Universciné a ouvert une plateforme dédiée à la SVOD le 22 septembre 2020. Que vaut le service, après quelques jours d’utilisation ?

Universciné est le petit dernier à se lancer dans le segment déjà très concurrentiel des services de vidéo à la demande par abonnement (SVOD). Proposant un abonnement mensuel à 6,99 euros (avec sept jours d’essai) ou une formule annuelle à 69,99 euros (et deux mois gratuits), l’offre s’aligne peu ou prou sur des tarifs que l’on retrouve ailleurs, chez Disney+, Netflix ou Amazon Prime Video.

Mais la comparaison pourrait bien s’arrêter là. Car si des éléments d’ergonomie rappellent les autres plateformes de vidéo, on le verra plus tard, c’est au niveau du catalogue que l’écart est le plus prononcé. Il s’adresse en effet à un public de cinéphiles avertis, avec une offre assez éloignée du grand spectacle auquel l’industrie cinématographique nous a habitués au fil des ans. Sur Universciné, le cinéma se veut plus intellectuel.

Universciné catalogue

Un aperçu du catalogue.

Il ne s’agit nullement d’une critique à l’égard de l’un ou l’autre. Comme l’a très bien formulé le critique Serge Daney, le cinéma ne marche bien que sur ses deux jambes : l’une « absolument populaire, basique, triviale, imaginaire », l’autre « cultivée, compliquée, philosophique, élitaire ». Et, ajoutait-il, « par chance, il se trouve que le cinéma était né dès le début sur deux jambes ».

Il faut donc savoir où vous mettez les pieds en vous rendant sur Universciné et sur quelle jambe vous allez vous retrouver. Cela, même s’il y a bien sûr quelques films d’action, comme The Raid, Terminator ou Scream 4, en fouillant un peu les pages du site, et toute une rubrique dédiée aux nanards — oui, oui — avec des propositions prometteuses nommées Bébé Vampire, Clash Commando et La Fiancée de la Jungle.

Quoiqu’il en soit, cela ne plaira pas à tout le monde, en tout cas pas aux personnes qui ont été sur-biberonnées aux productions hollywoodiennes, mais la plateforme peut s’avérer un excellent complément aux autres sites de SVOD, qui peuvent avoir tendance à proposer plus ou moins le même cinéma. Par contre, si vous cherchez des séries TV, passez votre chemin : c’est Universciné ici, par Universsérie.

Qu’est-ce que donne Universciné en SVOD ?

Alors, donc, que peut-on dire d’Universciné après quelques jours d’essai ?

En termes de mise en page, Universciné se rapproche de la concurrence, les œuvres étant disposées en forme de grille, avec pour chaque ligne une thématique donnée : derniers ajouts, ils font vibrer nos cœurs, indés US, cinéma français, comédies, cultes, classiques, versions restaurées, quête de sens, LGBTQ+, kids, etc.. Pour en voir davantage sans quitter la page, une barre de défilement horizontal est à disposition. En tout, on compte 17 lignes, plus une pour les œuvres que vous avez commencé à regarder.

Cette dernière fonctionnalité permet, vous l’avez compris, de reprendre la lecture là où vous avez coupé le film en cours de route, ce qui est fort pratique pour éviter d’avoir à chercher sur la piste de lecture l’emplacement approximatif de la dernière scène visionnée. Par contre, le site ne propose pas d’option, comme une croix, qui servirait à zapper un film dont on sait qu’on n’ira pas au bout, même avec la meilleure volonté du monde.

Ce n’est pas le seul aspect un peu déroutant en termes d’expérience utilisateur. Quand on sélectionne un film sur Universciné et que l’on clique sur le bouton « Voir le film », celui-ci ne se lance pas immédiatement, alors qu’un démarrage automatique serait justifié. Il faut donc re-cliquer sur lecture, cette fois sur le bouton dédié du lecteur. Cela n’est ni un effort insurmontable ni si grave que cela, mais cela conférerait du confort en plus. Cependant, on devine que cela permet à Universciné d’afficher entre les deux actions la fiche du film pour renseigner l’internaute.

Petit écran Universciné A Touch Of Sin

Rassurez-vous : le plein écran est tout à fait disponible.

Autre choix assez déstabilisant : le lecteur s’affiche dans une fenêtre réduite dans le navigateur web, au lieu de prendre toute la place disponible ou, du moins, une place plus importante à l’écran. C’est très différent des autres sites de SVOD, où les dimensions de l’encadré dédié à la vidéo prennent plus ou moins toute la place disponible. Par contre, il est tout à fait possible de basculer en plein écran. À l’heure où les moniteurs affichent des résolutions et des dimensions conséquentes, on trouve frustrant de ne pas profiter des zones vides du site.

Concernant les options du lecteur, elles sont réduites à l’essentiel : lecture et pause, réglage du volume et plein écran . Le mode Picture in Picture (qui permet d’insérer une vidéo dans une fenêtre réduite sur le côté et toujours au premier plan, même si vous lancez une autre application ou que vous regardez une autre page web) fonctionne sans souci, à condition d’avoir un navigateur compatible — ici, on a parcouru Universciné en utilisant Firefox.

Ces options s’enrichissent toutefois lorsque les films incluent la possibilité de choisir les sous-titres ou le doublage, mais ce n’est pas systématique, et seuls la langue originale et le français sont gérés (alors que l’on peut accéder à d’autres langues, par exemple sur Netflix). Pour Scream 4, on peut choisir entre le doublage français et le sous-titrage français. Idem pour Raging Bull. Mais pour Fish Tank (un film anglais), The Assassin (film taïwanais) ou Touch of Sin (film chinois), il faudra composer avec la VOST.

Contrairement à la concurrence, il n’y a pas de fonctionnalité pour avancer ou reculer la diffusion de 5 ou 10 secondes, ou bien pour afficher des indications assez détaillées sur ce que l’on regarde (comme le x-ray d’Amazon Prime Video). Des informations sont certes disponibles, mais sur la page présentant le film (cinéaste, casting, langues, origine, durée, année de production, date de sortie en salle, catégories du film…), et non pas pendant le visionnage.

On trouve en revanche l’inévitable wishlist, pour se mettre de côté les films que l’on veut voir à l’occasion. Sans surprise, la fonctionnalité est matérialisée par un cœur et la liste des œuvres mises de côté se retrouve via l’icône située en haut à droite du site, avec un petit compteur. Une indication bienvenue serait celle indiquant si une œuvre sera bientôt retirée du catalogue, du fait de l’expiration d’une licence, ce qui aurait l’avantage de prioriser les visionnages. On la trouve sur MyCanal par exemple.

Forty Shades of Blue critiques et avis

La fiche du film donne quelques indications générales, mais aussi peut contenir des critiques professionnelles et des avis du public. Des suggestions pour vous inciter à découvrir d’autres films sont aussi affichées.

Toujours sur les pages consacrées à la présentation des films, on trouve des suggestions d’autres longs métrages (« On vous recommande » et « Vous pourriez aimer aussi »), mais aussi des critiques de presse. Parmi les grands titres que nous avons croisés figurent Le Monde, Télérama, Première, Les Inrocks, Le Parisien, Paris Match, Les Cahiers du cinéma, Elle, Libération, Studio Ciné Live, À voir à lire, Écran Large, L’Express et  Critikart. Il vous est permis vous aussi de laisser votre appréciation, ainsi qu’une note. Enfin, des articles qui ont été par Universciné peuvent être proposés.

Et concernant la qualité du service lui-même, alors ?

Nous avons pu visionner quatre films avant de rédiger ce compte-rendu : The Assassin, Raging Bull, Taxi Téhéran et Dolls. Nous n’avons pas rencontré de bug spécifique ou de défaillance lors de la lecture de chacun de ces longs-métrages. La diffusion était fluide, y compris le jour du lancement, même si parfois le démarrage semblait poussif, malgré la disponibilité d’une connexion en fibre optique.

Nous avons toutefois rencontré deux pépins : le premier, le soir du lancement du service, le 22 septembre : le lecteur ne s’est pas chargé pour The Assassin, malgré un long temps d’attente. Cependant, une simple relance du navigateur a résolu le souci. Par contre, concernant un cinquième film qui nous tentait, Hara-Kiri, nous avons des successions d’erreurs 403, qu’importe le jour ou le moment de la journée.

La raison, nous ne l’avons connue que plus tard : le film est en fait en cours d’acquisition. On peut toutefois s’interroger de la pertinence de maintenir le film dans le catalogue s’il n’est pas vraiment disponible dans l’immédiat. Toutefois, Universciné semble avoir pris la décision entretemps de le retirer purement et simplement des résultats de la recherche et, donc, du catalogue, puisque nous ne sommes plus en mesure de mettre la main dessus.

Universciné Hara-kiri en cours d’acquisition

On aurait bien voulu voir Hara-Kiri, mais il s’avère que le film n’était en fait pas disponible.

Concernant le téléchargement des œuvres, nous n’avons pas pu le mettre en œuvre avec Firefox — sans doute parce que nous employons des add-ons qui neutralisent certains comportements de sites web. En passant sur Microsoft Edge, le site demande en effet l’utilisation d’un lecteur dédié, dont l’installeur pèse 60 Mo. Il s’agit manifestement d’un logiciel visant à gérer les droits numériques et éviter entre autres que les films restent lisibles sur le PC alors que vous venez de vous désabonner.

Universciné est aussi disponible sur mobile. Nous n’avons parcouru le service qu’avec l’application Android et elle offre une expérience utilisateur assez similaire à ce que l’on a pu voir sur ordinateur. Ici, le téléchargement est moins difficile, puisque tout passe via le programme dédié. La vitesse de récupération d’un film dépendra de sa taille, mais aussi de la qualité de votre liaison sans fil (4G, Wi-Fi).

Alors, Universciné vaut-il le coup ? Une chose est sûre, la proposition cinématographique est très différente de ce que l’on a l’habitude de voir. L’offre est plus exigeante, peut-être plus élitiste, en tout cas moins commune. De fait, elle nous paraît occuper un segment très intéressant, qui complèterait bien un autre abonnement SVOD à un poids lourd du secteur, avec son cinéma de divertissement.

Universciné est sans doute un pari à faire. Mais un pari que l’on tenter sans trop de risque grâce aux périodes d’essai.

Source : Montage Numerama

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