Il y a deux ans, en octobre 2023, la MG4 s’invitait sur la troisième marche du podium du nombre d’immatriculations en France. La marque chinoise bénéficiait encore des aides gouvernementales, ce qui lui permettait d’attirer de nombreux clients. Mais la fin de la bonne époque se profilait déjà : le bonus écologique pour les modèles fabriqués en Chine allait s’arrêter deux mois plus tard.
Rares sont désormais les marques chinoises qui parviennent à placer l’un de leurs modèles électriques en tête d’un classement mensuel. En octobre 2025, elles n’ont représenté que 6 % des immatriculations de voitures électriques — soit 1 899 exemplaires — après avoir culminé bien plus haut auparavant. C’est à peine plus que le nombre de Renault Scénic immatriculés lors du même mois : autant dire que cela ne pèse pas bien lourd. Certaines de ces marques ont carrément déjà disparu comme Aiways et Seres.
Si la suppression des aides françaises et la surtaxe douanière européenne ont effectivement détourné les clients des voitures électriques chinoises, il reste pourtant un énorme trou dans la raquette. Ces marques ne vendent pas forcément moins : les achats se sont simplement reportés sur leurs modèles hybrides, pour celles qui en proposent.
Une bascule irrémédiable vers l’hybride ?
Fin 2023, MG se félicitait de réaliser 80 % de ses ventes en électrique. Deux ans plus tard, ces modèles ne représentent plus que 13 % des ventes de la marque entre janvier et octobre, et seulement 9 % sur le mois d’octobre 2025. La MG4 n’est plus la meilleure vente de la marque : elle n’arrive qu’en 4e position derrière trois hybrides sur le cumul annuel. Elle s’est même fait doubler par la S5 EV sur le seul mois d’octobre. Les volumes n’ont plus rien à voir avec ceux de 2023 : 138 MG S5 EV, 122 MG4… Cette dernière écoulait alors 10 à 20 fois plus d’exemplaires. En revanche, le boom est bien visible sur les hybrides, avec notamment 1 313 MG ZS immatriculées en octobre 2025.

Si BYD a d’abord attaqué le marché avec des modèles 100 % électriques, la marque introduit désormais des hybrides rechargeables : Seal U et bientôt Seal 6 et Atto 2. Une bascule comparable à celle de MG pourrait rapidement s’opérer. Elle est déjà visible à l’échelle européenne, avec 43 945 Seal U — majoritairement hybrides — immatriculées entre janvier et août 2025, contre seulement 11 832 Seal électriques sur la même période.
Le phénomène reste moins marqué en France, où les écarts sont plus resserrés. Néanmoins, les électriques ne représentent déjà plus que 63 % des ventes durant les dix premiers mois de l’année, et 53 % sur le seul mois d’octobre. La part des hybrides pourrait continuer à croître, à moins que l’inauguration de l’usine hongroise et la production européenne de plusieurs modèles électriques ne changent la donne, grâce au retour des aides à l’achat françaises.
Leapmotor fait également partie des marques ayant introduit des hybrides, plus exactement des véhicules à prolongateur d’autonomie (EREV) dans leur gamme. Pour le moment, la citadine électrique T03 garde la tête des immatriculations avec 288 exemplaires octobre, mais pour combien de temps ? Les résultats restent modestes en France pour la marque soutenue par Stellantis : 2 675 unités depuis le début de l’année. Elle devance de peu Xpeng, que ce soit en France ou en Europe.
Un nouvel acteur aux dents longues
Il faut rechercher après la 30e position du classement pour trouver les premiers modèles de Leapmotor, Xpeng, et encore plus loin ceux de BYD ou MG. Toutefois, un tout nouveau constructeur chinois méconnu du grand public peut se targuer de faire mieux que ces marques. Après une entrée déjà remarquée le mois dernier avec 110 exemplaires immatriculés, Skyworth a enregistré 356 nouvelles immatriculations en octobre pour son modèle nommé « K ».

Même si la marque a exposé au dernier Mondial de Paris, elle n’a depuis pas vraiment officialisé son démarrage commercial. Pas de publicité, pas de communication à la presse ou sur les réseaux sociaux durant les derniers mois, pas d’essais presse pour accompagner le lancement du modèle en France. Les volumes d’immatriculation de la marque sont donc une surprise.
En grattant les statistiques, on découvre toutefois qu’une très large majorité de ces véhicules a été immatriculée par et pour Skyworth – non seulement en véhicules de démonstration, mais aussi via des filiales fiduciaires de l’entreprise. Il n’y a aucune immatriculation à destination des particuliers, ce qui reste atypique à ce niveau de volume. Le mystère demeure ainsi entier sur la stratégie de ce nouvel entrant.
Xpeng : la croissance tranquille
Malgré une offre toujours limitée à deux modèles (G6 et G9), Xpeng avance doucement, mais sûrement. C’est surtout le G6, concurrent direct du Tesla Model Y, qui attire les acheteurs : 284 exemplaires en octobre, dont plus de 65 % vendus à des particuliers, un chiffre stable sur l’année.

Ce n’est sans doute pas la croissance explosive qu’espéraient ces constructeurs en débarquant sur le marché européen. Mais, compte tenu des nombreux obstacles mis sur leur route, cela reste un score honorable, que bien des marques japonaises rêveraient d’atteindre sur l’électrique.
L’image du constructeur chinois dominant sans partage les ventes de voitures électriques appartient désormais au passé. Le gouvernement a réussi à rediriger les achats des entreprises et des particuliers vers les modèles européens. Pour l’hybride, c’est une autre histoire. Ni l’Europe ni la France ne semblent s’en inquiéter : aucune surtaxe douanière n’est même envisagée pour les hybrides produits en Chine. Un deux poids, deux mesures difficile à comprendre, alors même que l’on cherche à faire croître la part de marché des électriques en Europe.
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