Comme toutes les autres crypto-monnaies, le bitcoin et l’Ethereum connaissent, elles aussi, des baisses importantes de prix. Et cela a une conséquence directe sur la consommation d’énergie des mineurs.

La quantité d’énergie consommée par les deux principales blockchains, le bitcoin et l’Ethereum, a fortement baissé. Selon les calculs que nous avons consultés à la date de ce 24 juin 2022, et réalisés par Diginomiste, un bureau d’étude qui analyse l’impact écologique des crypto-monnaies, le bitcoin consommerait 35 % de moins que prévu et l’Ethereum 49 % de moins, depuis la mi-juin 2022.

Ces chiffres ont de quoi surprendre : après leur création, la consommation en électricité de ces blockchains n’a fait qu’augmenter, un fait qui leur est régulièrement reproché et qui leur vaut parfois des problèmes. Depuis 2020, leur consommation en électricité avait atteint des sommets. Jamais les blockchains n’avaient eu affaire à un recul de cette dernière. Alors, que se passe-t-il ?

La consommation d'énergie du bitcoin // Source : Diginomist
La consommation d’énergie du bitcoin // Source : Diginomist
La consommation d'énergie de l'Ethereum // Source : Diginomist
La consommation d’énergie de l’Ethereum // Source : Diginomist

La réponse est à aller chercher du côté de la violente baisse des prix que le marché des cryptos vit actuellement. Depuis le début de l’année, le bitcoin a perdu plus de 50 % de sa valeur, et l’Ethereum, qui avait commencé l’année avec une valeur de 3 700 dollars, n’en vaut plus que 1 200. Cette baisse de valeur ne touche pas que les investisseurs crypto : elle a des conséquences sur tout l’écosystème.

Le minage consomme beaucoup et rapporte moins

Pour bien comprendre la situation, il faut d’abord revenir sur la « fabrication » des crypto-monnaies : un acte qui s’appelle le minage. Les crypto-monnaies sont toutes adossées à des blockchains, des sortes de registres décentralisés qui permettent, entre autres, de tenir des listes de transactions. Afin de garantir que les blockchains ne sont pas falsifiées (en inscrivant, par exemple, qu’une possède plus que ce qu’elle n’a vraiment), les transactions doivent être vérifiées par des mineurs.

Pour s’assurer que les transactions sont bien valides, ils vont être mis en compétition et devoir répondre à des équations extrêmement complexes. Le premier mineur à trouver la réponse à l’équation gagne le droit de « miner » le nouveau bloc, donc de vérifier les transactions. En récompense, il reçoit une quantité déterminée de crypto-monnaie.

Le bitcoin est en chute depuis des mois // Source : Bermix Studio / Unsplash
Le bitcoin est en chute depuis des mois // Source : Bermix Studio / Unsplash

Le système garantit habituellement un revenu conséquent pour les mineurs les mieux équipés, et donc les plus à même de répondre à plus de calculs. Mais la baisse des prix des cryptos signifie aussi baisse de salaire pour les mineurs, qui doivent tout de même continuer à faire tourner d’immenses fermes d’ordinateurs pour espérer amasser quelques bitcoins.

En plus de la baisse des prix des cryptos, il faut prendre un autre élément en compte : le prix de l’énergie que les mineurs doivent utiliser pour faire tourner leurs fermes. Or, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie au mois de février, les prix ont largement augmenté, en grande partie à cause de sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie. Le pays étant le premier producteur de gaz au monde, les prix ont rapidement augmenté.

Les mineurs se sont retrouvés pris entre deux feux, avec d’un côté des revenus moindres, et de l’autre, des coûts de fonctionnement en hausse. En gagnant moins, les mineurs n’ont pas intérêt à maintenir en activité un parc d’ordinateur extrêmement couteux à faire tourner, et les chiffres de Diginomist montrent qu’un certain nombre de mineurs ont préféré mettre en pause leur activité.

Quelles conséquences pour le bitcoin et l’Ethereum ?

Les blockchains du bitcoin et de l’Ethereum fonctionnent donc avec moins d’électricité depuis quelque temps. Diginomist indique que depuis le 11 juin, les estimations de consommations à l’année sont passées de 204,50 TWh à 132,7 TWh pour le bitcoin. Quant à l’Ethereum, il a décroché le 25 mai, passant d’une estimation de 93,98 TWh à 47,73 TWh.

Le bitcoin consomme moins d'énergie // Source : Eivind Pederson / Pixabay
Le bitcoin consomme moins d’énergie // Source : Eivind Pederson / Pixabay

Le fait qu’il y ait moins de mineurs ne signifie cependant pas que les blockchains vont arrêter de fonctionner : il reste toujours un nombre conséquent de personnes pour continuer de valider les blocs. La sécurité des transactions n’est pas non plus remise en compte.

Il pourrait néanmoins y avoir des répercussions pour les écosystèmes cryptos. Tout d’abord, le hashrate, la puissance de calcul totale sur un réseau utilisée pour valider les nouveaux blocs d’une chaine, va certainement baisser pour le bitcoin et l’Ethereum. Étant donné que moins de mineurs sont connectés sur le réseau, il y a de fait moins de puissance disponible — un phénomène qui avait été observé lors de l’interdiction du minage en Chine. Pour l’instant, le hashrate du bitcoin ne montre pas de signe de faiblesse, selon les données de Blockchain, mais cela pourrait bientôt changer.

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