Pour une fois, nous allons nous intéresser à une marque chinoise qui a vu le jour il y a près de 30 ans, en 1997 : Chery. Ce groupe automobile totalement inconnu pour nous Européens s’est véritablement lancé à la conquête de notre continent (hors marques comme DR) en février 2024 avec une nouvelle identité baptisée Omoda-Jaecoo, spécialement pensée pour le Vieux-Continent.
D’abord commercialisée en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni ainsi qu’en Pologne, la marque débarquera en France au printemps 2026 avec toute une gamme de SUV. Et si le constructeur propose bien des versions 100 % électriques, celles-ci ne feront pas le déplacement jusque chez nous ! À l’occasion d’un voyage en Chine organisé par la marque, Numerama a pu découvrir l’univers de la marque et savoir pourquoi cette dernière fait l’impasse sur les déclinaisons survoltées… pour le moment.
Omodo-Jaecoo : une marque deux-en-un
Omoda-Jaecoo, voilà une marque pas vraiment claire à la première lecture, et à raison. En réalité, il s’agit plutôt de deux marques regroupées sous la même enseigne. Les modèles sont strictement identiques d’un point de vue technique, mais ils diffèrent par leur esthétique et leur philosophie. Omoda préfère une approche plus moderne et futuriste, tandis que Jaecoo joue sur le côté robuste et « outdoor ». Grosso modo, quand l’une affiche des silhouettes de crossover élancé, l’autre se distingue par un design plus cubique.

On pourrait faire le parallèle avec ce que fait Stellantis pour Citroën et DS (mêmes voitures, philosophie différente). En revanche, pour distribuer ces marques, le groupe nous explique qu’il adoptera la même stratégie que le Jaguar-Land Rover avec des concessionnaires regroupant les deux entités chinoises dans le même bâtiment. À ce sujet, le Chinois est bien conscient de la difficulté de pénétrer dans un marché tel que la France et compte bien mettre toutes les chances de son côté en arrivant avec 70 concessionnaires. De quoi rassurer les clients toujours fidèles au modèle traditionnel.
L’électrique arrivera plus tard, mais c’est une bonne nouvelle
Le groupe Chery propose dans les 120 marchés qu’il couvre dans le monde toutes les motorisations, à savoir du thermique, de l’hybride et son penchant rechargeable ainsi que de l’électrique. Cependant, en Europe seulement un seul modèle carbure exclusivement à l’électricité : l’Omoda 5 EV. Le SUV de 204 ch embarque une batterie LFP de 61 kWh offrant une autonomie de 430 km WLTP. Un rayon d’action à peine plus généreux qu’une citadine comme la Renault 5 E-Tech 52 kWh (merci le NMC).
Du côté de la recharge, le temps de ravitaillement est également un peu gênant, avec un 30 à 80 % réalisé en 28 minutes, à une puissance maximale de 80 kW… Là aussi, c’est moins que certaines citadines !

Une telle proposition serait inévitablement vouée à l’échec en France, par exemple face à un Renault Scenic E-Tech. Le groupe chinois préfère ainsi retarder l’arrivée de son offre électrique avec une technologie plus pertinente et au niveau, si ce n’est au-dessus de la concurrence. Une décision intelligente, que le directeur de la filiale France de Chery, Hanbang Yu, résume à « slow is fast », traduisez « tout vient à point à qui sait attendre. » En soi, Chery n’est pas à la traîne sur le sujet, car il possède d’autres marques aux technologies assez évoluées. Il faut simplement réfléchir à comment les intégrer aux nouvelles marques Omoda-Jaecoo.

L’autre raison derrière ce choix, et pas des moindres, puisque ce sera lui qui fera le point de bascule : l’éco-score. Il nous a ainsi été confié que l’attribution du précieux sésame permettant de prétendre au coup de pouce CEE leur était indispensable pour être vraiment pertinent sur notre marché. Pour ce faire, le groupe chinois utilisera son usine à Barcelone, fabriquant des modèles Ebro, une marque locale ressuscitée par Chery en 2023. Sa transformation représente un investissement de 100 millions d’euros et devrait également permettre d’éviter les droits de douane imposés aux voitures électriques chinoises.

Pour davantage être intégrée durablement en Europe, la marque nous assure « qu’il n’y aura pas qu’une usine en Europe. » Chery est notamment en discussion pour partager une usine avec Volkswagen.
À quelles voitures électriques Omoda-Jaecoo s’attendre ?
Pour Hanbang Yu l’objectif est clair : « Nous voulons être entièrement implantés, pas simplement une énième marque chinoise. » Hormis les modèles hybrides qu’Omoda-Jaecoo lancera au printemps 2026, « d’autres modèles très prometteurs suivront rapidement dans les mois à venir. »
Après les Omoda 7 et 9 au lancement, il ne serait pas à exclure qu’une version restylée de l’Omoda 5 vienne s’ajouter au catalogue dans les mois suivants, avec une motorisation électrique revue donc. Le directeur de Chery en France souligne « qu’ils ne seront pas longs » à mettre en place leur usine produisant les modèles électriques. En revanche, Jaecoo ne comptera pour le moment pas de déclinaisons carburant à l’électricité, même s’il existe au Royaume-Uni le Jaecoo 5 EV.

Entre temps, le nouvel Omoda 4 fera son apparition au troisième trimestre de l’année 2026. Le SUV chinois a été présenté pendant que nous étions sur les terres de Chery en Chine, à Wuhu. Ce rival du Peugeot 2008 aura bien droit à une version 100 % électrique, assure Shawn Xu, le patron monde d’Omoda-Jaecoo.

Chery ne manque pas d’ambitions et pourrait également se lancer sur le segment des petites citadines comme ce qu’il fait en Chine avec le modèle QQ. « Nous avons la technologie pour le faire, si la demande est là, nous nous lancerons », affirme Hanbang Yu.
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