Annoncé le 27 juillet, le nouveau deal entre l’Union européenne et les États-Unis est très mal accueilli de ce côté-ci de l’Atlantique. Des voix s’élèvent pour dénoncer une soumission du Vieux Continent. Des appels se font entendre pour une riposte.

« C’est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission. » Voilà la façon dont le Premier ministre François Bayrou a choisi de décrire l’accord conclu entre l’Union européenne et les États-Unis, par Ursula von der Leyen et Donald Trump.

Des mots durs, mais qui sont à l’unisson de la classe politique française. Au sein du camp présidentiel, le mécontentement des élus est manifeste, à l’image des réactions d’Éric Bothorel et de Philippe Latombe : un « mauvais accord », pour le premier ; un choix qui évite certes une guerre commerciale, mais « au prix d’une soumission coupable », pour le second.

Ailleurs en Europe, le rejet du deal est tout aussi manifeste, à l’image des propos de la Grecque Éva Kaïlí, une ancienne députée européenne et ex-vice-présidente du Parlement européen. « L’Union a donné plus qu’elle n’a reçu. C’était le moment de négocier en tant qu’Union forte. Au lieu de cela, nous avons agi comme un acheteur fragmenté. »

Une soumission à l’Amérique ?

D’après les premiers éléments de l’accord, l’Union européenne va :

  • être assujettie à des droits de douane de 15 % sur ses exportations vers les États-Unis ;
  • lever certains droits de douane sur des importations américaines ;
  • investir 600 milliards de dollars aux USA, notamment dans l’équipement militaire américain ;
  • dépenser 750 milliards de dollars dans le secteur de l’énergie sur trois ans, notamment dans le gaz naturel liquéfié, le pétrole et les combustibles nucléaires américains, afin de réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie ;

Une dépendance en remplace une autre, en somme.

White House tariffs
la Maison-Blanche voit dans ce deal plusieurs avantages pour l’Amérique. // Source : Capture d’écran

Alors que le deal est perçu comme une soumission navrante de l’Europe vis-à-vis de l’Amérique, toutes les analyses ne convergent pas vers un scénario catastrophiste. Ainsi, s’agissant des droits de douane, il apparaît que le taux retenu était déjà celui en vigueur (surtaxe de 10 % et le taux de 4,8 % préexistants). En somme, cela ne changerait guère la donne.

Même son de cloche chez Aslak Berg, chercheur associé au think tank Center for European Reform. S’il s’agit effectivement d’une défaite politique pour l’Europe, ce pourrait être au contraire une victoire sur le plan économique : pour le taux, jugé soutenable et gérable, et pour les enjeux de fond, qui consistent à se détacher de la Russie et à lui résister.

Donald Trump et ses frais de douane. // Source : Fox News
Donald Trump et ses frais de douane, annoncés début 2025. // Source : Fox News

Appels à la riposte, y compris en France

Reste à savoir si ces éléments de réflexion, qui offrent une lecture plus nuancée de l’accord transatlantique, suffiront à apaiser les esprits. En France, on voit déjà poindre des initiatives pour riposter à l’arrogance de Washington, que ce soit à un niveau européen ou bien à un national, c’est-à-dire français.

« Nous sommes importateurs de services numériques américains qui persistent à bénéficier de passe-droits fiscaux en Europe. L’activation de l’instrument anti-coercition européen doit y remédier pour taxer les services numériques ou les exclure des marchés publics », a souligné Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe.

Le Digital Services Act s'attaque aux GAFAM et aux autres géants du web.  // Source : Numerama
La taxe GAFA en France pourrait être revue drastiquement à la hausse. // Source : Numerama

Le député Denis Masséglia, issu du camp présidentiel, souhaite d’ailleurs agir vite. Il a déclaré sur X avoir l’intention de déposer un amendement au prochain projet de loi de finances pour relever la taxe GAFA de 3 % à 15 %, qui s’applique aux géants au-delà d’un certain chiffre d’affaires. « Ils font leurs profits ici, ils paieront ici », a-t-il lancé.

Reste toutefois un point que le parlementaire n’aborde pas, mais dont l’issue ne fait guère de doute : même si la taxe GAFA est relevée à 15 %, ce ne sont pas véritablement les poids lourds du numérique qui la paieront, mais bien le public, en bout de chaîne. On a déjà vu ça par le passé, il n’y a aucune raison pour que cela ne se reproduise pas.

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