La pleine Lune est une des phases lunaires, qui correspond au moment lors duquel la Lune est à l’opposé du Soleil. Ce phénomène régulier et banal est souvent associé à des mythes et légendes, sans pour autant que cela ait été vérifié par la science.

La Lune pourrait gagner un concours de surnoms poétiques. Régulièrement, le satellite naturel terrestre est affublé d’expressions curieuses (« Lune des fraises », « Lune rose », « Lune bleue »). Le 29 septembre, la pleine Lune a par exemple été renommée « super Lune des moissons » par la Nasa, sans autre raison que de faire parler d’elle.

En plus d’être dénuées de sens sur le plan scientifique, elles ont souvent un autre point commun : elles servent simplement à décrire la pleine Lune.

Même si la pleine Lune est très jolie à admirer, ce n’est pas un phénomène astronomique très marquant ou spectaculaire, comme peuvent l’être des pluies d’étoiles filantes. La pleine lune revient tous les mois dans le ciel. Notre satellite est visible en entier et il apparait un peu plus brillant. Cet événement astronomique récurrent a pourtant un prétexte à de nombreux mythes et légendes, qui n’ont pas trouvé leur confirmation sur le plan scientifique.

La pleine Lune peut-elle influencer notre humeur ou notre santé ? Perturbe-t-elle notre sommeil ? Peut-elle changer le nombre de naissances ? Ou augmenter le taux de criminalité ? Nous expliquons ici pourquoi ces questions appellent des réponses négatives. Tant pis pour les créatures de nos cauchemars.

La pleine Lune. // Source : Canva
La pleine Lune. // Source : Canva

Qu’est-ce que la pleine Lune ?

Avant d’aller plus loin, il faut commencer par rappeler ce qu’est une pleine Lune. L’astre n’émet pas sa propre lumière, mais renvoie celle du Soleil. Comme sur la Terre, une partie de la Lune est donc éclairée par l’étoile, l’autre étant plongée dans la nuit. Par ailleurs, la Lune présente toujours la même face à notre planète.

Ainsi, lors du passage du jour et de la nuit sur la Lune, nous observons des phases lunaires. La manière dont la face visible de la Lune est éclairée évolue, pendant un cycle qui dure 27 jours environ. La pleine Lune est l’une de ces phases, lors de laquelle toute la face visible de la Lune depuis la Terre est éclairée par le Soleil. Dit plus simplement, on voit la Lune « en entier » (et non pas un croissant, une demi-Lune ou une Lune gibbeuse).

Les phases de la Lune. // Source : NASA/JPL-Caltech
Les phases de la Lune, la pleine Lune est représentée au milieu. // Source : NASA/JPL-Caltech

La pleine Lune influence-t-elle notre humeur ?

« C’est la pleine Lune ? » : invoquer cette explication pour expliquer la mauvaise humeur de quelqu’un n’a aucune validité scientifique. Les études menées sur le sujet n’ont pas mis en évidence de corrélation entre la surface visible du satellite depuis la Terre et notre humeur.

En mai 2017, des chercheurs ont compilé les résultats d’une trentaine d’études portant sur les effets supposés que la Lune aurait sur nous. Les scientifiques qui ont mené ces travaux n’ont pas prouvé que l’astre influence notre humeur. En 2013, un groupe de psychologues s’est intéressé à l’impact des cycles lunaires sur les troubles de l’humeur et les pensées suicidaires. Ils concluent que la Lune est sans effet sur ces éléments. « Ces croyances infondées sont maintenues par des prophéties auto-réalisatrices », énoncent-ils.

La pleine Lune a-t-elle une incidence sur notre sommeil ?

Une autre croyance associée à la pleine Lune concerne notre sommeil. Risquons-nous de dormir moins que d’habitude ou de devenir carrément insomniaques si la Lune n’est pas visible entièrement depuis la Terre ? À nouveau, les études menées sur cette question n’ont pas démontré de façon implacable qu’il existe une corrélation.

En 2013, une étude affirmait qu’il existait un lien entre le cycle lunaire et notre sommeil. Son protocole expérimental portait sur 30 personnes, qui avaient dormi 20 minutes de moins à cause de la pleine lune. L’année suivante, une autre équipe de recherche est venue remettre en doute ces travaux, en critiquant le faible nombre de participants. En étudiant cette fois-ci un panel de plus de 300 personnes, les auteurs n’ont relevé aucune preuve de l’influence de l’astre sur le sommeil.

Trois ans plus tard, une étude s’est attardée sur les effets possibles de la pleine Lune sur le sommeil de plus de 5 000 enfants (âgés de 9 à 11 ans). Ils ont constaté que leur temps de sommeil était environ 5 minutes plus court pendant la pleine Lune que pendant la nouvelle Lune (où l’astre est caché dans notre ombre). Cependant, les auteurs concluent eux-mêmes que cette « différence minime » est à considérer avec précaution et qu’il n’est pas certain qu’elle ait un intérêt sur le plan clinique. Si vous dormez mal tous les mois, ce n’est donc peut-être pas la Lune qu’il faut pointer du doigt.

La pleine Lune influence-t-elle le cycle menstruel ?

La légende selon laquelle la pleine Lune aurait un impact sur le cycle menstruel est bien connue. Pourtant, aucune corrélation n’a été démontrée entre les phases lunaires et les menstruations.

En 1980, une étude parue dans l’American Journal of Obstetrics & Gynecology établissait un lien possible entre ces deux éléments. Le texte ne démontre pas une synchronisation des menstruations avec les phases de la Lune. Il prétend cependant qu’il existerait une tendance observable, selon laquelle les femmes auraient davantage leurs règles entre le premier et le dernier quartier de Lune : sur 68 enquêtées, 47 ont eu leurs menstruations à ce moment-là. Cette méthodologie, qui s’appuie sur un faible nombre de participantes, semble contestable. L’étude regroupait au total 312 participantes : seules 68 d’entres elles avaient un cycle menstruel proche en durée de celui de la Lune (29,5 jours) — soit 21 % du panel total. Les autres 78 % sont exclues des conclusions de l’étude.

Plus récemment, une autre étude a montré qu’il n’existait aucune preuve d’une synchronisation entre le cycle menstruel et les phases lunaires. Il est important de noter qu’elle a été réalisée par une entreprise privée, Clue. Néanmoins, son panel est très large : les analyses reposent sur 7,5 millions de cycles, contenant les dates de règles d’1,5 million d’utilisatrices ou utilisateurs de l’app. Ces éléments ne permettent pas d’affirmer que les règles peuvent se synchroniser avec la nouvelle Lune, comme le laissent parfois entendre d’autres sources.

La durée des cycles menstruels, estimée à 29 jours (ceci n’étant qu’une moyenne), semble donc hâtivement associée à celle d’un cycle lunaire, d’environ 29,5 jours. « Statistiquement, […] environ 1 femme sur 2 verra ses règles commencer entre 3 jours avant ou après la pleine lune ou la nouvelle lune », fait remarquer Clue. La durée d’un cycle menstruel et le jour auquel commencent les règles n’a pas de rapport avec le cycle lunaire.

Y a-t-il plus d’accouchements à la pleine Lune ?

Une légende voudrait que les accouchements soient plus nombreux les jours de pleine Lune que les autres moments de l’année. En 2017, l’Académie américaine de pédiatrie (AAP) s’est penchée sur les naissances enregistrées entre 2013 et 2014 par le National Center for Health and Statistics. Aucun lien n’a pu être observé entre les accouchements et la pleine Lune.

En 1979, des chercheurs ont analysé la répartition des naissances enregistrées dans un hôpital de Los Angeles, en Californie, entre mars 1974 et avril 1978 — 11 691 au total. « Le taux de natalité au cours de la période étudiée n’était en aucune manière corrélé avec le cycle des phases lunaires », affirmaient déjà les auteurs de cette étude.

La criminalité est-elle en hausse à la pleine Lune ?

Le nombre de méfaits commis lors de la pleine Lune serait plus important que d’habitude. À nouveau, il s’agit d’un mythe. En 2010, des chercheurs se sont penchés sur le lien supposé entre des deux éléments. Ils ont étudié les nombres de crimes rapportés durant l’année 2009 dans un hôpital gouvernemental à Surate, en Inde. Il ressort de leur étude qu’il n’existe « aucune différence significative entre les événements criminels pendant les jours de pleine lune et les jours sans pleine lune ». Le taux de criminalité n’a aucun lien avec cette phase lunaire.

En 2018, Wayne Petherick, spécialiste de la criminologie au sein de l’université Bond en Australie, avait fait remarquer ceci : « La seule explication que je vois pour lier la criminologie aux phases de la Lune est un aspect pratique pour les criminels : à la pleine lune, il y a plus de lumière. »

Des humains se transforment-ils en loups-garous à la pleine Lune ?

Est-il nécessaire de le rappeler ? Les loups-garous sont des créatures de légende (ndlr : exactement ce qu’écrirait un loup-garou…). Même si elles sont très réalistes dans certaines fictions, vous ne devriez pas en croiser le soir de la prochaine pleine Lune. Le mythe des « lycanthropes » semble déjà exister dans la mythologie grecque. Une étude publiée en 2003 peut permettre de comprendre la popularité de ce mythe : jusqu’au 20e siècle, les attaques de loups à l’encontre des humains étaient « une caractéristique occasionnelle, mais répandue de la vie en Europe ».

La croyance voudrait que les humains affectés par ce mal se transforment en loups-garous à la pleine Lune. Ils se mettraient alors à marcher sur deux ou quatre pattes et deviendraient particulièrement agressifs au point de ne pas reconnaître leurs victimes. Étonnamment, les textes anciens mentionnant ce mythe ne parlent pas forcément de la pleine Lune comme cause de transformation. Dès lors, elle semble avoir été un ajout au fil du temps pour renforcer l’aspect symbolique du mythe.

Pour résumer, en réalité, la Lune influence notre vie parce que :

  • Elle éclaire la nuit.

Et, c’est déjà bien assez !


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