La société de ventes aux enchères Christie’s a réalisé la vente d’une œuvre « peinte » par une intelligence artificielle. Le portrait d’Edmond Belamy a été vendu pour 432 500 dollars. L’IA à l’origine de la peinture a été mise au point à Paris.

Le portrait d’Edmond Belamy vient d’être vendu pour la somme de 432 500 dollars par la société de vente aux enchères Christie’s à New York. En bas de la toile, dans le recoin droit du tableau, une formule mathématique tient lieu de signature : ce n’est pas une erreur, car l’auteur de cet ouvrage est une intelligence artificielle.

Comme l’explique Christie’s sur son site, la valeur du tableau était estimée lors d’une vente aux enchères réalisée entre le 23 et le 25 octobre 2018. Ce portrait fait partie d’une série d’œuvres réalisées par Obvious, un collectif d’artistes et de chercheurs spécialisés dans l’intelligence artificielle installé à Paris.

Sur le site du collectif, on peut voir que l’œuvre était au départ estimée entre 7 000 et 10 000 euros (soit entre 8 000 et 11 000 dollars). Le montant final de la vente aux enchères a visiblement dépassé les espérances d’Obvious.

Le portrait d'Edmond Belamy a été vendu à plus de 400 000 dollars. // Source : Christie's

Le portrait d'Edmond Belamy a été vendu à plus de 400 000 dollars.

Source : Christie's

Un programme en 2 étapes

La toile complète un ensemble de portraits d’une famille fictive, les Belamy, composés par le même algorithme. Hugo Caselles-Dupré, Pierre Fautrel et Gauthier Vernier du collectif Obvious ont utilisé le procédé GAN, acronyme de « generative adversarial network ». Il n’est pas nouveau, puisque la technologie a été inventée en 2014 par le chercheur en apprentissage automatique Ian Goodfellow.

Ce programme est décomposé en deux étapes, correspondant à un générateur et à un discriminateur. Pour entraîner l’intelligence artificielle, une base de données contenant 15 000 portraits peints entre le 14e et le 20e siècle a été utilisée. « Le générateur crée une nouvelle image en s’appuyant sur cette base, puis le discriminateur tente de repérer la différence entre une image créée par l’humain et une autre créée par le générateur », explique Hugo Casselles-Dupré dans le communiqué de Christie’s.

Les algorithmes sont-ils capables d’imiter la créativité humaine ?

Le procédé consiste ainsi à tenter de duper le discriminateur, en lui faisant croire que les images générées par le générateur sont réelles. C’est ainsi que la technologie est parvenue à créer son propre tableau. Obvious avait d’abord envisagé la possibilité de créer des paysages ou des nus, avant de décider que l’art du portrait illustrerait davantage son ambition : montrer que « les algorithmes sont capables d’imiter la créativité » (sous-entendu, humaine).

Les intelligences artificielles font de plus en plus d’incursions dans le domaine artistique : l’an dernier, une autre IA baptisée Vincent a appris à « peindre » des œuvres dignes d’un Picasso à partir de simples croquis. Google s’est aussi emparé de la technologie plus récemment, pour dire aux utilisateurs de Google Arts & Culture à quel portrait ils ressemblent.


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