Le 7 août, DICE a ouvert la bêta de Battlefield 6, attirant en quelques heures des centaines de milliers de joueurs et battant déjà des records de fréquentation. Une première étape qui montre à quel point l’attente autour de ce nouvel épisode est forte. Nous avons pu y jouer dès l’ouverture des serveurs, et voici nos premières impressions, avec le regard d’un joueur habitué à la licence concurrente.
Cet avis est bien sûr loin d’être définitif. Battlefield 6 n’est pas encore terminé, et jusqu’à sa sortie attendue pour le 10 octobre 2025, ce dernier pourrait largement évoluer — c’est d’ailleurs tout l’intérêt de ces phases de bêta. Il est même probable que de nombreux ajustements soient effectués d’ici le prochain week-end de bêta ouverte, prévu du 14 au 17 août.
Un jeu de guerre, un vrai
Dès les premières minutes, l’effet waouh est là : mise en scène spectaculaire, intensité des combats… On se croirait vraiment livré à soi-même sur un véritable champ de bataille. Certes, Battlefield 6 ne pousse pas la mise en scène aussi loin que Battlefield V, mais le spectacle reste convaincant et procure de vraies sensations. Sur PC, avec une configuration qui tient la route (dans mon cas un GPU RX 9700 XT et CPU Ryzen 9800X3D), le rendu graphique impressionne.
La destruction des décors, l’immersion sonore et la fluidité des déplacements y sont pour quelque chose et les modes Percée et Conquête en sont la meilleure vitrine : réunir 64 joueurs sur une même partie donne beaucoup d’action, mais avec toujours une lisibilité intacte.

Les gunfights sont particulièrement satisfaisants, portés par une poignée de mécaniques de tir bien calibrées et un ressenti d’impact bien présent. Un petit indicateur de dégâts vient s’ajouter à l’équation : s’il risque de déplaire aux puristes, il modifie radicalement la dynamique des affrontements. Savoir précisément combien de points de vie il reste à son adversaire permet de décider instantanément s’il faut foncer pour achever la cible… ou battre en retraite pour se repositionner.
La bêta de Battlefield 6 met déjà à disposition un arsenal conséquent : fusils d’assaut, DMR, snipers, SMG, fusils à pompe et armes de poing. Il y a de quoi tester, même si on aurait aimé un sniper avec un impact plus élevé à disposition. Le plaisir de tester des armes est là, mais on note déjà quelques problèmes d’équilibrage ici et là, qui devraient être corrigés dans la version finale. Ainsi, la M4A1 est beaucoup trop forte tandis que la mitraillette SGX, grâce à un accessoire spécifique, autorise le tir en pleine course… ce qui casse un peu l’ADN Battlefield et déséquilibre les affrontements. Le fusil à pompe de la classe Assaut est, lui aussi, beaucoup trop puissant. Bref, il y a déjà des points à rectifier jusqu’à la prochaine phase de bêta le 14 août prochain.

Concernant les classes, on retrouve les traditionnelles Assaut, Ingénieur, Soutien et Éclaireur. Chacune impose son rythme, avec la possibilité de personnaliser son équipement. Les classes sont essentielles au teamplay : pour réapparaître au bon endroit, repérer des joueurs, et coordonner les actions. Une escouade de quatre peut largement influencer le gameplay : ce qui fait le sel de Battlefield est encore bien présent.

Pour ce qui est des combats à bord des véhicules, cet aspect est encore un peu discret pour le moment. Seuls les tanks et les hélicoptères sont jouables, mais leur utilisation est limitée par la conception des cartes proposées dans cette bêta — ce qui rend difficile de se prononcer réellement sur leur impact dans le jeu final.
Pour le reste, on retrouve l’ADN pur Battlefield, un digne héritier des très appréciés épisodes 3 et 4… avec un gros travail pour séduire les joueurs lassés de Call of Duty.
Battlefield 6 : cousin éloigné de Call Of Duty ?
Avec cet opus, DICE et EA ne s’en cachent pas : ils visent directement une grosse part du marché, celle des joueuses et joueurs Call of Duty. Cela tombe bien, une partie substantielle se retrouve quelque peu déçue par des épisodes qui, en dépits de certains efforts, manquent de réelles ruptures et affichent un gameplay ayant perdu de sa superbe. Étant joueur de Call of Duty depuis 20 ans, le dernier opus marquant pour moi reste Modern Warfare en 2019. Depuis, les sorties s’enchaînent et les modes de matchmaking sont largement critiqués, Warzone étant le centre d’attention pour Activision. Ainsi, il est difficile d’enchainer les saisons sur le multijoueur sans se lasser.
Call of Duty a peu à peu glissé vers un style à la Fortnite : skins invraisemblables à outrance, lisibilité réduite, gameplay ultra-frénétique avec double sprint, jump-shot et cartes ultra-réduites… Bref, un virage qui a fait fuir une partie de sa communauté historique, attachée au skill, et qui se retrouve aujourd’hui sans FPS de référence.
C’est dans ce vide que Battlefield 6 s’engouffre. Et le moins que l’on puisse dire est que l’opération séduction est assumée à 100 %. Lors de la révélation du multijoueur, de nombreux créateurs de contenu étaient présents, y compris plusieurs figures très liées à Call of Duty, comme Gotaga ou Chowh1. Le message est clair : Battlefield 6 veut convaincre à la fois les joueurs puristes de Battlefield et ceux de COD.
Pour l’heure, il s’agit a priori du Battlefield le plus « Call of Duty » jamais sorti, et ce pour plusieurs raisons :
- un design de cartes qui favorise le combat rapproché ;
- une optimisation pensée pour réduire au maximum les temps morts (l’action est quasiment constante qu’importe le mode de jeu) ;
- un TTK (time-to-kill) très court et qui favorise donc l’enchainement des kills ;
- une vitesse de jeu plus élevée et des déplacements très nerveux ;
- une direction artistique qui rappelle clairement celle de Call Of Duty: Modern Warfare.
Mais là où Call of Duty s’est orienté vers un ADN trop arcade, Battlefield 6 revient à l’essentiel. Ici, pas de skins flashy ou de personnages hors sujet : EA n’oublie pas la dimension cosmétique, mais l’intègre avec cohérence. Dans cette bêta, les skins débloqués collent à l’univers militaire (pas de Nicki Minaj), et s’obtiennent simplement en jouant. Certes, il y aura sans doute un Battle Pass à la sortie, avec des personnalisations plus poussées, mais Vince Zampella et son équipe assurent que la direction artistique ne déviera pas vers le style Call of Duty ou Fortnite.

Il s’agit, en l’état, du meilleur compromis possible entre les deux licences, mais qui va devoir faire face à tout un tas de défis inhérents aux FPS multijoueurs modernes.
Ses défis pour la suite
Tout n’est pas parfait. Premier souci : la triche. Même en bêta, le nombre de tentatives est hallucinant — plus de 330 000 tentatives avortées. Un mal récurrent qui touche désormais tous les FPS compétitifs, de Counter-Strike 2 à Call of Duty, avec des outils de triche toujours plus sophistiqués (assistance à la visée, wallhack, etc.). Battlefield Studios n’a pourtant pas laissé la porte grande ouverte. Pour cette bêta, certains joueurs ont même dû passer par le BIOS de leur PC pour activer le Secure Boot, une mesure destinée à limiter la triche par logiciels tiers. Une étape inhabituelle qui montre combien les développeurs prennent le problème au sérieux… mais aussi la complexité de la tâche. Car si le Secure Boot peut bloquer une partie des tricheurs, il reste impuissant face à certaines méthodes matérielles ou à des programmes capables de contourner ces protections en temps réel.
Autre sujet sensible : le SBMM (Skill-Based Matchmaking). Derrière cet acronyme se cache un système d’appariement qui regroupe les joueuses et les joueurs en fonction de leur niveau de compétence, évalué via leurs statistiques en jeu (ratio éliminations/morts, précision, nombre de victoires, etc.). Largement utilisé aujourd’hui par la plupart des FPS, son objectif officiel est d’améliorer la rétention des joueurs, en leur évitant de se faire écraser ou, à l’inverse, de gagner trop facilement. En résumé : on vous met avec des gens « de votre niveau » pour que la partie reste équilibrée et que vous continuiez à jouer. Ce système divise la communauté, au point qu’un marché parallèle s’est créé. Ubisoft, par exemple, a mis en avant l’absence de SBMM comme argument marketing pour son jeu XDefiant… ce qui, au passage, n’a pas suffi à en faire un succès.
Sur Battlefield 6, il est difficile de le mesurer pour l’instant, faute de statistiques solides, mais ce système pourrait nuire particulièrement à l’expérience d’un titre pensé comme un champ de bataille. En homogénéisant artificiellement le niveau des participants, le SBMM risque de lisser l’expérience, un vrai défaut pour un jeu censé mélanger naturellement les joueurs de tous niveaux. En conséquence, les affrontements pourraient devenir plus prévisibles et bien moins spontanés.
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