L’édition 2025 du ZEvent a été touchée par une controverse lorsqu’un député du camp présidentiel a voulu s’inscrire et participer à l’événement. Il a été repéré par des internautes qui s’en sont pris à lui sur les réseaux sociaux, avec virulence. L’organisation a sorti dans l’urgence une charte qui n’existait pas initialement, pour écarter la participation de l’élu. Mais une autre affaire pourrait éclater.

Aussitôt relancé, aussitôt percuté par une polémique. Voilà la façon dont on pourrait résumer la récente actualité du ZEvent, l’évènement caritatif annuel organisé par Adrien Nougaret, alias Zerator. En effet, ces derniers jours ont été marqués par une brève polémique qui a éclaté sur les réseaux sociaux. En cause ? L’inscription d’un participant particulier.

Car le mis en cause ne vient pas de la communauté Twitch ou YouTube. Il s’agit en fait de Denis Masséglia, un député membre du parti présidentiel (Renaissance). Dès le 27 juillet 2025, jour choisi par Zerator pour communiquer sur l’édition 2025 du ZEvent, l’intéressé avait fait savoir sur X (ex-Twitter) qu’il serait actif au marathon vidéoludique, en distanciel.

Source : Capture d'écran
L’inscription du député au ZEvent. // Source : Capture d’écran

Sa présence n’avait pas été validée en amont par Zerator, ni n’avait fait l’objet d’une invitation spécifique. En effet, l’édition 2025 a pour particularité d’être ouverte à tous pour les personnes à distance (les individus sur place sont en revanche conviés par l’organisation). Par ailleurs, Les règles de participation étaient minimales au début.

Les prérequis demandés incluaient : être Partner ou Affiliate Twitch, avoir 50 streams, 10 000 heures de visionnage et 50 spectateurs en moyenne. Autant de conditions satisfaites par le parlementaire, puisque son inscription a pu aller au bout du processus. Sa chaîne Twitch, qui a plus de 2 200 fidèles, est d’ailleurs plutôt active.

Mais la perspective d’avoir un parlementaire, qui plus est lié au président Macron, n’est pas passée auprès de nombreux internautes. En réponse à sa publication sur X, plusieurs d’entre eux lui sont tombés dessus, avec des réactions parfois très virulentes. Il a également été torpillé par des figures du streaming, comme OPCrotte et Antoine Daniel.

Source : Capture d'écran
Le message, sur BlueSky, d’Antoine Daniel, un participant régulier au ZEvent, et un streameur de premier plan. // Source : Capture d’écran

« J’avoue ne pas comprendre pourquoi cette espèce de petit député médiocre qui a voté la loi Duplomb décide de s’inscrire au ZEvent à part pour plaire à un public plus jeune qu’il doit estimer, à tort, être bête et crédule, il est toujours temps de se désinscrire et d’être cohérent dans sa nullité », a ainsi écrit Antoine Daniel sur Bluesky.

L’agacement du streameur français, l’un des plus suivis sur Twitch, est à l’image de l’opinion exprimée par de nombreux internautes. Cependant, c’est aussi l’un des messages les plus pondérés. Parmi les commentaires laissés depuis le 27 juillet, certains se sont avérés bien plus hostiles, avec parfois des injures. En tout, 614 réactions ont fleuri sous le message.

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La réaction d’OPCrotte en réponse au député, une streameuse qui n’est pas inscrite pour l’heure au ZEvent. // Source : Capture d’écran

Au centre de la polémique : un vote pour la loi Duplomb

Grief principal invoqué comme motif d’exclusion : Denis Masséglia a voté la loi Duplomb, surnom donné à la proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur. Ce texte, pris notamment en réaction au mal-être des agriculteurs exprimé en 2024, a finalement été adopté le 8 juillet 2025 au Parlement.

La pétition lancée au Parlement va ouvrir un débat à la rentrée chez les parlementaires. Elle n’engage cependant à rien : cela ne va pas mécaniquement entraîner le retrait de la loi Duplomb.

Mais cette loi est aujourd’hui vivement contestée dans l’opinion publique. On lui reproche d’avoir été écrite sous l’influence des lobbies, et de réintroduire, par dérogation et ponctuellement, certains pesticides. Une pétition a pris forme et a collecté plus de 2 millions de voix, sur les 500 000 requis pour demander au Parlement de rediscuter du texte.

C’est un insecticide néonicotinoïde précis, l’acétamipride, qui a cristallisé les débats de la loi Duplomb. Précisément, il est accusé d’être néfaste pour la santé humaine et d’être fatal pour les abeilles. Cependant, les effets dont il est question ne font pas consensus chez les scientifiques — en particulier sur les doses réelles utilisées.

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Les effets des insecticides sur les abeilles suscitent des craintes dans la population. // Source : Hansbeen

S’il manque des études d’ampleur sur les néonicotinoïdes pour évaluer plus précisément l’impact sur la santé humaine et l’écosystème. On a aussi noté la circulation de fausses informations sur ces insecticides, qui ont eu pour effet de polluer le débat. Cette discussion se poursuivra aussi devant le Conseil constitutionnel, qui a été saisi.

Des plaintes contre certaines injures

Tel est donc le contexte dans lequel la controverse sur la présence de Denis Masséglia au ZEvent est apparue — une affaire qui a pris des proportions suffisamment importantes pour conduire l’élu à publier, le 30 juillet, un communiqué pour dénoncer certaines réactions excessives — et annoncer une série de plaintes.

« Qu’on s’interroge sur mon inscription, c’est légitime. Qu’on m’insulte ou me menace, c’est non. […] Je subis un déferlement de haine. Je lis des messages d’une brutalité extrême, certains s’arrogent le droit d’insulter et de menacer. […] Je déposerai cette semaine une première série de plaintes pour menaces, insultes et incitations au suicide », lit-on notamment.

Son message vient aussi exposer les raisons de sa participation, se disant lié à la culture populaire et geek, en ayant, lui aussi, une passion pour les jeux vidéo, les mangas et le bricolage informatique. Des centres d’intérêt qu’il a dit avoir avant d’entrer en politique — et qu’il a parfois traduits politiquement, à l’image du groupe d’études sur le jeu vidéo, dont il est membre.

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La mise en place du groupe d’études, en 2017. // Source : capture d’écran

Il a précisé aussi vouloir aider la cause (cette année, l’argent soutiendra des associations travaillant pour les patients et les aidants). Mais là encore, il a pris un retour de bâton. D’aucuns ont jugé paradoxal de voter cette loi (qui est suspectée d’être cancérigène à cause de l’acétamipride) tout en disant vouloir aider la Ligue contre le cancer.

Denis Masséglia ne figure plus aujourd’hui dans la liste des streameurs en distanciel pour le ZEvent. Le 30 juillet, il a dénoncé de fausses rumeurs qui suggéraient qu’il s’était désinscrit. Cependant, il avait suggéré qu’il serait prêt à accepter une modification des règles d’inscription par l’organisation, qui aurait pour effet de l’évincer, afin de préserver l’évènement.

Finalement, un document a été publié. Alors que Denis Masséglia respectait les critères initiaux du ZEvent, et tandis que Zerator avait statué en direct qu’il n’y avait pas d’autres conditions hormis celles édictées au départ, une charte a été publiée. Celle-ci ne se trouve pas sur le site officiel, mais a été relayée le 30 juillet sur le compte X de l’organisation.

Source : Capture d'écran
Une charte pour le ZEvent : une première. // Source : Capture d’écran

Parmi les ajouts, on y lit : « neutralité partisane et confessionnelle : pour garantir cette neutralité, les personnes exerçant un mandat politique en cours (local, régional, national, européen…) ou ayant exercé un mandat dans le passé ne peuvent pas participer ». Un passage clairement lié à l’affaire du député de Renaissance.

Pas la première fois que le ZEvent est frappé d’une polémique

En 2022, il était prévu de soutenir l’organisation GoodPlanet avec le ZEvent. C’était le plan de Zerator, qui avait annoncé son nom en milieu d’année. Cependant, le profil de GoodPlanet a donné lieu à une vive controverse qui a fini par entraîner un divorce entre le ZEvent et GoodPlanet. Il a donc fallu trouver une solution de repli : plutôt que de choisir, Zerator a laissé Internet décider.

GoodPlanet
La page d’accueil de GoodPlanet. // Source : Capture d’écran

Les internautes ont pu voter sur un site dédié pour retenir cinq autres associations parmi vingt-deux présélectionnées. Les cinq choisies (Time for the Planet, Sea Shepherd, la Ligue de protection des oiseaux, WWF et The SeaCleaners) ont aussi fait l’objet de critiques, mais celles-ci se sont avérées nettement moins vives que celles ciblant GoodPlanet.

Précédemment, en 2019, ce sont l’insuffisante mixité et la faible diversité des profils qui ont été dénoncées. En 2021, la réaction des organisateurs a été critiquée après une sortie jugée misogyne d’un vidéaste contre une invitée ne parlant pas français. Une vidéaste était intervenue pour obtenir des excuses, avant d’être la victime d’un harcèlement en ligne.

Une autre controverse en vue ?

Fin de l’histoire ? Cela reste à voir, car une autre polémique pourrait aussi éclater : celle de la présence d’IAM au concert organisé la veille du ZEvent.

En effet, d’aucuns ont souligné que le chanteur du célèbre groupe de rap, Akhenaton, s’est illustré par le passé par des positions anti-vaccinales et complotistes. Il est même apparu dans un « documentaire » du collectif conspirationniste Réinfo Covid, fondé par Louis Fouché, décrit comme un influenceur covido-sceptique.

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L’un des problèmes relevés dans les prises de position du leader d’IAM, ces dernières années. // Source : Capture d’écran

Comme le souligne le journaliste Victor Mottin, spécialiste des sujets liés à la désinformation, Akhenaton s’est enfoncé dans une pensée de plus en plus complotiste. Selon lui, « le Covid a été une expérience sociale planétaire », l’OMS serait « complètement assujettie à des multinationales de la santé ou des fondations aux objectifs troublés. »

Ces positions radicales pourraient être vues comme en contradiction avec la charte, qui rejette les contenus et comportements inacceptables (rejet de la diffusion ou soutien à des théories extrémistes). Cela étant, cette charte ne s’applique pas tout à fait ici, car le concert est un évènement séparé du ZEvent, qui a lieu un jour avant.

Cela pourra paraître paradoxal, alors même que l’évènement est centré cette année sur le domaine médical et la santé, et l’aide aux aidants et aux patients, qui se sont retrouvés en première ligne face à la pandémie — on estime que le Covid-19 a tué 170 000 personnes en France.

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