Charlie Brooker, le créateur de la série d’anticipation Black Mirror, n’exclut pas de remasteriser d’anciens épisodes pour les diffuser en réalité virtuelle. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Après plusieurs années d’existence, la série d’anticipation british Black Mirror continue de se distinguer sur la scène critique : son épisode Bandersnatch est nommé aux Emmy Awards 2019 dans les catégorise du Meilleur téléfilm et du Meilleur programme interactif scripté. L’épisode avait pour originalité d’employer un système de choix avec plus de 10 fins alternatives. Charlie Brooker a envisagé, ce 16 juillet, d’aller encore plus loin, en utilisant la réalité virtuelle.

Bandersnatch était une expérience créative de la part de l’équipe de Black Mirror, mais aussi un test de format aux yeux de Netflix : le service SVOD voulait faire une de ses premières expérimentations d’un épisode de série « dont vous êtes le héros », avant de réemployer l’idée pour You vs. Wild. D’autres projets similaires sont dans les cartons.

L'épisode « Bandersnatch » était interactif. // Source : Netflix

L'épisode « Bandersnatch » était interactif.

Source : Netflix

Une idée contraire au concept de Black Mirror ?

Le magazine américain Deadline a rapporté que Charlie Brooker n’était pas contre l’idée de continuer son exploration des formes innovantes de narration. Non seulement il espère que l’interactivité devienne un nouveau genre à part entière, mais il n’exclut pas d’utiliser la réalité virtuelle dans Black Mirror : « En fait, j’ai une idée pour remasteriser Bandersnatch en VR, ce qui pourrait être fait très facilement. »

Pour l’instant, ce n’est qu’une hypothèse. Cela pourrait ne jamais advenir, d’autant qu’on ne sait pas ce qu’en pense Netflix : pour Bandersnatch, c’était la plateforme qui avait convaincu Charlie  Brooker ; mais là, ce sera probablement à ce dernier de convaincre Netflix.

En tout cas, il est difficile de passer à côté de l’ironie de la situation : au fil de cinq saisons, Black Mirror s’est efforcée de nous montrer de manière cauchemardesque tout ce que les technologies peuvent apporter de pire lorsque nous nous y immergeons trop. Plusieurs épisodes n’ont justement pas manqué d’évoquer la réalité virtuelle, ne serait-ce que dans la dernière saison. L’épisode Striking Vipers, avec Anthony Mackie, explore les liens potentiels entre sexualité et VR ; les ambiguïtés que peuvent apporter une immersion prolongée en VR et les choix que nous pourrions y faire.

À trop vouloir se distinguer y compris dans sa forme de diffusion, la série d’anticipation ne risquerait-t-elle pas de perdre son identité, voire de devenir ce qu’elle dénonce ? Cette critique commençait déjà à émerger chez certains téléspectateurs pour Bandersnatch.

Anthony Mackie dans l'épisode « Striking Vipers ». // Source : Netflix

Anthony Mackie dans l'épisode « Striking Vipers ».

Source : Netflix

Au-delà de ce risque pour la cohérence du concept, un obstacle technique se pose. La réalité virtuelle est très loin d’être entrée dans les mœurs. Les casques de bonne qualité ne sont pas accessibles à tous les porte-monnaies. Non seulement la pratique elle-même ne semble pas prendre pour l’instant, mais la technologie n’est pas encore au point. Beaucoup de personnes éprouvent de la nausée après quelques minutes, alors tout un épisode ?

L’idée de Charlie Brooker de remasteriser d’anciens épisodes avec une technique de diffusion différente apparaît presque comme le chant du cygne de Black Mirror. Si le concept était efficace et pertinent au début, il semble progressivement tourner au rond. La saison 5 n’est pas catastrophique, elle a des aspects très réussis, mais elle a beaucoup plus divisé et déçu que les précédentes.

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