SpaceX remet les compteurs à zéro. Dans la soirée du 22 avril, l’entreprise américaine est parvenue à tourner la page après deux échecs de récupération du premier étage de la fusée Falcon 9 au-dessus de l’océan Atlantique. Lors de ce vol, qui consistait à mettre en orbite soixante nouveaux satellites Starlink, le lanceur a correctement fini sa course sur la barge qui était déployée au large des côtes américaines.
Ce succès était important. À deux reprises, en février et en mars, SpaceX n’avait pas pu faire atterrir l’étage du lanceur. À chaque fois, il avait piteusement fini sa course dans la mer. Aussi, le vol qui était planifié pour mercredi soir sonnait pour SpaceX comme un défi à son expertise dans l’aérospatiale. Défi qui a été remporté et qui rappelle que la conquête spatiale reste une aventure difficile.
En effet, on pourrait croire que SpaceX, à force d’enchaîner les missions sans difficulté et les récupérations réussies du premier étage de sa fusée Falcon 9, s’est installée dans une forme de routine. Que désormais, la mécanique est bien rodée. Les déconvenues auxquelles a fait face l’entreprise américaine en début de l’année montrent bien que même ce que l’on pensait acquis a encore une part d’incertitude.
Tous les regards se sont donc tournés en direction des États-Unis, puisque c’est de la base de lancement de Cap Canaveral que s’est envoyé le Falcon 9. Le vol a eu lieu le 22 avril à 21h37 (heure française en métropole) et a été retransmis en direct sur YouTube. Initialement, le vol était planifié pour le lendemain, mais des conditions météorologiques plus favorables ont permis cette reprogrammation.
Il est à noter que le profil de la mission était exactement le même que celles ayant eu lieu en février et mars : il s’agissait de transporter une grappe de soixante satellites Starlink pour les déployer en orbite terrestre basse — la fusée a donc transporté la même masse de charge utile, est partie du même point de départ et a suivi une trajectoire similaire, avec une arrivée, en théorie, sur la barge.
Seule différence significative, le premier étage qui a été utilisé pour ce vol en est un autre, qui a déjà servi à quelques reprises : un ravitaillement de la Station spatiale internationale, la mise en orbite de la constellation RadarSat et l’envoi d’une précédente grappe de satellites Starlink. Quant à la coiffe, qui sert à protéger la charge utile pendant le vol ascensionnel dans l’atmosphère, elle a déjà servi en 2019 lors de la mission Amos-17.
Un rebond important pour SpaceX
Il était important pour SpaceX de mettre fin à cette mauvaise série. L’entreprise a conçu un modèle fondé sur la réutilisation aussi longtemps que possible des différentes parties de ses fusées, afin que cela lui coûte moins cher et ainsi être très compétitif sur le marché des satellites. Pour que celui soit viable, il lui faut donc pouvoir récupérer facilement et en bon état les pièces qui lui importent.
Cela étant, l’essentiel restait néanmoins de parvenir à transporter correctement la charge utile dans l’espace, qui est le facteur principal qui compte pour les entreprises qui passe commande auprès de SpaceX. Que ce dernier réussisse ou non à faire revenir ses fusées sur terre ou sur mer leur importe finalement assez peu : ce qu’ils attendent, c’est que leur satellite arrive à bon port.
C’était le septième lancement au profit du programme Starlink, qui entend fournir une liaison Internet dans des régions mal desservies en infrastructures télécoms. En théorie, Starlink lancera son service en 2020. Ce projet suscite toutefois une vive hostilité à cause de la pollution visuelle qu’il occasionne. Plusieurs astronomes reprochent à Elon Musk, le fondateur de SpaceX, de n’en faire qu’à sa tête.
Ce vol est survenu dans une période particulière pour l’entreprise — mais aussi pour tout le secteur aérospatial — du fait de la pandémie de coronavirus. Ces dernières semaines, l’entreprise américaine a dû renoncer à un lancement planifié en mars (un satellite d’observation de la Terre pour le compte de l’Argentine) et un autre qui devait avoir lieu en avril (un satellite GPS pour l’armée américaine).
(mise à jour de l’article avec le succès du vol)
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