Des échantillons d’eau très salée prélevés en Arctique peuvent aider à mieux chercher des traces de vie extraterrestre dans l’espace. Cette eau abrite des bactéries actives, dans des conditions comparables à celles qui pourraient exister sur d’autres planètes.

De l’eau de mer très salée et ancienne pourrait aider à chercher la vie extraterrestre. Des scientifiques de l’université de Washington ont étudié les microbes trouvés dans cette eau arctique : leur présence dans ces conditions extrêmes pourrait aider à mieux comprendre comment la vie pourrait exister sur d’autres planètes.

Les chercheurs ont présenté leurs travaux lors de la conférence AbSciCon (Astrobiology Science Conference) puis dans un communiqué le 11 juillet 2019. « Nous étudions de très vieilles eaux de mer emprisonnées dans le permafrost [ndlr : une zone du sol gelée de façon permanente] pendant 50 000 ans, pour voir comment ces communautés de bactéries ont évolué au fil du temps », explique Zachary Cooper, doctorant en océanographie biologique, qui a pris part aux recherches.

Le site sur lequel on été réalisés les prélèvements. // Source : Zac Cooper/University of Washington (photo recadrée)

Le site sur lequel on été réalisés les prélèvements.

Source : Zac Cooper/University of Washington (photo recadrée)

Des bactéries « florissantes »

Des centaines de communautés bactériennes « florissantes » ont été découvertes en Alaska, dans ce que les scientifiques appellent en anglais des « cryopegs ». Le mot désigne une couche du sol qui fait partie du permafrost mais n’est pas gelée : elle est riche en chlorure de sodium (le sel de table) et peut rester liquide jusqu’à -11°C. La formation des cryopegs est mal connue mais il semblerait que leur apparition soit liée à la dernière période glaciaire (il y a entre 110 000 et 10 000 ans).

L’océan se serait rétracté et la neige aurait commencé à tomber : la saumure restante, très concentrée en sel, aurait été piégée dans le sol gelé. Les particularités de cette couche en font un lieu comparable à des environnements comme la planète Mars, voir d’autres planètes qui seraient encore plus loin du Soleil.

On pourrait spontanément penser que cette couche du sol, dont la teneur en sel peut s’élever à 14 %, n’est pas propice à l’existence d’une vie. Pourtant, les échantillons qui ont été prélevés en 2017 et 2018, puis analysés aujourd’hui, continent bien des bactéries saines et mêmes des virus. « Nous avons été surpris par la densité des communautés bactériennes », poursuit Zachary Cooper.

Une piste pour les recherches sur Mars et Titan

La principale bactérie présente dans les échantillons est appelée « Marinobacter » : comme son nom le laisse deviner, elle est présente dans l’eau de mer. Elle vivait certainement en milieu marin avant d’être piégée dans le permafrost. Le fait qu’elle soit toujours active sur Terre est intéressant pour les recherches d’une possible vie extraterrestre, à la fois sur la planète Mars et la lune Titan.

Mars a peut-être abrité un océan dans son passé. L’environnement sur Titan, l’uns des satellites de Saturne, est principalement composé d’eau gelée. La Nasa a d’ailleurs l’intention d’y envoyer un drone en 2034, pour chercher de potentielles traces de vie. Comprendre comment des bactéries peuvent survivre dans des environnements hostiles sur Terre pourrait permettre de savoir où chercher les traces d’une vie potentielle dans l’espace.

Les lieux de la recherche

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