A quoi bon promettre l’abrogation de l’Hadopi, si c’est pour la remplacer par une structure qui aura strictement le même rôle et la même vision, à l’exception des menaces jusqu’à présent théoriques de suspensions de l’accès à Internet ?

Avec l’Hadopi, François Hollande s’apprête à jouer au magicien qui brûle une carte devant les yeux émerveillés du spectateur pour la ressortir aussitôt du paquet, comme si rien ne s’était passé. Interrogée dans Electron Libre, la conseillère numérique du candidat socialiste, Fleur Pellerin, confirme en effet ce que nous avions compris du projet de François Hollande : détruire l’Hadopi pour mieux la recréer sous une forme allégée.

« Hadopi doit être abrogée car contrairement à ce qu’affirme Nicolas Sarkozy, elle n’a pas fait la preuve de son efficacité« , déclare-t-elle. Mais, ajoute-t-elle aussitôt, « une piste consisterait à remplacer cette autorité par une instance de protection du droit d’auteur, dont les missions de contrôle et d’avertissement seraient la contrepartie d’une gestion concertée de la propriété intellectuelle et du développement de l’offre légale« . Si vous n’avez rien compris, nous non plus. Voilà l’Hadopi supprimée, mais recréée avec exactement les mêmes attributions d’avertissement, et d’accompagnement du développement de l’offre légale.

Fleur Pellerin reprend même l’ambition développée hors de son mandat premier par l’Hadopi en précisant que « cette instance pourrait également être un  » think tank  » sur la création, l’évolution des usages et des pratiques d’internet« . C’est exactement ce que l’Hadopi cherche à créer avec ses Labs.

« Nous consultons actuellement les représentants des ayants droit et les SPRD (sociétés de gestion de droits d’auteur, ndlr), mais aussi les producteurs, et l’ensemble des professionnels et des publics concernés. François Hollande n’arbitrera pas sur le sujet avant que nous n’ayons entendu leurs points de vue« , prévient-elle par ailleurs.

Sur le streaming et le téléchargement direct, Fleur Pellerin croit comprendre que Nicolas Sarkozy veut « pénaliser les pratiques de streaming« , et que l’Hadopi pourra « contrôler les contenus visionnés« . Elle brandit aussi, comme nous l’avions fait avec d’autres, le spectre du « filtrage profond » et de la « surveillance renforcée des utilisateurs« . Mais l’on a compris depuis vendredi dernier que ça n’était pas du tout l’objectif, ni de Nicolas Sarkozy, ni de l’Hadopi. Leur stratégie est plutôt d’attaquer le porte-monnaie des plateformes de streaming et de téléchargement, ce qui nous semble toutefois être une tactique vouée à l’échec, et potentiellement dangereuse.

En tout cas, cette stratégie financière n’est en rien incompatible avec ce que préconise le candidat socialiste, qui n’aborde pas du tout la légalisation des échanges hors marchands, comme le prévoit pourtant le projet socialiste… qu’il prévoit de ne pas suivre.

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