Canal+ a interrompu quelques minutes la cérémonie des Césars 2023 après l’intervention d’une militante écologiste. Elle portait un t-shirt où l’on pouvait lire : « 761 days left ».

La cérémonie des Césars 2023 battait son plein, hier soir, vendredi 24 février. Sur scène, on trouvait l’actrice Léa Drucker et l’humoriste Ahmed Sylla, aussi acteur. Le duo s’est toutefois retrouvé soudain pris au dépourvu lorsqu’une jeune femme est montée sur scène, sans dire mot. Son tshirt, au texte noir sur fond blanc, comportait cependant un message : « We have 761 days left » (il nous reste 761 jours).

Cette militante écologiste, prénommée Nina, appartient au collectif Dernière Rénovation. Sur son site, ce dernier se présente comme une « campagne de résistance civile française qui vise à remporter une première victoire concrète sur le plan climatique et social en obtenant rapidement un plan de rénovation thermique des bâtiments à la hauteur de l’urgence ».

La militante écologiste s'appelle Nina et appartient au collectif Dernière Rénovation. // Source : Images Canal+
La militante écologiste s’appelle Nina et appartient au collectif Dernière Rénovation. // Source : Images Canal+

Ce même collectif tient, depuis plusieurs mois, un décompte sur son site et dans ses campagnes. Celui-ci prend sa source dans le 6e rapport du GIEC — groupe scientifique international adossé à l’ONU — qui sonnait une énième fois l’alerte en 2022 : « Sans une réduction immédiate et radicale des émissions dans tous les secteurs, il nous sera impossible de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. » Le rapport ajoutait par ailleurs un délai : les émissions de gaz à effet doivent atteindre leur taux maximal avant 2025 ; et minimum au moins de 43 % avant 2030. L’objectif : ne pas dépasser, ou temporairement seulement, les 1,5 degré Celsius. Ce rapport insistait d’ailleurs sur le fait que, côté solutions, nous disposons déjà « des outils et du savoir-faire nécessaires ».

La mention des « 761 jours restants » correspond en tout cas à la valeur de ce délai au moment de la diffusion de cette cérémonie. Ce principe est de plus en plus présent dans les campagnes d’information sur l’urgence climatique : lors de la COP27, réunion internationale dédiée au climat, les Maldives avaient apporté une horloge affichait, elle aussi, un décompte.

« La campagne emprunte la scène médiatique des Césars »

« La France subit cet hiver 32 jours de sécheresse : ce n’est qu’un avant-goût du monde à +4° que nous prédit le ministre de la Transition Christophe Béchu », explique le collectif Dernière Rénovation sur son compte Twitter. Il se trouve en effet que l’hexagone fait face à une période hivernale anormalement sèche — du jamais vu depuis que ce critère est observé selon Météo-France ; et qui intervient quelques mois après un été historiquement sec.

« La campagne emprunte la scène médiatique des Césars pour faire entendre cet appel à la résistance, partout et par tous », indique Dernière Rénovation.

L’intervention de la militante écologiste, Nina, n’a pas été diffusée bien longtemps à l’antenne, Canal+ ayant très rapidement coupé la diffusion lors d’une pause de cinq minutes. Le service de sécurité l’a alors sortie de scène, avant que la cérémonie reprenne son cours — non sans que la gêne d’Ahmed Sylla et Léa Drucker soit palpable, la réaction du premier ayant d’ailleurs provoqué quelques critiques. « Nous sommes tous concernés par l’écologie, le trac l’adrénaline, le silence de la jeune femme, le direct, je ne savais pas ce pour quoi elle militait », a répondu l’humoriste sur Twitter, un peu plus tard dans la soirée.

La séquence, en tout cas, a suscité énormément de réactions sur les réseaux sociaux, entraînant de nombreux partages de la fameuse image pour contrebalancer l’arrêt de la diffusion par Canal+.

https://twitter.com/SChesnel/status/1629215574696816644

Quant à la portée du geste, peut-être faut-il se remémorer cette phrase d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, à la publication du dernier rapport du GIEC : « Les militants écologistes ont parfois été décrits comme de dangereux extrémistes, mais les vrais dangereux extrémistes sont les pays qui ont continué à augmenter leur production d’énergie fossile. »

Nouveauté : Découvrez

La meilleure expérience de Numerama, sans publicité,
+ riche, + zen, + exclusive.

Découvrez Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.