Les États-Unis se sont engagés à réduire de 50 % leurs émission de gaz à effet de serre d’ici 2030, lors d’un grand sommet sur le climat organisé ce jeudi 22 avril. Depuis l’élection de Joe Biden, le pays cherche à reprendre les rennes du combat climatique. Est-ce que cela peut changer la donne ?

Ces cinq dernières années, l’action des États-Unis vis-à-vis de la crise climatique a été catastrophique. Donald Trump a consterné la communauté internationale en retirant le pays de l’accord de Paris, et profité de son mandat pour détricoter bon nombre de réglementations environnementales.

Joe Biden avait fait comprendre pendant sa campagne que, s’il était élu, les États-Unis reviendraient à la tête du combat contre la crise climatique. Ses dernières actions le confirment. Washington a invité 40 chefs d’État à un grand sommet virtuel sur le climat qui démarre ce jeudi 22 avril et durera deux jours. A cette occasion, le président américain a  fait une promesse très attendue : il a annoncé que les États-Unis s’engageaient à réduire de 50% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Le fait que Washington reprenne la main sur la crise climatique aura incontestablement des retombées positives. Les États-Unis sont le 2è émetteur mondial de gaz à effet de serre et un poids lourd technologique et scientifique. Atteindre les objectifs climatiques mondiaux sans leur participation paraît tout bonnement impossible. La puissance économique du pays lui donne par ailleurs une influence significative sur le reste du monde — et de nombreux leviers pour inciter les pays encore réticents à suivre une stratégie climatique ambitieuse .

Les États-Unis vont-ils changer la donne climatique ?

Le retour de Washington en pole position dans la course climatique est cependant loin de garantir une arrivée à bon port. Les États-Unis ont pris un retard important dans la lutte contre le réchauffement.

Même si une coalition d’États, d’associations et d’entreprises américaines ont — courageusement — tenté de tenir, à leur échelle, les objectifs de l’accord de Paris après que Donald Trump en a retiré le pays, les États-Unis sont loin d’avoir fait la part initialement prévue. L’économie américaine elle-même a pris du retard dans les domaines liés aux énergies vertes. Le secrétaire d’État, Antony Blinken, a notamment reconnu que les États-Unis avaient « perdu du terrain » face à la Chine dans l’industrie solaire et la production de véhicules électriques.

Pendant ce temps, la situation s’est aggravée. Contrairement à ce qu’espéraient certains, les confinements liés à la crise sanitaire n’ont eu qu’un impact négligeable sur le réchauffement climatique — une baisse dérisoire de 0,01°C sur les projections 2050. Un chiffre qui nous rappelle un des problèmes majeurs de la crise climatique : la persistance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Même si vous « fermez le robinet un moment » souligne Inger Andersen, directeur exécutif du programme des Nations Unies pour l’Environnement interrogé par le Guardian, cela « ne change pas le fait que la baignoire est déjà pleine » C’est pour cette même raison que des objectifs de réduction d’émissions de GES, aussi ambitieux soient -ils, ne suffiraient pas à moyen terme : c’est bel et bien la neutralité carbone globale qu’il faut atteindre.

Même si la politique climatique de Joe Biden constitue un vrai bouleversement, comparée à celle de Donald Trump, elle comporte par ailleurs, d’importantes lacunes. Le signe le plus inquiétant ? Le fait que les États-Unis n’aident pas suffisamment les pays en développement à réaliser leur transition énergétique. Les États-Unis s’étaient engagés à verser 3 milliards de dollars dans le fond vert prévu à cet effet, dans l’accord de Paris, mais n’ont versé qu’un milliard avant de s’en retirer.

Lorsque Joe Biden a réintégré le pays dans l’accord, les observateurs pensaient que les promesses initiales des États-Unis seraient non seulement honorées, mais peut-être même dépassées. Las, le président américain n’a pas prévu pour l’heure d’ajouter plus de 1,2 milliard d’euros au fond vert. La décision est très critiquée, étant donné que les États-Unis sont un des principaux émetteurs de CO2, et même le premier émetteur de gaz à effet de serre par habitant.

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