Cette année, le Parti pirate présente 95 candidats aux élections législatives. C’est près de deux fois plus qu’en 2017, lorsque seulement 58 candidats avaient été investis. Et surtout, plus que le Parti socialiste, qui présente 70 candidats dans le cadre de la Nupes. Pourtant, comme le regrette Florie Marie, la porte-parole, le parti souffre encore d’un gros problème de visibilité.
Candidate dans la 7e circonscription de l’Essonne, celle qui est aussi la vice-présidente du Parti pirate européen a répondu à nos questions, quelques jours avant la tenue du premier tour des élections législatives.
Numérique, crypto-monnaies, esport : nous avons interrogé Florie Marie sur le programme des pirates, leurs engagements, et leur vision sur le quinquennat passé. Avec un mot d’ordre : il faut plus d’éducation au numérique.
Quelles sont les choses les plus urgentes à mettre en place pour le numérique ?
Florie Marie — Il y a tellement de choses ! Il faudrait déjà mieux former les gens aux outils numériques, parce qu’il y a encore beaucoup de pièges sur Internet, arnaques ou autres. Il y a aussi beaucoup de fausses informations qui circulent à propos du numérique, du genre « il faut supprimer ces mails pour sauver la planète ». C’est aberrant ! Il faut une éducation au numérique et apprendre aux gens comment ça marche. Avoir une bonne connaissance du matériel qu’on utilise permettrait d’avoir des outils plus adaptés, et de faire des économies d’énergie et de ressources.
Justement, comment faire pour allier technologie et protection de l’environnement ?
On monte son propre ordi ! La solution, ça n’est pas supprimer ses mails, c’est consommer de manière raisonnable, en montant son propre ordinateur et en changeant seulement les composants dont en a besoin. Il faut éviter le « prêt à porter » en fait, limiter le plus possible l’achat d’appareils neufs et apprendre à réparer. Le plus gros problème du numérique aujourd’hui, c’est la consommation de ressources et d’appareils, pas la consommation d’énergie, donc c’est là qu’il y a le plus gros coup à jouer.
Il faut aussi favoriser le recyclage des appareils. Il faut que ça soit plus large : pour l’instant, ce sont beaucoup d’associations qui portent ces projets, mais il faut qu’il y ait aussi des politiques publiques qui favorisent le recyclage d’appareils numériques. Quand on voit que Back Market a failli être sous le coup de la redevance copie privée … Il faut mettre en place des lois pour promouvoir la réparation d’appareils et peut-être aider les entreprises qui font de la réparation, et moins aider celles qui font des produits neufs.
Qu’est-ce que le gouvernement a fait de négatif et de positif lors de son dernier mandat ?
Je n’arrive pas à voir ce qui a été fait de positif ces 5 dernières années pour le numérique… On a un gouvernement qui parle de numérique, mais qui ne sait pas de quoi il parle ! Quand on entend que le gouvernement dit qu’il faut lutter contre l’anonymat en ligne, c’est absurde et hors sol parce qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent. Il n’y a rien qui a été fait pour l’open source non plus.
Emmanuel Macron a annoncé pendant la campagne son intention de proposer l’apprentissage du code dès la 5e, comme une langue vivante et a déclaré vouloir voir l’esport se développer en France, avec notamment la tenue de tournois. Le plan du gouvernement pour le prochain quinquennat est-il mieux ?
La question de l’apprentissage du code à l’école est très importante ! Il faut une formation sur les outils numériques dès le plus jeune âge. S’il le fait, ça serait une très bonne chose, mais bon, on en reparle dans 5 ans…
Pour ce qui est de l’esport, nous, on aimerait qu’il y ait un meilleur encadrement légal de la discipline. Avant d’organiser les compétitions, il faut protéger et reconnaître les gens qui travaillent dans l’esport. Il y a des emplois dans le secteur qui ne sont pas toujours très bien encadrés et qui ne suivent pas toujours la loi ou le Code du travail. Aujourd’hui, il y a plein d’athlètes livrés à eux-mêmes, qui ne sont pas payés ou qui galèrent au chômage, parce qu’on ne reconnaît pas leurs compétences.
Comment faire pour encadrer les nouvelles technologies comme les NFT et le métaverse?
On n’a pas encore beaucoup travaillé sur la blockchain, parce que c’est un sujet important et compliqué, qui divise. On a des fans et des « anti » au sein du Parti, et on a du mal à se positionner sur toutes les questions liées aux crypto-monnaies. Je vois qu’il y a des choses qui peuvent être bien, mais aussi il y a aussi le problème de la consommation d’énergie… Donc on a tous un peu le cul entre deux chaises [rires].
Les autres partis politiques se foutent de ces questions, nous on essaie de s’en préoccuper de manière intéressante, en réfléchissant de manière posée, en pesant le pour et le contre. C’est de qu’on est en train de faire, mais ça prend du temps.
Quels sont les plus grands dangers auxquels nous faisons face, en termes de numérique aujourd’hui ?
Les données personnelles qui sont dans la nature, le fait que des apps qu’on utilise au quotidien, comme Google, utilisent nos données personnelles. Google sait où je vais, où j’étais, mais que font-ils avec ces données ? Les géants du web savent énormément de choses sur nous, et ils se font beaucoup d’argent grâce à ça. Et comment est-ce qu’on fait derrière nous ?
Les données personnelles, c’est un sujet que tout le monde ignore. On oublie qu’elles sont à la disposition de grands groupes privés, et on n’est pas formés ni informés sur l’importance de ces données, on l’apprend à nos dépens au cours de notre vie. Aujourd’hui, ça va tellement loin ! On est submergés par la publicité ciblée, et ça, ça m’inquiète beaucoup.
Faut-il inscrire l’accès à internet et la neutralité du net dans la Constitution ?
Absolument ! Pour nous, l’accès à internet aujourd’hui, c’est un droit commun et comme l’accès à l’eau et à l’électricité. Tout le monde devrait y avoir accès librement, grâce à nos impôts, un peu comme les chaines publiques, pas par abonnement avec des opérateurs. Internet doit pouvoir être accessible à tout le monde à tout moment. Avec le nombre d’antennes existantes et avec la 5G, ça ne poserait pas de problème en plus.
La neutralité du net aussi. C’est quelque chose qu’on défend énormément au sein du Parti pirate, et on a peur qu’en France et en Europe ça soit remis en cause. On ne veut pas d’un Internet à deux vitesses, avec des offres qui permettraient d’avoir un accès illimité à certains sites, mais limité à d’autres. Les gens ne savent pas toujours à quel point c’est important la neutralité du net, et cela devrait être protégé le plus possible.
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