Ce « timelapse » montre l’importance des images satellites pour faire avancer notre compréhension de la fonte des glaces. Il apporte aussi une énième preuve de leur disparition progressive.

Quand il est question de l’impact du changement climatique sur la planète, quelques images valent parfois mille mots et mille chiffres. L’agence spatiale américaine a combiné des images satellites récupérées au cours des 48 dernières années, afin d’en publier le 9 décembre 2019 une vidéo montrant, sous forme de timelapse, l’évolution de l’Alaska ces dernières décennies.

Nous devons ce travail au glaciologue Mark Fahnestock, de l’université de l’Alaska-Fairbanks. Il a utilisé les images produites par le programme satellitaire NASA-USGS Landsat. Selon l’agence spatiale, le timelapse « illustre clairement ce qu’il advient des glaciers de l’Alaska dans un climat chaud ». Ce qui signifie, en résumé, qu’ils fondent littéralement à vue d’œil en se déversant bel et bien dans les océans.

Les glaciers se retirent ou montrent des signes de faiblesse

Durant la vidéo, le glaciologue intervient régulièrement en voix off et lors de petites séquences visant à interpréter les images. Il explique notamment que la glaciologie — la science qui s’intéresse à la physique et à la chimie des systèmes glaciaires et périglaciaires — a fait des avancées phénoménales ces dernières décennies. Aujourd’hui, il est possible d’avoir une compréhension historique de la façon dont chaque glacier, selon son lieu et sa composition, réagit au climat global. Nous pouvons observer à quelle vitesse les glaciers fondent ou s’épaississent.

Les images satellitaires permettent donc de mesurer précisément l’évolution des glaciers. Le premier que l’on voit dans le timelapse, nommé Columbia, se portait très bien lors des premières captations en 1972. Puis, dès les années 1980, on peut le voir reculer toujours plus rapidement. En 2019, il a reculé de plus de 20 kilomètres par rapport à 1972.

Concernant le glacier Hubbard, il a plutôt tendance à légèrement avancer… mais une image de 2019 montre qu’il vient de se briser. « Cette brèche est le premier signe de faiblesse du glacier Hubbard en près de 50 ans », confirme la Nasa dans un communiqué. Or, une brèche est le signe du début de la fin. Avant que le glacier Columbia se mette à fondre drastiquement sur 20 km, il a lui aussi subi des brisures similaires.

Au Groenland, les glaciers ont perdu 3 kilomètres en moyenne

Les images satellites sont l’outil le plus précieux pour permettre aux scientifiques d’étudier les glaciers. La doctorante en sciences de l’environnement Michalea King a elle aussi, comme Mark Fahnestock, utilisé le programme NASA-USGS Landsat pour ses recherches. Ces dernières sont axées sur l’évolution, depuis 1985, de plus de 200 structures glaciaires au Groenland. « Ces glaciers déversent plus de glace dans les océans que dans le passé », conclut-elle dans un article publié ce 11 décembre sur le site de son université.

Grâce à la variété des données et des images analysées, elle est en mesure de relever que le retrait progressif des glaciers est un modèle global, qui n’a pas lieu dans une seule région. Cela signifie que la plupart d’entre eux obéissent actuellement au même processus de disparition. En moyenne, ils se sont retirés sur trois kilomètres chacun. Michalea King est aussi en mesure de dater une accélération soudaine de cette fonte à partir de 2000 : depuis lors, ce sont 50 gigatonnes supplémentaires qui se déversent dans les océans par rapport aux données du siècle passé.

Toutes ces images satellites et les conclusions qui en découlent sont une énième preuve que le changement climatique affecte ces parties si essentielles de notre planète que sont les glaciers. Les causes sont multiples. Les incendies de plus en plus fréquents en Amazonie, à cause de la déforestation, aggravent par exemple les choses : le carbone suie causé par les feux empêche la glace de refléter la lumière du soleil, ce qui la fait davantage chauffer et donc fondre. Pourtant, l’espoir est là. Le Protocole de Montréal aurait déjà permis d’empêcher un réchauffement de 3 à 4 degrés dans les régions polaires.

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