La Marine russe est loin d’être en sécurité. Sa flotte en mer Noire a été attaquée par des drones ukrainiens ce 29 octobre 2022 : huit appareils aériens et sept maritimes. Si les modèles kamikazes ne sont pas nouveaux dans cette guerre, l’utilisation d’engins opérants sur l’eau est inédite. Ces drones sont d’autant plus mystérieux que personne n’arrive à réellement les identifier. Quelques pistes sont envisagées à partir des images récoltées.
D’abord, des vidéos de l’attaque du 29 octobre ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Le ministère de la Défense russe affirme que quelques navires auraient subi des « dégâts mineurs ». Or, les images publiées par un journaliste ukrainien, Andriy Tsaplienko, montrent que le vaisseau amiral Makarov a été directement endommagé par un drone kamikaze.
Les appareils ukrainiens ont également touché le navire de guerre contre les mines, Ivan Golubets, une information confirmée ce 30 octobre sur la chaine Telegram du ministère de la Défense russe. Le Kremlin avait attendu quelques jours pour confirmer le naufrage du précédent vaisseau amiral Moskva, touché par un missile Neptune de l’armée ukrainienne. On ne peut pas déterminer l’étendue des dégâts pour l’instant.
Cette attaque dirigée directement contre les navires positionnés dans le port de Sébastopol maintient la Marine russe dans un état anxiogène. Depuis la perte du Moskva, le Kremlin positionne ses frégates loin des côtes défendues par les Ukrainiens. Les appareils kamikazes utilisés par l’Ukraine mettent en danger les vaisseaux russes lorsqu’ils sont utilisés en nombre : un navire de cette taille est d’abord muni de canons et missiles. L’équipage peut difficilement lutter contre un essaim de drones lancés depuis plusieurs positions.
Des composants canadiens
Les engins en question seraient de fabrication ukrainienne et conçus à partir de composants issus de plusieurs pays. Un modèle échoué en Crimée a suscité beaucoup d’interrogations, mais aucun expert militaire n’a été capable de l’identifier. Grâce aux vidéos, on sait que c’est le même type d’appareil qui a été utilisé lors de l’attaque du 29 octobre. L’analyse d’image par HI Sutton de US Naval Institute News indique que le moteur conduisant l’engin proviendrait du fabricant canadien Sea-Doo.
Le Kremlin a déclaré dans un communiqué que d’après ses analyses, les drones étaient équipés de modules de navigation canadien et avaient été lancés depuis la côte près d’Odessa.
Moscou accuse aussi « des spécialistes britanniques » d’avoir aidé l’Ukraine dans cette attaque. Des sources russes affirment également qu’un grand drone de surveillance américain à longue endurance RQ-4B Global Hawk a probablement effectué une reconnaissance avant frappe pour le compte de l’Ukraine ce matin-là.
L’accord sur le transport de céréales suspendu par les Russes
Moscou se sert de cette attaque pour fermer le corridor maritime de transport céréalier. Les autorités russes estiment que les drones ukrainiens ont emprunté cette voie pour attaquer Sébastopol. Or, l’axe en question se trouve à plus de 200 km du port. L’accord était déjà fragile, puisque les Russes ont frappé le port d’Odessa, d’où partent les cargos, avec des missiles le lendemain de sa signature.
« Concernant les allégations de détournement de navires de l’Initiative de l’ONU pour des objectifs militaires, aucun d’entre eux n’était dans le corridor la nuit du 29 octobre au moment de l’attaque » a assuré Martin Griffiths, le chef de l’agence humanitaire.
Douze cargos ont quitté les ports ukrainiens selon le ministre des infrastructures d’Ukraine. « Les délégations de l’ONU et de la Turquie fournissent dix équipes pour inspecter 40 navires visant à réaliser l’initiative céréalière de la mer Noire », précise le ministre Olexandr Kubrakov sur Twitter en ajoutant : « Ce plan d’inspection a été accepté par la délégation ukrainienne. La délégation russe a été informée ».
De son côté, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a assuré que son pays était « résolu à poursuivre ses efforts » et à défendre l’accord sur les céréales ukrainiennes, « malgré les hésitations russes ».
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