Le changement climatique a aussi des conséquences humaines. Un rapport de l’ONG International Union for Conservation of Nature est accablant sur les violences faites aux femmes à cause de la crise climatique.

Le changement climatique est une réalité qui se constate à travers de nombreux faits scientifiques : les gaz à effet de serre dans l’atmosphère ; les glaciers qui fondent ; des records de température ; ou, très récemment, les violents incendies en Australie. Mais cette crise est plus large encore : tout notre modèle de société est concerné. L’ONG International Union for Conservation of Nature (IUCN) a publié, mercredi 29 janvier 2020, un rapport dédié à l’impact des dégradations environnementales sur les femmes.

Cette étude, appartenant à un projet mené sur dix ans, a pour titre « La violence basée sur le genre et son lien avec l’environnement : la violence de l’inégalité ». Elle agrège des données à partir de plus de 1 000 sources et documents provenant de la société civile, de gouvernements, d’environnementalistes, de praticiens, de décisionnaires en politiques publiques, de militants et de travaux académiques. Toutes ces sources évoquent les violences basées sur le genre mais dans un contexte environnemental particulier : pressions morales, agressions sexuelles, viols, prostitution forcée, en font partie.

Dans beaucoup de communautés, ce sont les femmes qui doivent aller chercher les ressources naturelles. Leur pénurie expose les femmes à de nombreux dangers. // Source : Jamie Wen / IUCN

Dans beaucoup de communautés, ce sont les femmes qui doivent aller chercher les ressources naturelles. Leur pénurie expose les femmes à de nombreux dangers.

Source : Jamie Wen / IUCN

Le chantage sexuel

Dans de nombreux pays, la problématique posée par la crise climatique concerne les ressources. L’une des conclusions de l’étude est que, plus les ressources naturelles se raréfient, plus le système de privilèges déjà en place se renforce. Les violences sexistes deviennent alors un outil encore plus important pour solidifier les inégalités de genre et oppresser les femmes. Cela passe entre autres par le chantage sexuel. Comme l’explique le rapport, on peut relever l’exemple, en Afrique orientale et australe, du « sexe contre du poisson » : quand cette ressource en nourriture se fait rare, des pêcheurs refusent de vendre des poissons aux femmes, sauf faveurs sexuelles.

Autre facteur d’augmentation des risques de violences : plus les ressources naturelles se font rares, « plus les femmes et les filles doivent aller plus loin pour chercher de la nourriture, de l’eau ou du bois de chauffage ». Ces trajets sont plus longs, l’éloignement avec le foyer d’origine aussi, et la tâche est également plus ardue quand les ressources sont plus difficiles d’accès. C’est davantage propice à faire peser divers dangers physiques sur les femmes — dont le chantage sexuel comme celui évoqué précédemment mais il en existe bien d’autres.

Les femmes qui défendent l’environnement subissent des pressions

Dans les quinze derrière années, 684 défenseurs de l’environnement ont été assassinés en voulant protéger leur lieu de vie et les ressources naturelles qui y sont. On sait donc que, globalement, les meurtres de militants environnementaux sont en augmentation, tout comme les pressions sociopolitiques envers eux. Mais les femmes sont encore plus victimes de ces intimidations. « Les femmes militantes semblent faire face, quant à elles, à des niveaux croissants de violences sexistes visant à les priver de leur pouvoir, à saper leur crédibilité et leur statut au sein des communautés », indique le communiqué. Quand ces violences ne menacent pas leur vie ou leur intégrité physique directement, elles ont tout le moins pour but de les décrédibiliser. En creux, il s’agit d’éviter que les autres femmes suivent leur exemple.

Les mères qui militent pour l’environnement sont associées à de ‘mauvaises mères’

Entre 2015 et 2016, 609 agressions ont été enregistrées contre femmes défenseuses des droits humains et de l’environnement, rien qu’en Amérique centrale et au Mexique. Dans certaines communautés, des mères de famille qui s’engagent en faveur de l’environnement sont stigmatisées comme de « mauvaises mères » qui ne s’occupent pas de leur foyer.

Le sujet doit être plus visible

Pour l’IUCN, il est clair que les violences basée sur le genre sont omniprésentes et que les preuves rassemblées sont suffisantes pour estimer que la crise climatique ne fait qu’accroître ces violences. Là où les dégradations environnementales augmentent, ce n’est donc pas seulement la pénurie, l’angoisse où la pression sur l’écosystème qui augmentent, mais aussi les violences envers les femmes.

Les écologistes tirent aussi la sonnette d’alarme sur la justice sociale

Ce rapport n’est pas le seul à en arriver à une telle conclusion. Une étude parue dans Nature Climate Change en novembre 2019 évoquait l’impact négatif du changement climatique sur la possibilité des femmes à prendre des décisions et à défendre leur place dans la société en Afrique et en Asie. Lors du sommet de la COP25, à Madrid, en décembre dernier, de nombreux militants ont dénoncé le peu de prise en compte des défis reliés au genre et à la justice sociale provoqués par le changement climatique.


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