Les restrictions de la Chine contre le bitcoin ont poussé les mineurs vers le Kazakhstan voisin. Le pays a été catapulté à la troisième place dans le minage mondial en avril 2021. Une mauvaise nouvelle sur le plan environnemental.

La géographie du bitcoin a beaucoup changé ces derniers mois. Une étude du Centre sur la Finance Alternative de Cambridge (en anglais, CCAF) révèle que la place de la Chine dans le minage de bitcoin a considérablement baissé, à mesure que Beijing durcissait le ton sur le sujet. La part de la Chine est passée de 75,5 % à 46 % du minage mondial entre septembre 2019 et avril 2021. Un des pays qui a le plus profité de cette bascule est le Kazakhstan. Le CCAF montre que la part que le pays occupe dans le minage mondial a presque été multipliée par 6 : elle est passée de 1,4 % à 8,2% au cours de cette période.

Cette hausse spectaculaire a « catapulté le pays à la troisième place dans le minage mondial », souligne le Centre sur la Finance Alternative de Cambridge. Ce n’est pas une très bonne nouvelle. Le minage de bitcoin consomme en effet beaucoup d’énergie. C’est lié à la conception de sa blockchain basée sur la preuve de travail : pour valider des transactions en les inscrivant sur de nouveaux blocs, les machines des mineurs doivent exécuter des calculs complexes. Tout cela consomme beaucoup d’électricité. La provenance de celle-ci est donc très importante. Or l’électricité du Kazakhstan est extrêmement carbonée : 90 % proviennent de combustibles fossiles, notamment du charbon. Le minage de bitcoin dans le pays va donc générer beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre.

La production d'électricité au Kazakhstan émet beaucoup de CO2. // Source : Alexander Serzhantov / Unsplash

La production d'électricité au Kazakhstan émet beaucoup de CO2.

Source : Alexander Serzhantov / Unsplash

Le Kazakhstan et les États-Unis attirent les mineurs de bitcoin

Il est important de noter que les données du CCAF ne portent que sur la période de septembre 2019 à avril 2021. Même si une partie des mineurs avaient noté le revirement de Beijing, et commençaient en conséquence à déplacer leurs activités, une autre partie continuait de miner en Chine. Ce n’est que mi-juin 2021 que la Chine a réellement mis un coup d’arrêt au minage, en ordonnant aux fournisseurs d’électricité de cesser de fournir les fermes à bitcoin. Depuis avril 2021, beaucoup d’autres fermes ont donc cessé leurs activités en Chine et, pour une partie d’entre elles, les ont relocalisées ailleurs. Il sera intéressant de voir, sur la prochaine publication du CCAF, si les effectifs au Kazakhstan se sont encore accrus davantage depuis, ou si les mineurs ont privilégié d’autres destinations.

Entre septembre 2019 et avril 2021, les  États-Unis ont vu leur part du hashrate total (la quantité de calculs que les mineurs peuvent réaliser par seconde dans le monde) passer de 4.1 % à 16.8 %. Il est certain que ce chiffre a encore augmenté depuis. Des États comme le Texas tentent d’attirer les mineurs sur leur sol à coup de réglementations favorables aux cryptomonnaies. Le fait qu’ils investissent dans les énergies renouvelables peut également intéresser les sociétés de minage qui seraient soucieuses des critiques sur leur bilan carbone.

La difficulté de miner du bitcoin a beaucoup baissé

À noter que les restrictions mises en place par la Chine contre les mineurs de bitcoin n’ont pas uniquement entraîné une modification complète de la géographie du secteur : elles ont aussi entraîné une baisse significative de la difficulté de miner. Le concepteur du bitcoin, Satoshi Nakamoto, a, en effet, fait en sorte que le rythme de validation des blocs sur la blockchain reste stable (toutes les 10 minutes).

Pour maintenir un rythme égal lorsque la capacité de minage augmente (si le nombre de mineurs augmente ou s’ils installent de nouvelles machines), la difficulté de miner du bitcoin est donc augmentée. À l’inverse, lorsque la capacité de minage baisse, la difficulté des calculs est allégée. Les mesures de la Chine ont entraîné une baisse fulgurante (-54 %) du hashrate. Le système inventé par le mystérieux Satoshi Nakamoto a cependant tenu bon et la difficulté de miner du bitcoin a été réajustée comme prévu. Celle-ci a baissé de 28 % début juillet.


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