Des lycéens, d’anciens lycéens et professeurs nous ont raconté comment ils utilisent les réseaux sociaux ou YouTube pour préparer le bac.

Les premières épreuves du baccalauréat auront lieu dans moins d’un mois. Pour la plupart des lycées, l’heure est aux révisions. Certains ont décidé de laisser de côté les polycopiés, surligneurs et autres fiches Bristol ©®™. Aujourd’hui, on peut aussi revoir ses cours sur YouTube ou sur Instagram et a priori, la méthode est plutôt efficace.

L’éducation nationale sur YouTube

Car il existe de multiples contenus pour réviser le bac sur YouTube. Il y a la très populaire Les bons profs — une chaîne pluridisciplinaire tenue par des professeurs de l’éducation nationale –, mais aussi des dizaines d’autres chaînes plus ou moins informelles, dont vous trouverez une liste à la fin de cet article.

Ces contenus ont un succès indéniable. Les bons profs cumule à elle seule plus de 740 000 abonnés et… 150 millions de vues. YouTube a indiqué à Numerama qu’en 2018, le nombre de vues contenant le terme « baccalauréat » avait augmenté de 170 % par rapport à 2016. On peut voir sur cette courbe qui représente l’évolution du nombre de vues que des pics sont observés autour de la période du bac.

Le nombre de vues sur les vidéos contenant le terme baccalauréat. // Source : YouTube

Le nombre de vues sur les vidéos contenant le terme baccalauréat.

Source : YouTube

Nathan, qui est actuellement en 1ère ES, fait partie de ceux qui suivent Les bons profs. Il révise parfois ses cours sur YouTube, « notamment pour l’épreuve de sciences » qu’il passe cette année. Il a eu cette idée tout seul car il voulait avoir « une autre vision des chapitres vus en cours ».

Un nouveau support efficace

Marie qui n’est « plus trop une ado » — elle a passé un bac littéraire en 2017 — a également suivi cette chaîne, pour se préparer au bac d’histoire. « Résultat : je suis tombée sur une majeure en histoire et j’ai eu la totalité des points sur cette partie », se réjouit-elle.
Pour Marie, les vidéos YouTube sont « un nouveau support qu’on ne peut pas négliger ». Elle se souvient de contenus vivants, bien structurés, efficaces (un chapitre prend 15 minutes environ) et surtout, compréhensibles. Elle a très bien retenu ce qu’elle écoutait, même si elle précise avoir pris le temps de ficher les vidéos.

La méthode semble globalement efficace. Jules, qui a passé son bac scientifique en 2018, a lui aussi utilisé YouTube pour réviser, sur les recommandations de certains de ses professeurs : la physique et les maths avec Les bons profs et Experiment boy, la philo avec Cyrus North, l’histoire avec Antisèche. « Ça m’a sauvé plusieurs fois, pour des contrôles ou le jour du bac : on n’avait pas vu le Moyen-Orient en géo alors je l’avais révisé sur YouTube uniquement. Je suis tombé dessus et j’ai réussi à avoir 12 ou 13 », se souvient celui qui étudie aujourd’hui l’informatique.

Si cela a marché, analyse Jules, c’est parce qu’il a une mémoire très auditive et que les vidéos YouTube sont souvent dédiées à une toute petite partie du cours. Il a écouté celles qu’il comprenait moins bien en boucle, jusqu’à ce que ça rentre.

Un coaching sur Instagram

Thomas Galoisy, un professeur d’histoire-géographie du lycée Descartes (Yvelines), est persuadé de l’efficacité des méthodes un peu moins conventionnelles. Lui, a misé sur Instagram pour motiver ses élèves. Sur son compte à 300 abonnés (parmi lesquels on trouve des élèves, des anciens élèves ou des parents), il publie des images d’animaux mignons ou des compositions à l’esthétique léchée. À première vue, cela a tout l’air d’être un compte de citations inspirantes des plus banals. Sauf qu’il est entièrement dédié au bac.

Cette lionne échouée sur un tronc est par exemple un prétexte pour rappeler aux élèves qu’ils ont aussi le droit de prendre des pauses entre deux révisions.

Cette image sur un fond corail fleuri est en fait une fiche de révisions qui contient « 5 infos sur la gouvernance économique mondiale depuis 1975 ». En cliquant sur la petite flèche à droite de la publication, on voit apparaître des définitions clés, les problématiques du chapitre, puis une frise chronologique par périodes.

Entre deux cours, Thomas Galoisy nous raconte avoir longtemps eu un blog dédié à ses cours qui « marchait pas mal » (1,5 millions de visiteurs cumulés). « Mais j’ai compris qu’aujourd’hui c’était plutôt les smartphones que mes élèves utilisent ». Le blog était peu adapté au format vertical alors il y a deux ans, il s’est lancé sur Instagram, en s’inspirant des contenus que publie du youtubeur Hugo Décrypte (de son vrai nom Hugo Travers).

Pour lui, ce travail s’apparente à une forme de « coaching ». On est loin de l’image d’un Instagram dépersonnalisé. « Tout est au contraire très individualisé, assure le professeur. Si un élève ne comprend pas un chapitre ou n’a pas eu le temps de faire une fiche, il m’envoie un message privé, et je fais une publication sur le sujet. On peut aussi échanger si il a des questions. » Pour lui, Instagram apporte une grande valeur ajoutée aux cours car « tous les élèves n’apprennent pas de la même façon. »

YouTube peut-il remplacer les profs ?

Les professeurs doivent-ils du coup se sentir menacés ? Thomas Galoisy ne voit pas Instagram ou YouTube remplacer les salles de classe.

« On ne peut pas se passer des profs, ne serait-ce que parce qu’en cours, on peut leur poser plus facilement des questions », estime Jules. Lui qui vient d’une famille où il y a « beaucoup de profs » apprécie leur capacité à reformuler des idées, ou à les mettre en application lors de travaux pratiques. Nathan pense aussi qu’il s’agit plus d’un « complément », d’« une sorte de résumé ». « Si je m’en tenais seulement aux vidéos YouTube cela ne suffirait pas », juge le lycéen qui a appliqué la méthode pour son bac blanc, avec brio.

« YouTube seul ne suffirait pas »

Marie et Hélène ont elles eu des expériences un peu différentes. Hélène, 20 ans, était titulaire d’un bac ES, mais elle a décidé de repasser l’examen en candidate libre pour obtenir le bac S. Pour cela, elle doit passer les épreuves de maths, SVT, et physique-chimie.

Image d'illustration // Source : Wiki Commons

Image d'illustration

Source : Wiki Commons

Le problème, c’est que sa formation actuelle (une mise à niveau scientifique à la faculté) ne contient pas la totalité du programme de terminale S. Elle doit travailler en autonomie les chapitres qui manquent. Alors qu’elle n’avait pas utilisé YouTube pour ses études avant, la plateforme lui est devenue indispensable. « Parfois j’ai l’impression que ça me sert réellement de substitut à un ou une prof classique. On a l’impression d’être face à vrai cours », raconte-t-elle à Numerama. Elle ajoute : « Pour les chapitres que j’ai vu en mise à niveau j’ai juste besoin de les compléter un peu mais il y a une partie du programme que j’apprends en entier grâce aux vidéos. »

Marie a aussi passé son bac en candidate libre, via le CNED. Elle avait un statut particulier, que l’on appelle le statut non-scolaire. « Quand on a ce statut, les profs du CNED n’en ont pas grand chose à faire de nous, regrette-elle. Je n’avais personne pour vraiment m’épauler, et en même temps je voulais vraiment ce diplôme pour ensuite pouvoir faire des études supérieures. » YouTube a donc été son lycée à elle…

Quelles chaînes regarder ?

Pour réviser le bac sur YouTube, voici en bonus une petite sélection de chaînes. Toutes ne suivent pas précisément le programme du bac (contrairement à la chaîne Les bons profs), mais vous pouvez sélectionner les contenus adaptés :

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