Quand on évoque les jeux de placement de tuiles, on pense évidemment, immédiatement, à l’indémodable Carcassonne, le plus célèbre de tous. Mais, les titres fondés sur cette mécanique, dans laquelle on construit un paysage en collant des tuiles les unes aux autres, se font plutôt rares ces derniers temps. Deux jeux, sortis récemment, et dont le succès prouve que la mécanique plait toujours autant, pourraient bien la remettre sur le devant de la scène.
Akropolis et Cascadia, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, différent cependant quelque peu de leur illustre prédécesseur. Là où, dans ce dernier, on construit une zone de jeu commune à partir des tuiles piochées, c’est ici l’inverse : on dispose d’une réserve commune de tuiles, dans laquelle on se sert, pour construire chacun son propre paysage.
Akropolis
Dans Akropolis, chaque joueur construit sa cité grecque, en assemblant des tuiles formées de trois cases hexagonales, représentant des quartiers. Ces tuiles sont achetées parmi un lot commun, renouvelé à chaque début de tour. La première tuile du lot est gratuite, la suivante coûte une pierre, celle d’après deux pierres, etc.
La règle de placement est très simple : une nouvelle tuile doit être adjacente par au moins un côté à votre cité, ou reposer sur deux autres tuiles. C’est d’ailleurs comme cela qu’on obtient de nouvelles pierres à dépenser plus tard, en recouvrant des carrières.
Il existe cinq couleurs de quartiers, cinq types : les habitations bleues, les marchands jaunes, les temples mauves, etc. Leur placement est libre, mais ils ne rapportent des points que si une condition bien spécifique est respectée. Par exemple, les casernes doivent se trouver en périphérie de votre cité, les marchands doivent être isolés, les temples au contraire doivent être entourés sur les six côtés, etc. Et plus un quartier est en hauteur, plus il vaut de points.
Enfin, certaines tuiles présentent des places. Elles sont de la même couleur que les quartiers, mais ne comptent pas comme tel. À la place, elles représentent entre une et trois étoiles, qui sont autant de multiplicateurs de points en fin de partie.
Celle-ci survient quand toutes les tuiles ont été placées. On marque alors des points pour chacune des cinq couleurs, en multipliant le nombre d’étoiles de nos places par la valeur des quartiers correspondants. Vous avez cinq quartiers marchands (jaunes) isolés et quatre étoiles jaunes : vous marquez vingt points pour le jaune. Enfin, comme souvent, le plus gros score l’emporte.
Akropolis étonne par la simplicité et l’immédiateté de ses règles, et la fluidité de ses tours : je prends une tuile, je la pose, au suivant ! N’importe qui peut y jouer. D’autant plus que la manière de marquer des points de chaque quartier est simple à comprendre, et que l’ensemble reste parfaitement lisible, même quand votre cité s’agrandit. Malgré cela, il propose une belle courbe d’apprentissage, et la faible durée des parties (une trentaine de minutes tout au plus) fait que l’on en aligne généralement plusieurs.
Son seul défaut vient du manque d’interaction entre les joueurs. Si à deux on peut embêter son adversaire en prenant les tuiles qu’il convoite, à plus on a plutôt tendance à jouer chacun dans son coin, en se spécialisant dans ses couleurs.
Akropolis est un superbe jeu familial, simple, accessible, fluide, mais jouissant tout de même d’une belle profondeur (eu égard à la durée des parties). On comprend le succès immédiat dont il bénéficie. Pour simplifier, on pourrait le comparer à une rencontre entre les excellents Taluva (pour la superposition des tuiles) et Quadropolis (pour les différentes manières de marquer des points)… un bien beau pedigree !
- Akropolis est un jeu de Jules Messaud
- Illustré par Pauline Détraz
- Édité par Gigamic
- Pour 2 à 4 joueurs à partir de 8 ans
- Pour des parties d’environ 25 minutes
- Au prix de 26,90 € chez Philibert
Le verdict
Akropolis
Voir la ficheOn a aimé
- Règles très simples
- Parties fluides et rapides
- Une belle profondeur sur une durée resserrée
On a moins aimé
- Manque d’interaction entre les joueurs (un peu moins vrai à deux)
Cascadia
La Cascadia est une région bordant la côte Pacifique, à cheval entre les États-Unis et le Canada. Dans Cascadia, le jeu éponyme, vous essayez de créer l’écosystème le plus harmonieux, en mêlant judicieusement la faune à son environnement.
Un tour de jeu consiste simplement à choisir une tuile hexagonale de paysage parmi quatre disponibles au centre de la table, piochées aléatoirement. Il peut s’agir d’une montagne, d’une forêt, d’une prairie, d’un marais ou d’une rivière. Certaines tuiles présentent deux paysages (moitié forêt, moitié rivière par exemple). Puis on l’ajoute à son écosystème, la seule contrainte étant que la nouvelle tuile doit en toucher une autre par au moins un côté.
Mais ce n’est pas tout, car chaque tuile de paysage est associée à un pion animal (ours, wapiti, saumon, buse ou renard). Après avoir ajouté la tuile sélectionnée à son écosystème, on place l’animal associé, soit sur la nouvelle tuile, soit sur une tuile posée précédemment. À condition de disposer d’un habitat adéquat pour l’animal en question. Sinon, on le perd.
Et, dans quel but ? Marquer des points. Chaque type d’animal dispose d’une condition spécifique pour rapporter des points de victoire. Elles sont définies en début de partie, au travers d’une carte piochée au hasard pour chaque animal, parmi quatre possibles. Les ours doivent être par paire, par exemple, les buses isolées, les saumons en ligne ininterrompue, etc. On marque également des points pour le plus grand ensemble de tuiles contiguës de chaque type de paysage, et un bonus de majorité est accordé aux joueurs concernés.
La partie s’arrête après exactement vingt tours, quand toutes les tuiles sont posées, et le plus gros score l’emporte, comme d’habitude.
Voici rien de moins que le gagnant du Spiel des Jahres 2022, le titre ludique le plus convoité au monde. Soyons honnêtes, même si nous avons beaucoup aimé toutes nos parties, on s’attendait à quelque chose d’un peu plus orignal sur la première place du podium.
Il n’empêche que Cascadia est un jeu très réussi et particulièrement plaisant à jouer. Ses règles sont simples, ses tours rapides et fluides, et les différentes manières de marquer des points demandent une dose de stratégie bienvenue. On ne peut pas se contenter de jouer dans son coin, il faut observer ce que font les autres, pour jongler entre les paysages et les animaux qui les intéressent, et ceux qui ne les intéressent pas, mais qui nous intéressent nous, et qui ont donc plus de chances d’être encore présents à notre prochain tour.
Les différentes possibilités de comptage de points des animaux, à la difficulté croissante, permettent à la fois d’assurer le renouvellement des parties, mais aussi au jeu de progresser en même temps que l’expérience des joueurs.
Cascadia est un jeu calme, reposant, deux aspects encore renforcés par la thématique. Il sent bon la nostalgie de titres un peu plus anciens, aux parties ni trop courtes, ni trop longues, à l’interaction justement équilibrée, avec du matériel de qualité, mais sans abondance inutile, et avec des règles accessibles, mais offrant de nombreuses possibilités. Alors certes, ce n’est pas le jeu le plus original du monde, mais il comble cette faiblesse par une efficacité redoutable.
- Cascadia est un jeu de Randy Flynn
- Illustré par Beth Sobel
- Édité par Lucky Duck Games
- Pour 1 à 4 joueurs à partir de 10 ans
- Pour des parties d’environ 30 à 45 minutes
- Au prix de 31,50 € chez Philibert
Le verdict
Cascadia
Voir la ficheOn a aimé
- Règles simples
- Tours rapides
- Renouvellement assuré grâce aux différentes manières de marquer des points
- Un jeu et un thème calmes et reposants
On a moins aimé
- Pas très original… et alors ?
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