« Nos résultats soulignent l’urgence de limiter le réchauffement climatique à moins de 1,5℃, afin d’éviter les dommages climatiques les plus catastrophiques », alertent les auteurs d’une nouvelle étude publiée le 2 août 2022 dans Nature Climate Change. Ces travaux, commentés dans The Conversation, signalent plus spécifiquement le réchauffement des eaux autour de l’inlandsis Est-Antarctique, le plus grand glacier de la planète — soit quasiment la taille des États-Unis.
Il est déjà connu et acté que le changement climatique a un impact sur les eaux de la planète. La montée des mers fait partie de ces conséquences référencées, tout comme l’acidification des océans. Mais s’ajoute à cela le fait que leur température augmente et que leur circulation change en menant des eaux chaudes en des régions où elles n’ont rien à faire là.
C’est justement ce que ces climatologues ont cherché à quantifier dans l’Antarctique oriental, découvrant alors que ce glacier, pourtant considéré comme l’un des plus stables jusqu’à présent, se trouve menacé comme beaucoup d’autres.
0,3 à 0,9 degré en plus par décennie depuis 1990
Les auteurs ont étudié pas moins de 90 ans d’observations océanographiques sur la région en question. Ils décrivent le réchauffement comme étant « sans équivoque ». Dans les eaux de l’Antarctique austral, le taux d’augmentation des températures est évalué à 0,1 à 0,4 degré en plus par décennie, durant la première moitié du 20e siècle, puis la tendance s’est emballée. Durant les années 1990, le taux de réchauffement est passé à 0,3 à 0,9 degré par décennie jusqu’à aujourd’hui.
Le phénomène est assez clairement lié au changement climatique, mais pas de la façon la plus instinctive. Ce n’est pas parce que la planète se réchauffe que les eaux de ce bassin se réchauffent. La raison est à trouver dans le dérèglement du climat à proprement parler :
- L’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère participe à des modifications dans le sens du vent, amenant les vents d’Ouest vers l’Antarctique en été ;
- Les vents d’Ouest apportent avec eux les eaux chaudes.
Quel effet sur le glacier ?
Là où l’Ouest de l’Antarctique est connu pour être menacé avec des taux de fonte alarmants, l’inlandsis Est-Antarctique semblait être préservé, pour l’instant, des effets du réchauffement, grâce aux eaux très froides — des calottes glaciaires avec une eau gelée dense — qui le ceinturent. Mais ces travaux montrent que cette préservation pourrait ne pas durer encore bien longtemps si la tendance continue à s’emballer.
« Une partie de notre recherche s’est concentrée sur le glacier Vanderford en Antarctique de l’Est. Là, nous avons observé l’eau chaude qui remplace l’eau froide du plateau dense », relatent-ils. Or, comme les auteurs l’indiquent, le mouvement des eaux chaudes vers la région est censé s’intensifier au fil du 21e siècle — en lien avec le changement climatique.
Si la stabilité du glacier venait à être atteinte par ce phénomène, et qu’il commençait à fondre, les conséquences seraient bien évidemment problématiques. « Les eaux plus chaudes et l’élévation du niveau de la mer qui en résultent peuvent endommager la vie marine et menacer les établissements humains côtiers », alertent les auteurs.
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