Les crypto-monnaies sont souvent accusées d’être un eldorado pour les malfaiteurs. La synthèse d’un rapport de Chainalysis publiée ce 6 janvier permet cependant de tempérer fortement cette idée.
La société spécialisée dans l’analyse de transactions crypto révèle qu’en 2021, seul 0,15 % d’entre elles étaient liées à des activités illicites. C’est très nettement moins qu’en 2019 : à l’époque, 3,37 % des transactions crypto étaient le fait d’acteurs engagés dans des activités prohibées par la loi.
Ce que cette évolution montre avant tout c’est le développement spectaculaire du marché crypto. Les criminels n’ont, bien entendu, pas cessé d’utiliser des crypto-monnaies l’an dernier. En 2021, les sommes reçues par des adresses illicites ont même augmenté : alors que le total s’élevait à 4,6 milliards $ en 2017 et à 11,7 milliards $ en 2019, il a grimpé à 14 milliards $ en 2021.
Mais les transactions légales ont de leur côté augmenté, et de manière incomparablement plus importante. « La croissance des usages légitimes des cryptomonnaies dépasse si nettement celle des usages criminels, que la part des activités illicites dans les volumes de transactions crypto n’a jamais été aussi basse », souligne Chainalysis.
Une régulation plus forte des crypto-monnaies
Il est important de noter que les transactions légales ne sont pas toujours des transactions ayant une utilité très concrète. Une étude du National Bureau of Economic Research publiée en octobre 2021 estime par exemple que 90 % des transactions enregistrées sur la blockchain du bitcoin ne sont pas liés à des « activités économiques concrètes mais sont liées au design du protocole Bitcoin ainsi qu’au goût de nombreux participants pour l’anonymat. »
Selon les auteurs de l’étude, de nombreux utilisateurs de bitcoin déplacent ainsi leur fonds sur diverses adresses et fragmentent leurs paiements afin que leurs activités soient moins faciles à tracer.
Malgré cette nuance à prendre compte, le fait que les transactions crypto liées à des activités illégales augmente si peu comparé à la manière dont elles évoluent dans la sphère légale est surprenant, voire rassurant. Si cette évolution est principalement liée à la popularité des crypto, elle montre aussi, dans une moindre mesure, que les autorités judiciaires arrivent mieux à combattre les activités crypto illicites.
Des services crypto de blanchiment d’argent sanctionnés
Fin 2021, le FBI a par exemple saisi 2,3 millions de dollars de crypto-monnaies liées au groupe de ransomware REvil. Chainalysis évoque également des plaintes déposées par la CFTC, l’agence de régulation des bourses américaines, contre des scams crypto et les sanctions qu’un organisme de contrôle financier américain (l’OFAC) a appliqué à Suex et Chatex, « deux services crypto basés en Russie et très actifs en matière de blanchiment d’argent ».
La lutte contre les activités crypto illicites ne doit cependant pas se relâcher, car le butin des malfaiteurs en 2021 (14 milliards $) demeure élevé. Les deux catégories d’activités illicites qui ont vu leur butin crypto le plus augmenter en un an sont les scams et les « fonds dérobés ».
Escroqueries et vol de crypto-monnaies
Les revenus de scams ayant fait l’objet de transactions crypto ont augmenté de 82 % et s’élèvent à 7,8 milliards de $. Une part importante de ces sommes vient de ce qu’on appelle un rug pull : un type de scam où des développeurs malintentionnés font croire à leur victimes qu’elles investissent dans un projet crypto fiable, puis s’enfuient avec l’argent que leurs cibles ont versé dans le projet.
C’est notamment ce qui s’est passé avec la plateforme Thodex en avril 2021 : celle-ci a brusquement stoppé les transactions, empêchant les personnages ayant investi dans le projet de retirer leur argent (2 milliards $ en tout). Le fondateur de Thodex, est désormais recherché par les autorités judiciaires de son pays, la Turquie, pour « escroquerie aggravée » et « création d’une organisation criminelle ».
Le vol direct de crypto a également beaucoup augmenté : l’équivalent de 3,2 milliards $ en crypto ont ainsi été dérobés en 2021 soit une hausse de plus de 500 % par rapport à 2020. Chainlysis estime que les adresses crypto liées à activités illicites détiennent, à l’heure actuelle, quelques 10 milliards de dollars.
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