Autrefois, la norme était que ce vaisseau sanguin disparaisse avant la naissance. Mais depuis quelques siècles, toujours plus d’humains la conservent. C’est une micro-mutation qui rappelle que l’humanité continue d’évoluer.

L’évolution est un processus continu. Comme d’autres espèces, l’être humain n’arrête pas d’évoluer, même si cela nous semble invisible. Il semblerait par exemple que notre température corporelle ait tendance à se refroidir et que la densité de notre ossature se réduise. Des travaux publiés en septembre 2020 dans Journal of Anatomy mettent en évidence une autre évolution, pour le moins imperceptible : le développement d’un vaisseau sanguin supplémentaire, l’artère médiane.

Cette artère, située dans notre avant-bras, est censée être embryonnaire : cela signifie qu’elle se développe chez l’embryon, avant de régresser. Lorsque l’on naît, ce vaisseau sanguin a disparu. Sauf qu’au fil du temps, cette artère disparaît de moins en moins chez les humains. « Depuis le 18e siècle, les anatomistes étudient la prévalence de cette artère chez les adultes et notre étude montre qu’elle est en nette augmentation », commente le docteur Teghan Lucas sur le site de l’université. Cela signifie que de plus en plus de personnes conservent cette artère après la naissance.

Une nouvelle normalité anatomique avant 2100

L’augmentation de la prévalence de cette artère évolue même toujours plus rapidement d’après les anatomistes. En chiffres, l’artère médiane était présente chez environ 10 % des adultes à la moitié du 18e siècle, quand elle était présente chez 30 % des adultes à la fin du 20e siècle. C’est une « augmentation significative sur une courte période à l’échelle de l’évolution », relèvent les auteurs. Les analyses anatomiques les plus récentes portent dorénavant ce chiffre à 35 %, en ce début de 21 siècle.

Au milieu, désignée par les deux petites flèches, l'artère médiane (car au milieu des deux autres artères). // Source : Pr Maciej Henneberg / Flinders University

Au milieu, désignée par les deux petites flèches, l'artère médiane (car au milieu des deux autres artères).

Source : Pr Maciej Henneberg / Flinders University

Oui, nous mutons, même si ce ne sont pas des super-pouvoirs mais simplement un vaisseau sanguin supplémentaire. Comment expliquer ce phénomène ? Les causes sont difficiles à identifier. Le plus probable, selon les auteurs, est une mutation génétique, bénigne, provoquée à l’origine par des anomalies de santé pendant la grossesse, puis progressivement transmise. Cette mutation n’est pas un problème. Au contraire, elle apporte même un avantage : elle augmente l’approvisionnement sanguin, et elle peut servir en remplacement lors d’interventions chirurgicales visant d’autres parties du corps humain.

« C’est une micro-évolution chez l’être humain moderne »

En tout cas, si l’évolution poursuit sur cette même tendance, alors, en 2100, une majorité d’humains auront cette artère qui, autrefois, était présente chez moins de 10 % de la population. Et bien avant 2100, dès lors que la prévalence de l’artère médiane concernera 50 % de la population, cela ne pourra plus être considéré comme une variante, mais comme une nouvelle normalité pour l’anatomie humaine.

« C’est une micro-évolution chez l’être humain moderne, et l’artère médiane est un parfait exemple de la façon dont nous évoluons encore, car les personnes nées plus récemment ont une prévalence plus élevée de cette artère par rapport aux humains des générations précédentes », conclut Maciej Henneberg.

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