On va de record climatique en record climatique et ce n’est pas une bonne nouvelle. L’océan a subit en 2019 la plus haute chaleur jamais enregistrée. Dans les pôles gelés de la planète, les températures augmentent aussi. Résultat de cette conjonction : la fonte des glaces. C’est en Antarctique, pourtant, que l’on retrouve le climat terrestre le plus froid : −57 degrés en moyenne, et les températures les plus douces de cette région se situent entre −28 et −3 degrés au mois de janvier.
Pourtant, ce mois de février 2020, l’Antarctique a connu une vague de chaleur anormale, jusqu’à atteindre le jeudi 6 février la plus haute température jamais enregistrée : 18,4 degrés. Précisions au passage que le chiffre de plus de 20 degrés qui a été diffusé dans la deuxième partie du mois est faux car il n’a pas été homologué — il n’apparaît pas parmi les chiffres officiellement enregistrés. Ce détail ne change toutefois rien au record (le dernier était de 17,5 degrés, en 2015) et à ce que cela implique.
10,6 centimètres de neige ont fondu
La vague de chaleur a duré autour d’une semaine. Le lendemain du record, on enregistrait encore entre 6,1 et 12,3 degrés, bien loin de la tranche douce habituelle comprise entre −28 et −3 degrés. Mais là où les chiffres ne sont pas toujours parlants, les images le sont. Grâce aux données du satellite Landsat-3, la Nasa a dévoilé des clichés de cette vague de chaleur. Ils montrent une partie appelée Eagle Island, ci-dessous. À gauche, une image datée du 4 février 2020. À droite, on est quelques jours plus tard, le 13 février.
Les scientifiques ayant traité ces images pour la Nasa expliquent que, si ce type de fonte rapide est relativement courant au Groenland et en Alaska, ce n’est pas du tout le cas en Antarctique. « Je n’ai jamais des lacs fondre aussi vite en Antarctique », s’inquiète le glaciologue Mauri Pelto. La Nasa indique que 20 % de l’« accumulation saisonnière de neige de la région à fondu lors de ce seul événement à Eagle Island ». Le manteau de neige a fondu de 10,6 centimètres entre le 6 et le 11 février, et ce sont au total 1,5 kilomètre carré du manteau neigeux qui se sont saturés en eau de fonte.
Les causes de cet épisode anormal ? La météo, tout d’abord, à cause de vents secs venus de l’Ouest. Le changement climatique et le réchauffement qu’il implique n’y est pas non plus pour rien : des températures qui se maintiennent trop longuement au-delà du seuil de glaciation auraient aussi, selon la Nasa, aggravé cette vague de chaleur. Le glaciologue Mauri Pelto insiste pour rappeler que l’important est moins cet épisode pris de manière isolée, que la répétition de ces vagues de chaleur, dont la fréquence ne fait qu’augmenter.
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