas, on ne peut pas dire que le Pixel 7 Pro soit un gouffre à énergie. Après une journée d’utilisation normale — mails, sms, vidéos, photos, web –, il affiche 53 % de batterie et une autonomie annoncée à plus d’un jour. C’est conforme à ce que Google indique — 24 heures — avec un boost possible en économie d’énergie maximale. Ce mode nommé Ultra économiseur d’énergie coupe tout ce qui n’est pas essentiel et va jusqu’à désactiver les applications que vous ne pré-sélectionnez pas. Inutilisable au quotidien, mais peut s’avérer commode si l’on prévoit un long trip loin de toute électricité.
Reste qu’il est difficile d’avoir un coup de cœur pour un Pixel cette année : le design est déjà vu et n’a plus vraiment de patte Google. Le Pixel 7 Pro est le même grand rectangle que tous les smartphones Android du marché, différencié à la limite par le gros bloc photo à l’arrière.
Android 13 sur un Pixel 7 Pro
Android 13 ne dépayse pas les utilisatrices et utilisateurs d’Android. Toutes les bases sont là : mouvements tactiles à la iOS pour se déplacer sur l’interface, système de notifications poussé et surtout, l’intégration complète des applications Google. La recherche en elle-même est intégrée à l’interface : un swipe vers le bas permet de chercher dans le smartphone et sur le web.
Toute la suite Google est également de la partie, avec l’application Photos qui est une version exclusive à la gamme Pixel proposant de petits gadgets en plus. On pense, par exemple, à la gomme magique capable d’effacer des personnes dans le décor, ou le correcteur de flou, qui permet de redonner des détails imaginaires à une photo prise trop vite — ou un cliché trop ancien.
Google a aussi raffiné son système maison pour répondre aux critiques de ses détracteurs. Les animations sont agréables au doigt, de petits détails parsèment l’interface et le constructeur propose une sécurisation simplifiée des utilisateurs, avec une puce dédiée au chiffrement des données. Tout est transparent à l’usage, ce qui facilite grandement l’adoption. Les thèmes permettent de casser l’austérité du système de base proposé par Google — une demande que les autres constructeurs ont bien comprise.
On apprécie également Android Messages qui adopte le format RCS, remplaçant du SMS depuis 2019. Entre deux messageries compatibles, des interactions plus modernes sont possibles (réactions aux messages, etc.). On est encore loin d’iMessage, mais c’est un mieux. Et non, la fonctionnalité de transcription des vocaux, cauchemar de la Gen Z, n’était pas encore disponible sur notre version de test.
Vous pourrez lire plus de détails sur Android 13 dans notre test du Pixel 7.
En photo, le Pixel 7 Pro est toujours un Pixel
Les Pixel sont-ils bons sur la photo depuis la première génération ? Oui. Le Pixel 7 Pro est-il bon en photo ? Oui. En 2022, la situation de la photographie mobile est quelque peu paradoxale : il est devenu ardu de faire de très mauvais appareils photos qui ne correspondent pas à 90 % des usages et, par conséquent, il est devenu très délicat de se démarquer. Google misait avant sur son logiciel et son unique capteur, en montrant que l’on pouvait faire mieux avec moins. Désormais, le géant fait comme tout le monde : multiplier les capteurs pour diversifier les points de vue et les options de création.
Le Pixel 7 Pro est un outil complet qui s’en sort bien partout : ultra grand angle, grand angle, zoom x5, zoom numérique x30, photos de nuit, photos avec effet de mouvement, photos avec effet bokeh (mode portrait), photo macro, retouche du flou automatique, pose longue, gomme magique… Il est franchement difficile de trouver quelque chose qu’un Pixel 7 Pro ne sait pas faire. Chaque item est, en plus, bien fait. Le zoom x30, par exemple, est un exercice périlleux. Mais le logiciel de Google sait parfaitement faire le travail de recomposition de l’image pour maquiller le grain. Voyez plutôt, dans la comparaison ci-dessous : le détail en x30 est en haut à droite sur la première photo.
Être bon partout est désormais l’apanage des smartphones haut de gamme côté photo. Et à 899 € prix de lancement (lire : bien moins cher dans deux mois), le Pixel 7 Pro est un smartphone haut de gamme vendu à un très bon prix. Le plus haut de gamme, chez Apple, démarre par exemple à 1 429 €. Chez Samsung, le Galaxy S22 Ultra est à 1 149 €. En bref, Google reste fidèle à son positionnement tarifaire : être au sommet des capacités photos, avec un prix mesuré. À cela, le constructeur américain ajoute une touche particulière, qui séduit les consommateurs européens et américains : les retouches photographiques sont modérées et tendent au réalisme, quand on peut parfois déplorer que des marques chinoises ou coréennes soient dans l’emphase et l’accentuation des filtres.
Quelques images valent plus que de trop nombreux paragraphes ? Je suis d’accord.
L’appareil photo fait la même chose que celui des iPhone depuis l’iPhone 13 Pro : un mode macro logiciel qui permet, avec l’objectif ultra-grand angle, de prendre des photos de très près. Voyez plutôt cette photo du virus Covid-19 :
Les niveaux de zoom sont tous précis et déforment finalement assez peu les photos. Les corrections logicielles opérées par Google sont impressionnantes — c’est tout l’objet des Pixel. Même la distorsion liée à l’ultra-grand angle semble compensée par le moteur d’image de Google.
Le mode portrait est utilisable sur des objets et sur des humains. Il fonctionne aussi très bien à faible luminosité.
Au petit matin et à la tombée de la nuit, où les conditions de lumière permettent des contrastes dramatiques, même remarque : le Pixel 7 Pro sait tout faire.
En clair : vous savez pourquoi vous achetez un Pixel 7 Pro. La possibilité de tout faire avec ces caméras est l’argument numéro 1 de Google, avec, en bonus, la possibilité d’éditer les clichés en direct sur le smartphone avec des outils puissants.
Le verdict
Google Pixel 7 Pro
Voir la ficheOn a aimé
- La polyvalence en photo
- L’écran OLED 120 Hz
- Android 13, très agréable
On a moins aimé
- Les petits lags sur les tâches lourdes
- Un format unique immense
- Les coques officielles sont cheap
Le Pixel 7 Pro est un très bon smartphone Android, à la hauteur des attentes que l’on place chez Google. Évidemment, le focus sur la « photo logicielle » des premières années a laissé sa place à une proposition hybride, mobilisant de nombreux capteurs et de l’intelligence artificielle pour corriger tous les défauts des photographes amateurs que nous sommes. Les résultats sont bluffants et le mot pour décrire le Pixel 7 Pro est indéniablement « polyvalence ».
Au-delà de ces prouesses, le smartphone de Google est un porte-étendard d’une vision épurée d’Android, qui devient tout de même, année après année, plutôt étoffée. Thèmes, nombreux réglages côté notification, traitement sur la machine des tâches lourdes (comme le chiffrement des données), déverrouillage biométrique à plusieurs niveaux, recherche universelle… Google a repris les meilleures innovations de ses partenaires et les a bien intégrées.
Reste une ombre au tableau : le processeur maison n’est pas aligné avec la position haut de gamme du Pixel 7 Pro. Et si on se dit que Google a un boulevard pour aire mieux en puissance de calcul, alors on entrevoit le futur vers lequel l’entreprise se dirige.
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