Il ne fait jamais grève, tombe très rarement malade, fait très exactement ce qu'on lui dit de faire, ne demande aucun salaire et ne coûte rien en cotisations sociales. Il ne paie pas non plus sa part de l'assurance chômage, et pourtant pourrait bien participer à la difficulté croissante des hommes à retrouver un travail dans une société où l'automatisation des tâches semble avancer désormais plus vite que la capacité des hommes à se former à de nouveaux emplois non substituables. Son nom : Pepper.
Le très sympathique robot créé par la société d'origine française Aldebaran Robotics a été choisi par Nestlé, qui a décidé d'acheter 1 000 de ces robots humanoïdes pour équiper ses points de vente Nespresso au Japon. Une vingtaine de Pepper seront testés dès la fin de l'année pour communiquer avec les clients et promouvoir les machines à café de la marque, et le reste du contingent sera déployé dans le courant de l'année 2015.
Nestlé n'est pas le premier industriel au Japon à se laisser tenter par les robot-vendeurs. L'opérateur mobile japonais Softbank avait annoncé en juin dernier la mise en vente des robots dans ses boutiques (pour environ 1500 euros HT), et leur déploiement en tant que démonstrateurs pour les produits et services de la marque. Mais Softbank était déjà devenu propriétaire d'Aldebaran qu'il possède désormais à 78 %. Nestlé est donc, dans les faits, le premier industriel à passer commande dans un but d'exploitation.
Pour le moment, il s'agit probablement moins de remplacer les vendeurs humains que d'avoir dans ses boutiques une curiosité supplémentaire, pour attirer le chaland et le convaincre de se laisser tenter par les capsules Nespresso. Néanmoins, les robots humanoïdes ne sont qu'une version évoluée et paradoxalement "humanisée" des distributeurs automatiques, et il serait logique qu'ils finissent à terme par remplacer les humains dont la seule fonction est de servir et encaisser les clients.
Reste à voir si la théorie de la destruction créatrice de Schumpeter fonctionne encore. Beaucoup commencent à en douter sérieusement. Nous aurons l'occasion d'en reparler.
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