« La pollution n’est rien d’autre qu’une ressource que nous ne récoltons pas. Nous lui permettons de se disperser, car nous sommes ignorants de sa valeur. » Ces mots de l’architecte Buckminster Fuller ont inspiré la startup Gravity Labs dans la mise au point de leur produit, baptisé Air-Ink.
Plutôt que de laisser les pots d’échappement des véhicules recracher de la pollution qui ne sert à rien — à part souiller l’air ambiant –, un étudiant du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a eu l’idée d’en faire quelque chose. Anirudh Sharma, étudiant et assistant dans le groupe de recherche du MIT consacré aux interfaces entre les fluides, a constaté lors d’un voyage en Inde que la pollution de l’air laissait des traces sur ses vêtements.
Emprisonner les particules
Il s’est alors dit que ces particules de carbone, rejetées lors de la combustion incomplète d’énergies fossiles, pourraient être récupérées avant d’avoir le temps d’arriver dans l’air, puis dans l’organisme d’êtres humains. Après avoir lancé Gravity Labs, il s’est lancé dans la création d’un dispositif baptisé Kaalink. L’objet ressemble à une sorte de canette, permettant de récupérer la pollution émise par le pot d’échappement des véhicules.
Une fois les particules récupérées par l’objet — la startup précise qu’il n’exerce pas de pression sur le pot d’échappement auquel il est fixé –, l’entreprise se sert de la matière obtenue pour faire une encre : Air-Link. Gravity Labs la vend ensuite à des artistes du monde entier.
Pour l’instant, l’entreprise a récolté 1,6 milliard de microgrammes de particules grâce au dispositif Kaalink. Plus de 750 litres d’encre ont été produits afin d’être vendus à des artistes travaillant à Londres, Boston, Hong Kong ou encore Bangalore. Sur sa page Facebook, Gravity Labs expose les œuvres qui ont été réalisées en utilisant Air-Ink.
« Air-Ink rend le concept de pollution tangible »
L’artiste népalaise Sneha Shrestha est l’une des utilisatrices de cette encre. « Air-Ink rend le concept de pollution plus tangible, pour un public plus large. Quand vous pouvez voir ce à quoi l’air pollué ressemble de façon tangible, cela suscite votre curiosité et permet d’entamer des discussions au sujet de la pollution », fait observer l’artiste qui travaille à Boston.
« La pollution de l’air ne connait pas de frontières, complète Anirudh Sharma. Elle est en Inde, à Boston et partout dans le monde. Notre encre renvoie un message : la pollution est l’une des ressources les plus difficiles à récupérer et utiliser. Mais nous pouvons y arriver. »
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