Lego est aujourd’hui devenu un véritable empire sur le marché des jouets. Et il ne s’adresse plus seulement à des enfants qui souhaitent solliciter leur imagination pour créer tout et n’importe quoi, mais aussi à des adultes biberonnés à des œuvres cultes de la pop culture. La firme danoise a compris qu’il y avait une cible prête à dépenser des fortunes dans des sets à l’effigie de Star Wars, Batman, et autres. C’est ainsi qu’en 2025, on se retrouve avec une reproduction de l’Étoile de la Mort à 1 000 €.
Qu’est-ce qui peut justifier un tel prix pour un assemblage de morceaux de plastiques ? L’inventaire de pièces déjà, puisque les puristes vous diront qu’à 10 centimes la pièce, le set est à un bon prix. L’Étoile de la Mort en comporte très exactement 9 023, ce qui n’est même pas le record, mais la positionne bien d’un point de vue de la grille tarifaire. À cela s’ajoute le casting de figurines et, là, c’est un record. Il y en a 38, certes avec des doublons (trois versions de Luke Skywalker, mais un seul Dark Vador). Enfin, il y a le poids de la marque Star Wars et l’ambition derrière ce set hors du commun.
En combien de temps ça se monte un Lego à 1 000 ?
Beaucoup d’encre a coulé avant même la sortie de cette Étoile de la Mort. Dès les premières fuites et sitôt l’officialisation, certains fans n’ont pas caché leur déception. C’est la forme finale du projet qui fait débat. Plusieurs personnes s’attendaient à une vraie Étoile de la Mort, au sens sphérique du terme — comme les anciennes adaptations plus modestes de Lego.
Mais une telle forme, avec si peu de pièces pour tant d’ambitions, aurait accouché d’un produit tout aussi décevant, sinon plus.

À la place, les designers ont opté pour une coupe qui n’est même pas une demi-sphère, mais une sorte de tableau en 3D reprenant tout à la fois des salles et des scènes vues dans les films. Les plus moqueurs diraient « une part de pizza ». On préfère y voir une reproduction bourrée de détails, et qui en impose vraiment quand on la regarde (plein de choses attirent l’œil). On a pu la montrer à plusieurs personnes, pas toutes fans de Lego et/ou de Star Wars, et les réactions sont toujours positives. Sans surprise, la phrase « C’est gros ! » revient souvent.
Le choix de Lego est en réalité légitime. Une sphère complète, ou même une demi-sphère, aurait été plus petite, ce qui aurait inhibé l’effet waouh. En outre, l’exposition aurait été un exercice bien plus complexe, en raison d’une envergure bien plus grande. Là, on se retrouve avec un objet à l’empattement contenu, certes aux dimensions impressionnantes (70 x 79 x 27 cm), mais bien plus facile à poser sur un meuble. Attention quand même, cette reconstitution reste délicate à manipuler : on ne peut la soulever que par le bas, à un endroit bien particulier — ce qui aboutit à un équilibre douteux, en raison d’un poids énorme (plus de 7 kilogrammes). Bref, une fois qu’elle est posée, on n’y touche plus. Notez que Lego n’a prévu aucun dispositif pour l’accrocher au mur, et n’a pas cru bon soigner l’arrière (hideux, pour rester poli).

En revanche, il y a des critiques bien plus légitimes à formuler sur ce produit. Pour 1 000 €, Lego aurait pu concevoir un packaging plus luxueux. Cette Étoile de la Mort est juste un set comme les autres, simplement distinctif par son échelle hors norme. La grosse boîte, bien décorée, cache trois boîtes, elle aussi bien décorées, qui renferment des dizaines et des dizaines de sachets. Il y en a tellement que la première étape consiste à faire un tri et à les ranger dans le bon ordre. On trouve aussi six livrets d’instruction basiques, alors que Lego aurait pu opter pour un livre avec une couverture cartonnée du plus bel effet. Derrière la quantité qui saute évidemment aux yeux, il n’y a pas vraiment d’événement au déballage. Cette relative déception se poursuit par la découverte d’une planche d’autocollants bien trop nombreux pour un produit aussi premium (une soixantaine). Non seulement ils sont pénibles à poser (par crainte d’un mauvais alignement, sur les arrondis en tête), mais ils sont moins valorisants qu’une jolie tampographie et, surtout, moins durables. Pour un produit d’exposition à 1 000 €, c’est dommage.

Il m’a fallu très exactement 16h30 pour assembler l’Étoile Noire, une durée étalée sur plusieurs jours pour prolonger au maximum le plaisir et éviter la fatigue (à cause des autocollants). De manière surprenante, la conception choisie par Lego pour la structure évite de passer par des pièces Technics — ce qui aurait pourtant solidifié l’ensemble. On empile alors des briques et des briques, étage par étage. Aucun risque de se lasser, puisque rien n’est symétrique ou trop répétitif. Il faut par contre souligner qu’il sera difficile de se répartir la construction à plusieurs, puisque l’Étoile de la Mort prend vie petit à petit, et pas par un empilement de blocs. C’est possible de le faire, mais certaines étapes seront bloquées en fonction du rythme de chacun.

La construction est un plaisir, aussi mais surtout, parce que Lego a bien évidemment intégré une foule d’easter eggs, qui font hommage à tout ce qui gravite autour de Lego. On n’a pas envie de les gâcher mais on en citera deux : la figurine de l’Empereur se trouve dans le sachet 66 (en référence à l’Ordre 66, conduisant à l’extermination des Jedi) tandis qu’on retrouve carrément l’item phare qu’on devait ramasser dans les jeux Lego. Et comme cette Étoile Noire reste un jouet Lego, on retrouve toute une palanquée de petits mécanismes inutiles (puisque personne n’osera jouer avec), donc indispensables. Pêle-mêle : un ascenseur qui monte et descend (six étages), une passerelle rétractable, un écran pivotant montrant la planète Alderaan entière ou explosée (par le rayon destructeur) ou encore le compacteur des déchets aux murs qui se rétrécissent (avec une molette).


Par volonté d’en montrer le maximum, Lego a parfois laissé la véracité de côté. L’intérieur de l’Étoile de la Mort mélange allègrement des salles et des séquences vues dans les deux versions vues dans les films. La pièce où Dark Vador et Obi-Wan croisent le sabre laser dans l’épisode IV côtoie alors la salle du trône de l’Empereur de l’épisode VI (quelques centimètres plus haut bien sûr). Quant à la salle de méditation de Dark Vador, elle ne se trouve pas dans l’Étoile de la Mort — encore un peu, et Lego nous reproduisait la fameuse phrase de l’épisode V (qui a lieu sur Bespin). L’idée est de montrer un maximum de choses, sur une surface qui laisse énormément d’espace pour s’exprimer (en hauteur, beaucoup, en largeur, un peu moins). Entre les diverses salles de contrôle, la salle de réunion des officiers de l’Empire, la prison, le hangar… : cette reproduction ne manque de rien. Lego aurait quand même pu pousser le concept jusqu’au bout en multipliant certaines figurines. Avec un seul Dark Vador, il faudra choisir la scène qu’on souhaite reproduire. Ce, alors qu’on a trois Luke Skywalker…


Tout n’est pas 100 % réussi dans les installations imaginées par Lego. Le rayon destructeur est incroyablement ridicule, car trop fin et peu effrayant — pour l’idée qu’on se fait d’une arme capable de détruire une planète entière en une fraction de secondes. La verrière de la salle du trône est bizarrement fixée (et dépasse beaucoup à l’arrière), la Navette Impériale — seul vaisseau fourni — est beaucoup trop petite et les figurines se retrouvent bien à l’étroit dans certaines salles. Même constat concernant le casting de personnages d’ailleurs : certains sont basiques, d’autres sont vraiment très jolis. Pour différencier les soldats de l’Empire, Lego fournit plusieurs têtes (avec des hommes et des femmes).

Et si certains se posent des questions sur la valeur future du set, la présence de certaines figurines inédites suffiront à faire s’envoler les prix. On pense à Galen Erso, l’ingénieur en chef de l’Étoile de la Mort (un clin d’œil habile), ou encore au Stormtrooper en maillot de bain (un clin d’œil rigolo, là encore qui fait référence aux jeux vidéo). Bref, il y a des détails soignés, et l’ensemble se révèle assez cohérent pour qui serait prêt à investir une telle somme. Il existe des objets collector bien plus chers, et bien moins ludiques.
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