On connait désormais la liste des villes qui accueilleront les futurs supercalculateurs de « classe mondiale » dont l’Union européenne entend se doter à partir de 2020 pour ne pas laisser le champ libre aux États-Unis et à la Chine dans le secteur ultra-stratégique du calcul de très haute intensité.
En tout, ce sont huit sites qui sont annoncés par la Commission européenne, ce 7 juin 2019. Aucun ne se trouve en France. Les communes retenues sont les suivantes :
- Barcelone (Espagne) ;
- Bissen (Luxembourg) ;
- Bologne (Italie) ;
- Kajaani (Finlande) ;
- Maribor (Slovénie) ;
- Minho (Portugal) ;
- Ostrava (République tchèque) ;
- Sofia (Bulgarie).
Il reste maintenant à répartir les futurs superordinateurs entre les différents sites qui ont été sélectionnés, ce qui devrait donner lieu à une certaine rivalité entre les lauréats.
En effet, seules trois machines sur huit seront de niveau « exaflopique ». Elles seront capables d’exécuter au moins un milliard de milliards de calculs par seconde, là où les cinq autres resteront au seuil « pétaflopique » (à partir d’un million de milliards de calculs par seconde). Cela dit, les trois machines de tête fonctionneront dans un premier temps bien en-dessous du seuil exaflopique.
Au démarrage, les trois machines de tête seront donc « pré-exaflopiques » : elles produiront plus de 150 pétaflops, soit 150 millions de milliards de calculs par seconde, d’ici la fin 2020. Leurs performances devraient ensuite être revues à la hausse d’ici 2023 pour passer le seuil d’après. Quant aux cinq autres, elles délivreront d’abord une capacité de 4 pétaflops, soit 4 millions de milliards d’opérations par seconde.
Cela étant, même au stade pré-exaflopique, le bond en avant sera significatif. Ils « devraient fournir 4 à 5 fois plus de puissance de calcul que les meilleurs systèmes actuels de calcul à haute performance du Partenariat pour le calcul avancé en Europe (PRACE) », commente Bruxelles. Avec les autres, c’est un doublement des ressources de supercalcul en Europe auquel il faut s’attendre.
L’union fait la force
C’est la structure EuroHPC (High Performance Computing) qui est chargée d’encadrer la stratégie européenne dans les supercalculateurs. Elle rassemble la quasi-totalité des vingt-huit pays membres de l’Union (il manque Chypre) ainsi que trois autres pays : la Norvège, la Suisse et la Turquie. Puisque des États n’appartenant pas à l’Union sont de la partie, le Royaume-Uni pourra rester même après le Brexit.
Les supercalculateurs travailleront sur des sujets comme la médecine personnalisée, les prévisions météorologiques, le changement climatique et la bio-ingénierie, mais aussi la conception de médicaments et de matériaux, l’IA et la cybersécurité. Ils demandent de pouvoir abattre d’importants volumes de données, de réaliser des modélisations de pointe et de procéder à des simulations très complexes.
Face aux États-continents que sont les USA et la Chine, les pays européens n’ont d’autre choix que de coopérer, parce que l’acquisition de ces machines coûte extrêmement cher. Si des nations comme la France, l’Allemagne et le Royaume peuvent s’en offrir et se flatter de les placer parmi les installations les plus performantes, c’est une équation plus délicate à résoudre pour d’autres États plus modestes.
C’est « vital pour assurer la compétitivité et l’indépendance de l’Union dans une économie fondée sur les données », prévient Bruxelles. C’est une question d »autonomie stratégique. L’Europe « ne peut pas prendre le risque de voir ses données être traitées ailleurs », ajoute Mariya Gabriel, la commissaire chargée de la politique numérique, parce qu’il faut à la fois protéger la recherche et les données.
C’est, en somme, une question de souveraineté numérique.
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