Après sept saisons, les Agents du SHIELD de Marvel ont mis fin à leur aventure ce mercredi 12 août après un series finale de deux heures. Si les audiences n’ont jamais été amplement au rendez-vous, la série a tout de même poursuivi une longue route toutes ces années, en développant de nombreux arcs au sein de l’univers étendu. L’attachante équipe de Phil Coulson est toutefois restée relativement discrète au sein de cet univers, et c’est bien dommage : les Agents du SHIELD est une série Marvel bien trop sous-cotée. Alors, profitons de ce point final pour lui rendre hommage.
Les choses n’avaient certes pas forcément commencé de façon exemplaire. Lors de la première saison, chaque épisode mettait en scène une « affaire », liée à une relique à protéger contre Hydra. La série ressemblait presque à une série policière dans sa structure procédurière, ce qui n’est pas forcément ce qu’on attend d’une série Marvel. Une première évolution s’est opérée en fin de saison, lorsqu’un « gentil » s’est finalement révélé être finalement un bad guy.
À partir de là, Les Agents du SHIELD ont embrayé sur deux autres saisons qui s’émancipent progressivement de la narration redondante de la première. Les Inhumains, ingrédient Marvel très inexploité au cinéma (et complètement gâché dans un spin-off catastrophique), jouent un rôle important. Les récits sont agréables à suivre, divertissants, mais jusque là, les arcs restent encore assez souvent oubliables.
À cette époque de la série, Les Agents du SHIELD repose entièrement sur ses personnages : ils sont attachants ! C’est pour eux que les fans restent, avant toute chose. Par réelle affection envers Coulson, Daisy, May, Mack, Yoyo, ou encore le couple de scientifiques Fitz-Simmons et le couple badass Bobbi-Hunter. Cela dit, même sur cet aspect, cela restait encore assez superficiel. Pendant ces trois premières saisons, Les Agents du SHIELD est donc une série correcte quand on aime les comics, mais qui ne décollait pas. Puis il y a eu une transition soudaine ; une nouvelle ère.
Plongée dans un contre-univers virtuel
C’est en 2016 que les Agents du SHIELD révèlent leur véritable potentiel, au cours de la quatrième saison. Celle-ci commence en introduisant un récit surnaturel autour du Ghost Rider puis, pas à pas, un autre récit, davantage technologique, prend le relais : la Charpente, sorte de contre-univers virtuel où Hydra est au pouvoir. Le scénario est intelligent, forgé d’une multitude de ressorts humains et scientifiques captivants. Là, oui, on attend l’épisode suivant avec une réelle impatience. Les motivations et ambitions autour de la Charpente sont bien écrites et documentées, tant et si bien qu’indépendamment du fait d’être une oeuvre Marvel, c’est aussi un excellent polar SF en soi sur le transhumanisme et la robotique.
C’est aussi lors de cette saison 4 que Les Agents du SHIELD épouse pleinement ce qui fait tout le plaisir de regarder cette série : les personnages et l’esprit d’équipe qui les entoure. Ce contre-univers virtuel qu’est la Charpente, où certains ne se souviennent pas ce qu’ils étaient avant d’y être téléchargés, met les personnalités individuelles et les relations à l’épreuve. Il en ressort alors une équipe d’autant plus forte, soudée, aux visages complexes : à partir de là, les agents du SHIELD sont une vraie famille et les fans ne peuvent avoir que de la tendresse pour cette équipe. On porte autant notre intérêt vers tel ou tel personnage qu’envers l’équipe en tant qu’entité humaine complète.
L’arc de la Charpente reste le meilleur de la toute la série, mais une fois terminé, le nouveau souffle se poursuit. Les récits sont captivants et on est réellement impliqué dans ce qui advient. Les scénaristes, comme prêts enfin à se lâcher, n’hésitent pas à nous projeter loin dans le futur d’une Terre détruite, à nous emmener rencontrer des extraterrestres à l’autre bout de la galaxie et à introduire des mondes parallèles. Des protagonistes jusqu’alors très stables sont confrontés à des contradictions et à plus de complexité. De nouvelles têtes débarquent. Des sujets réellement intéressants sont inscrits en creux dans les scénarios.
En résumé, la série s’enrichit, se complexifie, et c’est là qu’elle devient marquante pour ses fans, tout en s’assumant comme une bouffée d’air frais, une bulle super-héroïque dans le quotidien.
Que vaut la saison finale ?
La saison 7, chapitre final, nous est offerte comme la cerise sur la gâteau, pour vivre « une dernière aventure », mais cherche encore à aller un peu plus loin, à se réinventer en renouvelant sa structure narrative. Les agents sont propulsés dans le passé et doivent sauvegarder le cours des événements impliquant le SHIELD et Hydra, décennie après décennie — un bon moyen d’enchaîner les rencontres et références de l’univers Marvel pour clore la série. Cela apparaît presque comme un pied de nez face au fait que l’existence de ces agents soit rarement évoquée : « notre équipe est discrète, oui, mais essentielle », en somme.
L’équipe et l’excellente bulle super-héroïque qu’elle nous offrait depuis la saison 4 vont nous manquer, mais il n’y a rien de mieux qu’une vraie fin. Clark Gregg met au passage un terme à 12 ans d’interprétation de l’agent Coulson, dans les films — Avengers, Captain Marvel — jusqu’à la série.
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