L’explosion de l’offre légale dans la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) va-t-elle finir par relancer le piratage ? Cette impression qui émerge parfois dans les conversations semble également partagée par un certain… Elon Musk. L’intéressé a en tout cas repris à son compte un mème le 22 février 2022, dans lequel il souligne la fragmentation désormais très importante dans le streaming légal.
Publié sur son compte Twitter, le mème est celui du « petit ami distrait » (« distracted boyfriend »), où l’on voit un homme se retourner au passage d’une femme, ce qui a le don de fâcher sa compagne. Sauf que par-dessus les protagonistes ont été accolées des vignettes symbolisant les services de SVOD et The Pirate Bay, le site pirate le plus connu du web.
Il s’agit ainsi de transformer le sens du message. Le jeune homme symbolise ici l’internaute, qui parait se détourner de The Pirate Bay après l’avoir fréquenté pendant des années, parce qu’il est séduit par Netflix : une offre légale pas très chère, facile d’utilisation et avec un catalogue fourni. Mais, au visuel suivant, la situation se renverse et, cette fois, l’internaute re-regarde The Pirate Bay.
Dans son message, Elon Musk a laissé un commentaire indiquant que les services de divertissement deviennent un cauchemar pour ce qui est de la gestion des noms d’utilisateur, mot de passe et authentification à deux facteurs. Si ce n’est pas tout à fait inexact (bien que les plateformes n’imposent pas, par exemple, le 2FA), c’est à travers l’éclatement de l’offre que ce souci existe.
Le mème utilisé par Elon Musk liste cinq grands services (Netflix, Disney+, HBO Max, Amazon Prime Video, Paramount+), mais on pourrait en ajouter d’autres, ne serait-ce qu’en France : Canal+, Salto et OCS, mais aussi des plateformes un peu moins connues, comme Mubi, UniversCiné. Et on pourrait citer aussi Apple TV+ et tous les services spécialisés dans l’animation japonaise.
Trop de services de SVOD sur le marché ?
Évidemment, la question du coût d’accès à ces services n’est pas vraiment dans la tête de l’entrepreneur américain, étant donné sa vaste fortune. Mais à l’échelle du grand public, c’est au contraire un vrai sujet : avec des abonnements mensuels qui tournent tous autour de la dizaine d’euros (et qui peuvent parfois augmenter), il peut être difficile d’assumer plusieurs forfaits.
Bien sûr, il existe maintenant des « packs » qui permettent de regrouper plusieurs formules en une seule. Canal+ par exemple propose un accès unique à Disney+, OCS ou Netflix (ainsi qu’à ses contenus, bien entendu), si on choisit une formule adaptée. Mais cela se répercute de toute façon dans le prix : au lieu de payer juste dix euros, il faut verser un montant presque cinq fois plus élevé.
Lorsque l’offre légale en streaming vidéo a émergé au cours des années 2010, le nombre de services était réduit. Netflix était en quelque sorte le seul maître à bord et on pouvait imaginer que le phénomène du piratage pourrait s’estomper à terme avec l’existence d’une plateforme centrale. Mais depuis, d’autres challengers très puissants ont émergé.
Et contrairement aux plateformes de streaming musical qui, dans l’ensemble, ont accès aux mêmes catalogues des maisons de disques, la SVOD a pour particularité de financer énormément de contenus exclusifs. Disney+, Netflix, Canal+, Apple TV+, Amazon Prime Video, HBO Max : tous produisent des films, des séries et de l’animation qu’on ne retrouve pas ailleurs.
Peut-être cela peut-il être gérable pour des budgets limités dans le divertissement, lorsque les plateformes ne sont que très peu. Mais cela devient intenable au-delà, si les sommes allouées aux loisirs ne peuvent pas être davantage accrues. Un point de bascule menace, même si pour l’heure le risque est contenu aussi par le fait que les internautes se partagent les mots de passe.
Le piratage, en tout cas, n’a toujours pas disparu, malgré l’explosion de l’offre légale dans la musique, les films, le jeu vidéo et ailleurs. Si les législations se durcissent, y compris en France, pour mieux combattre le cas de la retransmission en streaming pirate (notamment des matchs de sport), les échanges perdurent sur des sites tels YggTorrent, Rarbg, 177x ou LimeTorrents.
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