Des scientifiques proposent d’installer des canons à neige en Antarctique ouest, pour limiter les dégâts de la fonte des glaces. Cette solution ne marcherait que si les émissions de gaz à effet de serre étaient réduites.

Récupérer l’eau de mer, excédentaire à cause de la fonte des glaces, et la rejeter sur la calotte polaire de l’Antarctique avec des canons à neige : cette nouvelle idée pour sauver le continent blanc de la fonte peut prêter à sourire. Elle fait pourtant l’objet d’une étude très sérieuse publiée dans le revue Science Advances le 17 juillet 2019.

La calotte polaire de l’Antarctique est instable : d’autres scientifiques ont montré en mai que les glaciers de l’ouest du continent perdent davantage de glace qu’ils n’en gagnent avec les chutes de neige. « Nous étudions la possibilité de stabiliser les deux glaciers [ndlr : le glacier de l’île du Pin et le glacier de Thwaites] en pompant de l’eau de mer sur la zone critique », écrivent les auteurs de cette nouvelle étude.

Il faudrait 7 400 milliards de tonnes de neige

Ces chercheurs rappellent que ces deux glaciers représentent « actuellement la contribution la plus importante et la plus rapide de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer ». Si elles venaient à fondre entièrement, les glaces qu’ils renferment pourraient élever le niveau des mers de 3 mètres, note l’AFP. Même si les émissions de gaz à effet de serre parvenaient à être limitées, le glacier de l’île du Pin et le glacier de Thwaites pourraient continuer à fondre, craignent les scientifiques.

Pour limiter les dégâts, les scientifiques proposent de stabiliser la calotte polaire de l’Antarctique ouest en déposant à sa surface une neige d’origine artificielle. D’après eux, ce dépôt « imiterait le type de précipitation qui se produit naturellement sur la majeure partie de la calotte ». Afin que les glaciers soient stables, il faudrait 7 400 milliards de tonnes de neige, relève l’AFP. Pour rejeter cette neige, les auteurs concèdent qu’il faudrait une vaste infrastructure (des centaines de canons à neige) ainsi qu’une « quantité d’énergie considérable » (produire par 12 000 éoliennes).

Le glacier de Thwaites. // Source : Wikimedia/CC/Nasa Ice

Le glacier de Thwaites.

Source : Wikimedia/CC/Nasa Ice

Un défi technique aux effets incertains sur l’Antarctique

Les auteurs concluent en nuançant les limites de cette solution pour tenter de stabiliser la situation en Arctique. « Des processus non encore anticipés » pourraient chambouler le scénario dans lequel les canons à neige réussiraient à sauver la calotte polaire de la fonte. Il faudrait surveiller étroitement la zone. Les scientifiques ont cherché à montrer que la solution serait envisageable mais sa mise en œuvre « constituerait un défi technique à de nombreux égards ».

Dans tous les cas, la mesure n’aurait aucun intérêt si elle ne s’accompagne pas d’une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre. Sinon, cette infrastructure ne servirait à rien, d’autant qu’elle risque d’avoir des effets néfastes sur l’Antarctique. C’est un cas de conscience : si nos comportements ne changent pas non plus, la calotte polaire de l’Antarctique en subira aussi les conséquences.

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