Snapchat a décidé d’empêcher le compte de Donald Trump de profiter d’un espace lui permettant de mettre en avant ses publications. Le réseau social explique que cet espace est éditorialisé par ses soins et qu’il refuse de sélectionner un profil poussant à la violence.

Une digue a sauté aux États-Unis à l’égard de Donald Trump. Après Twitter fin mai, c’est au tour de Snapchat de serrer la vis au sujet de la parole présidentielle. Le réseau social spécialisé dans les messages éphémères, très apprécié par les adolescents, a décidé de restreindre la visibilité du locataire de la Maison Blanche, en lui coupant l’accès à Discover au motif qu’il incite à la violence.

« Nous ne pouvons tout simplement pas promouvoir en Amérique des comptes liés à des personnes qui incitent à la violence raciale, qu’elles le fassent sur notre plateforme ou non. Notre plateforme de contenu Discover est une plateforme gérée par nos soins, où nous décidons de ce que nous promouvons », écrit le 1er juin Evan Spiegel, le fondateur du service, dans un article de blog.

Evan Spiegel

Evan Spiegel, en 2019.

Source : Steve Jennings

Lancé début 2015, Discover (Découvrir en français) est un espace dans l’application où des médias et des personnalités sont mis en avant. En France, Le Monde, 20 Minutes, Paris Match, Cosmopolitan et Brut apparaissent par exemple sur ce service. Les contenus sont proposés sous forme de vidéo, en respectant le ton du réseau social : séquences courtes et colorées, agrémentées de textes et d’effets visuels.

En clair, Discover est un espace éditorialisé par Snapchat et les propos que tient Donald Trump depuis le déclenchement de l’affaire George Floyd ne collent pas avec ce que le réseau social entend en faire. « Nous avons parlé à maintes reprises de travailler dur pour avoir un impact positif, et nous allons joindre le geste à la parole avec le contenu que nous promouvons sur Snapchat », ajoute Evan Spiegel.

Snapchat conserve le profil de Donald Trump

Pour autant, il n’est pas question de censurer Donald Trump. Le président américain, qui dispose d’un compte sur la plateforme depuis début 2017, peut toujours s’y exprimer. Ses vidéos restent visibles par les personnes qui le suivent sur Snapchat mais aussi pour celles et ceux qui effectuent une recherche. Il n’a juste plus accès à un espace qui lui permettait d’atteindre un public qui ne lui est pas forcément acquis.

« Nous pouvons continuer à permettre aux personnes clivantes de maintenir un compte sur Snapchat, tant que le contenu publié est conforme à nos directives communautaires, mais nous ne ferons pas la promotion de ce compte ou de ce contenu de quelque manière que ce soit », explique Evan Spiegel, qui n’écarte donc pas la piste d’une exclusion du profil présidentiel si des écarts plus graves encore surviennent.

La virulence avec laquelle Donald Trump s’en est pris à Twitter lorsque le site a décidé de vérifier les dires du président américain, à deux reprises, puis en masquant par défaut un tweet accusé de glorifier la violence, pourrait toutefois inciter Snapchat à ne pas aller aussi loin. D’autant que les choses ont débordé, avec des campagnes de harcèlement visant des employés de Twitter, accusés de censurer le président américain — ce qui n’est pas le cas ; seuls des avertissements sont affichés.

realdonaldtrump Snapchat

realdonaldtrump Snapchat

Donald Trump n’a pas réagi publiquement à la décision de Snapchat. En revanche, son directeur de campagne pour l’élection présidentielle de 2020, Brad Parscale, lui, l’a fait, en affirmant dans une vidéo tournée sur Snapchat que le réseau social « tente de truquer les élections de 2020, en utilisant illégalement leurs fonds d’entreprise pour promouvoir Joe Biden et faire taire le président Trump ».

Il ajoute « qu’Evan Spiegel, le PDG radical Snapchat, préfère promouvoir des vidéos d’émeutes d’extrême gauche et encourager leurs utilisateurs à détruire l’Amérique plutôt que de partager les mots positifs d’unité, de justice et d’ordre de notre président. Snapchat déteste le fait qu’un si grand nombre de ses utilisateurs regardent le contenu du Président ».


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