IBM vient de présenter un nouveau processeur quantique, théoriquement plus puissant que les supercalculateurs actuels. Mais l’avancée de l’entreprise dans le secteur est à nuancer.

L’informatique quantique préoccupe tous les géants de la tech depuis des années maintenant. Google espère commercialiser une machine quantique d’ici 2029, Intel a déjà commencé à développer des puces dédiées à l’informatique quantique et IBM non plus ne veut pas se laisser distancer. L’entreprise centenaire vient d’ailleurs d’annoncer une nouvelle avancée dans le domaine.

IBM vient de dévoiler un nouveau processeur quantique si puissant qu’il dépasse, théoriquement, les capacités de n’importe quel supercalculateur sur Terre. C’est une avancée importante dans le secteur de l’informatique quantique.

Une nouvelle architecture quantique

La puce, surnommée Eagle 3D, embarque 127 qbit (ou bit quantiques). Pour rappel, les qbit, contrairement aux bits quantiques, peuvent exister dans les deux états binaires à la fois (le 1 et le 0). Cela leur permet d’offrir une capacité de calcul beaucoup plus élevée que nos machines « traditionnelles », dont les bits ne peuvent prendre qu’un état à la fois.

Pour donner une idée de la puissance d’Eagle 3D, IBM a expliqué que, pour simuler la puissance de calcul de sa puce, il faudrait autant de bits « traditionnels » qu’il y a d’atomes dans chacun des humains de la planète. Cela est rendu possible grâce à une nouvelle architecture employée par les équipes de l’entreprise. Eagle 3D est conçu sur plusieurs niveaux, avec les composants nécessaires à son fonctionnement situés sur plusieurs couches, et tous les qbit situés sur la même couche. Cela permettrait selon l’entreprise d’augmenter significativement la puissance de calcul, en facilitant les interactions des qbit les uns avec les autres et en réduisant les perturbations.

La puce IBM Eagle 3D // Source : IBM

La puce IBM Eagle 3D

Source : IBM

« Cette interconnexion particulière réduit le risque d’erreurs dues aux interactions entre qbit voisins, ce qui a permis d’améliorer considérablement la production de processeurs fonctionnels » a expliqué IBM dans un communiqué relayé par ZDnet le 15 novembre 2021.

Pas encore la suprématie quantique

Pour autant, même avec cette avancée, IBM ne prétend pas avoir atteint la suprématie quantique. Cette notion, qui décrit une situation ou un ordinateur quantique est capable de résoudre des tâches très difficiles pour un ordinateur classique, a fait débat ces dernières années. Google affirmait l’avoir atteint en 2019, mais IBM assurait que « la même tâche peut être effectuée sur un système classique en 2,5 jours et avec une fidélité encore plus grande ».

Pourquoi IBM ne profite-t-il pas de son avancée pour narguer Google ? Hé bien, parce que Eagle 3D n’est pas encore pleinement opérationnel. Le « volume quantique » — qui désigne les capacités de calcul d’un processeur quantique — de la puce n’a pas été communiqué par IBM.

Selon Jerry Chow, l’un des directeurs techniques du projet, si IBM va mettre à disposition les capacités de cette puce sur son cloud pour certains clients, l’entreprise « ne peut pas garantir de disponibilité minimum ou un niveau particulier de performance répétable, mesuré par le volume quantique ». D’autres avancées dans l’informatique quantique, notamment du côté de la réfrigération, seront nécessaires pour tirer pleinement parti de cette puce.

Eagle 3D est donc plus une preuve de ce qu’IBM est capable de faire dans le secteur de l’informatique quantique, avec sa nouvelle architecture de processeur. « Nous pensons que nous serons en mesure d’obtenir une démonstration de l’avantage quantique […] dans les prochaines années », a expliqué un ingénieur à Reuters.

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