L’agence spatiale américaine a officiellement lancé un appel à projets pour que les entreprises américaines lui proposent des atterrisseurs lunaires. Ces derniers serviront à transporter des humains sur la Lune dès 2024, pour la première fois depuis 1972.

Pour sa reconquête de la Lune, la Nasa a déjà dévoilé le logo du « programme Artémis », les 12 projets scientifiques qui seront menés à la surface de notre satellite, et même l’orbite de la future station spatiale. Dorénavant, c’est l’exploration humaine qui se précise : le 30 septembre 2019, l’agence spatiale américaine a ouvert un appel à projets officiel dédié aux atterrisseurs lunaires pouvant transporter des équipages d’astronautes.

Cet appel est destiné au secteur privé. « Dans le but d’accélérer notre retour sur la Lune et de nous préparer pour Mars, nous collaborons avec l’industrie pour rationaliser le processus d’approvisionnement », précise le directeur du programme d’exploration humaine de la Lune. Ce n’est pas une nouveauté, car la Nasa a déjà une série de contrats avec des entreprises, dans le cadre du Commercial Lunar Payload Services dont l’objectif est de sous-traiter les cargos lunaires de transport de charges.

Concept d'atterrisseur lunaire proposé par la société Lockheed Martin. // Source : Lockeed Martin Space

Concept d'atterrisseur lunaire proposé par la société Lockheed Martin.

Source : Lockeed Martin Space

Un mois pour proposer un projet

Deux entreprises seront sélectionnées pour construire et lancer un atterrisseur chacune, afin de faire face à deux missions successives très rapprochées. La première, Artémis 3, est prévue pour 2024 et doit signer le retour des astronautes à la surface lunaire. Auparavant, Artémis 1 ne sera pas une mission habitée et Artémis 2 aura certes des astronautes à son bord mais restera en orbite. Pour Artémis 3, un équipage de deux personnes (un homme et une femme) sera conduit vers la station spatiale orbitale Gateway grâce au vaisseau Orion.

Une fois à bord de la station, les deux astronautes embarqueront pour l’atterrisseur qui les mènera sur la surface lunaire. Ils y resteront une semaine, avant de repartir via le module habitable de l’atterrisseur. Artémis 4, la seconde mission humaine du même gabarit, aura ensuite lieu en 2025.

L’industrie spatiale a très exactement un mois pour envoyer ses propositions officielles, soit l’un des calendriers les plus serrés de l’histoire de la Nasa. L’agence est bien obligée de tenir les délais très courts demandés par le vice-président Mike Pence. Pourtant, le communiqué précise lui-même que la construction de ce type de vaisseaux prend normalement 6 à 8 ans. Mais l’existence d’un tel appel à projets était assez évidente depuis plusieurs mois. La Nasa semble donc confiante.

Et effectivement, de nombreuses entreprises ont pu se préparer en amont. C’est le cas pour Lockheed Martin, dont le projet déjà très précis d’un atterrisseur lunaire a été dévoilé dès avril 2019. L’entreprise affirme que son véhicule pourra être fabriqué dans le délai imparti de 5 ans. Lockheed Martin part avec un avantage : elle peut réutiliser des composants du vaisseau Orion… puisque c’est elle qui l’a construit.

Concept art du projet d'atterrisseur lunaire de la société Lockheed Martin. // Source : Lockheed Martin Space

Concept art du projet d'atterrisseur lunaire de la société Lockheed Martin.

Source : Lockheed Martin Space

Des concessions aux entreprises

La Nasa avait déjà publié deux présollicitations cet été, qui ont débouché sur 1 150 commentaires de la part des entreprises. L’agence en a tenu compte dans son appel final publié fin septembre, en supprimant les conditions qui étaient majoritairement perçues comme des obstacles. Par exemple, le nombre de rapports techniques à remettre est considérablement réduit, pour alléger les entreprises du coût et du temps pris par ces formalités administratives. L’agence a également abandonné la condition que les véhicules soient réutilisables, car les entreprises avaient, là encore, pointé du doigt un coût économique trop élevé.

Une autre concession majeure de la part de la Nasa : la station spatiale Gateway n’est plus un passage obligé pour ces premiers projets d’atterrisseurs lunaires. Dans le communiqué, l’agence réitère sa préférence pour l’utilisation de la station comme avant-poste, mais elle ne veut plus fermer aucune porte à des approches innovantes et alternatives, afin d’atteindre son objectif « par tous les moyens nécessaires » — comme le demande Mike Pence.

Les entreprises américaines ont jusqu’au 1er novembre pour proposer leurs projets. C’est à elles de fixer leur prix. Alors que la Nasa avait demandé un budget d’un milliard de dollars pour les atterrisseurs lunaires, le comité sénatorial des finances publiques a finalement accordé 744 millions de dollars.


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