Barcelona, un groupe de musique pop/rock indie, a constaté dernièrement une augmentation soudaine de ses ventes de musique, ainsi qu’un accroissement de son audience lors des concerts. En cause, l’utilisation illégale d’un de leurs morceaux dans une vidéo virale vue plus de 900 000 fois sur YouTube. Une situation assez éloignée des discours traditionnels des majors.

D’aucuns estimeront sans doute que ce n’est qu’un cas isolé et qu’il serait indécent d’en tirer de grandes généralités. Pourtant, ces dernières années, les exemples n’ont pas manqué : Moby et Coldplay ont expérimenté la distribution gratuite de quelques morceaux et les enseignements sont plutôt intéressants : l’un et l’autre se sont retrouvés en tête des ventes sur les plates-formes musicales. Récemment d’ailleurs, une étude menée par Interpret a relevé que le succès du téléchargement légal sur Internet n’est pas une chimère : parmi les internautes fréquentant régulièrement les réseaux peer-to-peer entre 9 et 16 % étaient également des consommateurs légaux de musique. Un score certes peu élevé, mais qui est loin d’être nul.

°videmment, dans ces deux exemples, ce sont les artistes eux-mêmes qui ont décidé de mettre certains de leurs titres en ligne gratuitement. Pourtant, même dans le cas inverse, une même tendance se dessine : les musiques diffusées sur le web n’ont pas nécessairement un impact négatif sur les revenus d’un artistes ou d’un groupe de musique. C’est même parfois tout le contraire ! C’est d’ailleurs l’histoire qui est arrivée à Barcelona, puisque les ventes du titre « Please don’t Go » ont littéralement explosées suite à son utilisation sur une vidéo virale, Kuroshio Sea.

Bien entendu, il faut souligner que le succès de « Please don’t Go » repose également sur la popularité de la vidéo qui est d’une très grande créativité, mariant cette longue et unique séquence d’un aquarium japonais, avec une musique au rythme lent, très adaptée pour suivre les déambulations des créatures marines. Mais, cela prend à revers le discours uniforme de l’industrie du disque qui ne cesse de voir en Internet son tombeau. Régulièrement, nous entendons dire que l’industrie musicale perd des millions de dollars à cause des milliers de vidéos illégales mises en ligne par les internautes.

« Nous sommes sommes vraiment flattés d’apprendre que [la vidéo] comporte l’une de nos musiques appelées Please don’t Go » a déclaré le leader et chanteur de Barcelona, Brian Fennell, dans une réponse en vidéo. « Nous voulons vous dire qu’il y a effectivement une corrélation avec les ventes de notre album « Absolutes » sur l’iTunes Store depuis la semaine dernière, qui ont augmenté suite à l’utilisation de la musique placée dans la vidéo » a précisé le batteur Rhett Stonelake. Le groupe a également indiqué que de nouveaux fans sont récemment venus à leurs concerts après avoir visionné la vidéo.

Il est compréhensible que l’industrie musicale cherche à défendre ses droits et ceux des artistes, mais peut-être devrait-elle se dérider un peu et ne pas bondir sur YouTube dès qu’une vidéo utilisant une bande-son protégée par un droit d’auteur est envoyée en ligne.

D’une part, c’est une manière économe pour promouvoir la musique en ligne, puisque les majors n’ont finalement plus à dépenser des millions de dollars pour mettre en avant leurs poulains. Ce sont les internautes eux-mêmes qui vont se charger de cet aspect-là, bénévolement. De plus, comme l’a montré l’exemple de Barcelona, à plus ou moins court-terme, la libre diffusion de musique sur Internet peut avoir un effet positif sur les ventes d’un album… et sur l’argent que gagnera l’industrie du disque.

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