Ce n’est certainement pas l’usage auquel pensait WhatsApp en annonçant du changement dans le fonctionnement de sa messagerie instantanée, mais c’est un développement auquel la plateforme ne pourra pas vraiment s’opposer. L’application devient à son corps défendant un outil désormais très intéressant pour s’échanger des œuvres piratées en toute discrétion.
Le 5 mai, WhatsApp a annoncé l’élargissement des capacités de son outil de transfert de fichiers. Celui-ci était jusqu’à présent limité à 100 Mo par envoi. Un plafond trop juste en 2022, à l’heure de l’inflation du poids des documents : pour envoyer un fichier plus volumineux, il fallait soit le découper en plusieurs morceaux, soit opter pour une autre méthode.
Parallèlement, WhatsApp a partagé son intention d’étendre la taille maximale des groupes à 512 personnes. Cette fonctionnalité n’est pas encore déployée : elle est attendue pour 2022, sans plus de précision quant à la date exacte de son lancement. Mais la combinaison de ces deux changements pourrait signer un retour en force d’une certaine forme de piratage.
WhatsApp, nouveau canal pour s’échanger des fichiers piratés ?
Certes, ce ne sont pas ces usages qu’envisage WhatsApp. Dans son message, la plateforme imagine plutôt que ces évolutions feront le bonheur des groupes scolaires pour s’échanger leurs travaux personnels encadrés et leurs exposés, tandis que les entreprises de petite envergure auront enfin un moyen simple et gratuit pour faire circuler des fichiers.
Mais il ne faut pas se bercer d’illusions : il est sûr et certain que les internautes détourneront les fonctionnalités de WhatsApp non pas pour se partager la dernière version mon_exposé.pdf, mais aussi pour se transférer le tout dernier Moon.Knight.S01E06.720p.DSNP.WEBRip.DDP5.1.x264-NOSiViD. Et ça, WhatsApp ne pourra pas le voir.
Il est à rappeler que les transferts qui se font à travers WhatsApp se font sous l’empire du chiffrement de bout en bout — la plateforme le rappelle d’ailleurs dans son billet d’annonce. En clair, les documents sont chiffrés avant l’envoi, de sorte que WhatsApp ne peut ni voir le nom du fichier (et de toute façon, il peut être changé ou « caché ») ni son contenu.
Cette protection s’applique aux messages, photos, vidéos, messages vocaux, documents, mises à jour de statut et appels. WhatsApp ne peut pas savoir si votre fichier est un fichier piraté s’il s’agit d’une vidéo de vacances ou de tout autre chose. S’il le sait, ce sera alors le signe qu’une vérification préalable du fichier est effectuée et qu’il y a un souci de confidentialité.
Alors bien sûr, les internautes feront remarquer à raison qu’une limite de 2 Go ne permet pas de transférer un film piraté en 4K — en une seule fois en tout cas. C’est juste. Le plafond de 2 Go reste une contrainte pour les fichiers volumineux, que ce soit pour les jeux vidéo, les films ou les documentaires. C’est aussi vrai dans une moindre mesure pour les épisodes de séries.
C’est surtout exact pour les contenus en haute et très haute définition. Mais il faut se souvenir que les œuvres piratées sont aussi partagées dans des qualités réduites — il fut un temps où les films étaient compressés à 700 Mo pour tenir sur un CD. Sur les sites pirates, il n’est d’ailleurs pas difficile de trouver des films et des épisodes dont le poids est sous la barre des 2 Go.
Et puis il y a tout le reste : la musique, les applications, les livres électroniques, les scans de mangas, de BD ou de comics, les journaux, et ainsi de suite. Certains de ces fichiers pouvaient déjà être échangés avec la précédente limite de 100 Mo. Mais leur diffusion va être démultipliée avec l’arrivée prochaine des groupes autorisant jusqu’à 512 personnes.
Le téléchargement illicite reste puni par la loi, mais la diffusion, dans des groupes privés, d’œuvres culturelles va rendre la chasse aux pirates excessivement difficile ici. En revanche, celles et ceux qui récupèrent les fichiers ailleurs sur Internet pour ensuite les envoyer sur WhatsApp risquent toujours de tomber dans les mailles du filet de la lutte contre le piratage.
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