Les opérateurs ne s'entendent pas sur le recyclage des ondes pour accélérer l'arrivée de la 4G en France. Bouygues défend la reconversion immédiate des fréquences 1800 MHz (2G), tandis qu'Orange et SFR proposent de reporter ce sujet à l'année prochaine. Derrière ce désaccord se cache des enjeux commerciaux pour chacun d'entre eux.

Au cours de la procédure d'attribution des licences 4G, Orange a d'abord dépensé plus de 287 millions d'euros pour un bloc 20 MHz duplex dans la bande de fréquences 2,6 GHz puis 891 millions d'euros pour un bloc 10 MHz duplex dans la bande de fréquences 800 MHz. Au total, Orange a dépensé plus de 1,18milliard d'euros. Seul SFR a déboursé plus d'argent (1,22 milliard d'euros).

Or, il est aujourd'hui question d'exploiter la bande de fréquences 1,8 GHz pour soutenir le déploiement de la 4G en France. Cette bande est jusqu'à présent utilisée pour acheminer les communications en 2G. Bouygues est très favorable au recyclage de la bande 1,8 GHz pour la 4G. Cela donnerait à l'opérateur un avantage certain par rapport à ses concurrents, d'autant qu'il moins dépensé pour les licences 4G.

Mais Orange ne veut absolument pas que ce scénario se concrétise. Pour l'opérateur historique, ce serait un coup de pouce injustifié à un opérateur alors même que celui-ci a mis moins d'argent sur la table lors de la procédure d'attribution des licences 4G. Pour SFR et Orange, qui ont dépensé chacun plus d'un milliard d'euros, ce serait alors une situation très pénalisante.

"Si les autorités donnent leur feu vert, elles permettront à un acteur d'avoir une meilleure couverture 4G que les autres, et cela ne serait pas équitable", a ainsi jugé Stéphane Richard aux Échos. Si recyclage il doit y avoir, estime Orange, celui-ci ne doit pas survenir avant 2014. Une position partagée par SFR, qui plaide aussi pour un report du feu vert à l'an prochain.

De son côté, Bouygues guette l'avis de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes. "Tant qu'on n'a pas le droit de lancer la 4G, on ne la lance pas. On est l'arme au pied, on attend l'autorisation administrative", a déclaré Martin Bouygues, cité par La Tribune. Et même en cas de refus, Bouygues pourra toujours compter sur ses blocs dans les bandes de fréquences 800 MHz et 2,6 GHz.

Mais en cas de feu vert, tout ne sera pas rose pour autant. Si l'opérateur pourra faire des économies sur le déploiement des infrastructures 4G, puisque ses installations déjà en place pourront être adaptées grâce à une simple mise à jour logicielle, la reconversion sera coûteuse : 64 millions d'euros par opérateur. Un montant que Martin Bouygues juge particulièrement élevé.

Source : Numerama

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