C’est dans l’actualité : la France, comme d’autres pays européens, fait face à crise énergétique, née d’une conjonction de facteurs. Reprise économique dans le monde après le pic de la pandémie de coronavirus, invasion de l’Ukraine, utilisation du gaz comme arme de rétorsion par la Russie, indisponibilité d’une partie du parc nucléaire français, etc.
Compte tenu des circonstances, le passage de l’hiver sera difficile si des efforts ne sont pas pris pour éviter de mettre le réseau en tension. Pour empêcher un tel scénario, qui risque davantage de survenir si les températures chutent brutalement, des mesures doivent être prises pour abaisser la consommation électrique. En éteignant des appareils la nuit, par exemple.
Pour se préparer aux mois hivernaux, il faut donc s’organiser maintenant. C’est le sens d’un arrêté pris le 22 septembre 2022 par le gouvernement, et dont l’UFC-Que Choisir s’est fait l’écho le 3 octobre. Ce texte demande aux gestionnaires des réseaux publics de distribution d’électricité et aux fournisseurs d’électricité de reporter certaines consommations plus tard en journée.
La disposition vise le fonctionnement du ballon d’eau chaude, lorsque celui-ci appartient à une personne ayant souscrit une offre « heures pleines-heures creuses » (HP/HC). Ce mécanisme sert à inciter les particuliers à placer sur des plages horaires avantageuses, définies à l’avance, les consommations électriques importantes (comme faire tourner une machine à laver).
Or, il s’avère que certaines heures creuses (c’est-à-dire les plages horaires les plus avantageuses) sont placées sur la tranche 12h-14h, c’est-à-dire la plage méridienne. Ce n’est évidemment pas idéal : cette période est aussi une tranche horaire où la consommation électrique augmente — parce qu’il y a la pause déjeuner et l’utilisation d’appareils de cuisson.
La stratégie de cet arrêté consiste à décaler la charge du ballon d’eau chaude hors du créneau 12-14h, uniquement dans le cas des particuliers qui sont avec une offre HP/HC. Si vous n’avez pas une telle formule, ce dispositif ne vous concerne pas. Même chose si vous ne possédez pas de chauffe-eau électrique. Et, pour les autres, encore faut-il être sur le créneau méridien.
En clair, cela vous concerne si vous cumulez ces 3 situations :
- vous êtes client avec une offre HP/HC ;
- vous avez un chauffe-eau électrique ;
- vous avez un créneau HC sur la plage méridienne (12h-14h).
Est-ce que ça veut dire que je n’ai plus d’eau chaude ? Que je n’ai plus d’heures creuses ?
Le sujet ayant pris une ampleur inattendue sur les réseaux sociaux, le compte officiel de Réseau de transport d’électricité (RTE) sur Twitter a écrit un message pour expliquer qu’il ne s’agit pas de couper l’eau chaude. Il s’agit d’activer le chauffe-eau à un horaire plus propice, moins stressant pour le réseau électrique. Il n’a juste plus accès à une fenêtre de 2 heures sur le midi.
« Jusqu’au 15 avril 2023, l’eau des ballons d’eau chaude ne sera plus chauffée de 12h à 14h, mais les consommateurs auront toujours de l’eau chaude toute la journée car les chauffe-eaux seront actionnés au moins 6h par jour, principalement la nuit », écrit RTE. Si vous avez une plage méridienne en HC longue, qui déborde du créneau 12h-14h, la charge se fera donc avant et après.
Les heures creuses associées à votre contrat d’électricité ne changent pas. Elles existent toujours et restent aux emplacements habituels, y compris si vous avez un créneau sur le midi (12h-14h). Leur utilisation est comptabilisée comme d’habitude, au prix normal. « Le principe d’heures creuses reste effectif pour le reste de la consommation électrique », confirme RTE.
Les gains sont potentiellement très importants. RTE évalue qu’un tel décalage avant ou après la plage méridienne fait économiser jusqu’à 2,5 gigawatts à 13 heures, « soit l’équivalent de la consommation de Paris ». Ce report aide ainsi à franchir les pics de consommation, tout en réduisant le risque de déclencher une alerte sur le réseau, parce qu’il est ponctuellement trop sollicité.
L’intervention de RTE sur Twitter fait suite à des messages manifestant une crainte de ne plus avoir d’eau chaude. D’autres, plus polémiques, ou témoignant d’une incompréhension du sujet, considèrent cet arrêté comme le signe d’une nouvelle dérive causée par le Linky, le compteur communicant, qui est régulièrement l’objet de controverses et de diverses allégations.
Dans les faits, le Linky n’est pas responsable. C’est pareil, y compris dans le cas de compteurs plus anciens. C’est ce que montrent les explications d’un électricien sur Twitter, Anthony Désert, mais également du consultant spécialiste de l’énergie Nicolas Goldberg sur LinkedIn. Tout se joue au niveau d’un petit contact normalement ouvert, qui se ferme aux heures creuses. Cela existait bien avant le Linky.
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