Un rapport d’information du Sénat propose plusieurs pistes pour améliorer les applications de notation des produits, comme Yuka. Parmi elles, permettre à un fabricant d’afficher ses observations à une mauvaise note.

Comme nombre de Françaises et Français, peut-être faites-vous désormais vos courses le smartphone à la main, pour scanner les codes-barres et savoir ce que contient tel ou tel produit. Yuka est certainement l’application la plus connue du secteur : elle évalue un aliment ou un produit cosmétique avec une note sur 100 et un code couleur explicite.

Ces outils sont aujourd’hui très courants dans le secteur de l’alimentation et dans le domaine de la beauté. Parfois questionnés sur leur exactitude et leur impartialité, mais aussi dénoncés par les industriels dont les produits sont auscultés, ces outils font pourtant des émules. Des initiatives sont imaginées pour les produits chimiques et pour l’impact écologique.

Source : Yuka
De plus en plus de personnes font leurs courses en scannant leurs produits. // Source : Yuka

Ces développements ne sont pas vus d’un mauvais œil par le législateur. Mais ce secteur mériterait un meilleur encadrement des applis de notation, avec l’établissement de bonnes pratiques pour éviter d’éventuels errements. C’est en tout cas le sens des propositions formulées par la commission des affaires économiques du Sénat.

Permettre à un fabricant de répondre à une mauvaise note

Dans un rapport d’information partagé le 29 juin, la commission plaide pour une dizaine de mesures. Et parmi elles figure la nécessité de permettre à un industriel en désaccord avec la note affichée sur Yuka ou n’importe quelle autre application de faire figurer sa réponse, afin que la clientèle puisse aussi connaître ses observations.

« Les applis de notation ont contribué à rendre l’information plus synthétique et donc plus lisible », admettent les sénateurs ayant rédigé ce rapport. Cela étant, il est nécessaire « de rendre leur fonctionnement plus transparent ». D’autres indications pourraient aussi être requises sur chaque fiche, non loin de la note, comme les labels reçus par le produit.

Car l’impact d’une application comme Yuka sur la décision d’achat est immense. « 92 % des utilisateurs de Yuka reposeraient le produit lorsqu’il est mal noté », suggère le rapport. Dès lors, il faut que le fonctionnement, les informations affichées et les bases scientifiques soient impeccables. Sous-entendu : il y a des enjeux industriels, économiques et d’emploi qui peuvent jouer.

Application Yuka. // Source : Yuka (image recadrée)
Des produits ont des bonnes notes, d’autres sont considérés comme médiocres, voire mauvais. // Source : Yuka (image recadrée)

Labels, base scientifique, structuration de la note…

Outre l’intégration d’un onglet dans lequel le fabricant pourrait apporter sa réponse en cas de note contestée, le rapport avance plusieurs autres pistes :

  • indiquer l’ensemble des labels publics dont dispose le produit : agriculture biologique (AB), Label Rouge, appellation d’origine protégée (AOP), appellation d’origine contrôlée (AOC), etc. ;
  • informer l’utilisateur via une notification quand un produit anciennement scanné a vu sa note évoluer suite à une modification de sa composition ;
  • présenter une note pour chaque aspect d’un produit, plutôt qu’une note unique, car celle-ci risque d’agréger aveuglément des aspects hétérogènes ;
  • expliquer les tenants et aboutissants du débat scientifique sur une substance qui est mise en cause, mais autorisée, plutôt que d’émettre une évaluation négative directement ;
  • créer une certification publique de ces applis, afin d’attester la pertinence scientifique de leurs critères d’évaluation et de leur pondération, ainsi que de la fiabilité des bases de données utilisées ;

Le rapport assure qu’il ne s’agit pas d’empêcher ces applications d’exister, mais de prévenir des ratés. C’est une condition indispensable à un « développement harmonieux et pacifié » entre ces outils numériques et les industries concernées, disent les sénateurs. Il reste à voir quelle suite les pouvoirs publics et le législateur donneront à ces recommandations.

Source : Numerama

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