C’est peut-être un SMS que vous avez reçu dès le 16 mars. Si vous ne l’avez pas encore sur votre smartphone, cela ne saurait tarder. Émis par « Gouv.fr », le texto insiste une nouvelle fois sur le respect scrupuleux des règles de confinement à appliquer dès maintenant, afin de casser la chaîne de transmission du coronavirus. Le message se termine par un lien vers le site du gouvernement pour plus d’informations.
L’envoi du SMS gouvernemental dans les heures qui ont suivi l’allocution du président de la République a évidemment engendré des réactions mi-amusées mi-étonnées sur les réseaux sociaux. Outre le fait qu’il est extrêmement rare de recevoir une telle interpellation de la part de l’exécutif, l’évènement a aussi soulevé quelques légitimes questions de la part de celles et ceux qui l’ont reçu… et des autres.
Des internautes ont ainsi déclaré ne pas s’attendre à ce que le gouvernement dispose de leur numéro, s’interrogeant parfois sur la légalité de cette démarche, tandis que d’autres se sont demandé pourquoi ils n’avaient (encore) rien reçu de la part de l’exécutif. De notre côté, plusieurs membres de la rédaction l’ont bien eu, à différents horaires — y compris en pleine nuit — et quel que soit l’opérateur.
Un envoi très progressif
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’y a rien à activer de son côté pour recevoir ce type de SMS. Si vous n’avez encore rien dans votre boîte de réception, cela signifie juste que vous n’avez pas encore été touché par cette campagne. L’acheminement du texto prendra du temps, car, comme le note le régulateur des télécoms, il y avait au 31 décembre 2019 77,2 millions de cartes SIM en service en France.
Le caractère progressif de cette opération d’information est le signe qu’il s’agit d’un SMS-MT. Ce sigle désigne tout simplement un SMS transféré du centre SMS (SMSC) vers un terminal mobile (MT signifie Mobile Terminated). Dans le sens inverse, on parle de SMS-MO (Mobile Originated), c’est-à-dire d’un texto qui part du mobile pour aller au SMSC, détaille l’Autorité de régulation des communications électroniques.
C’est ce que confirme l’avocat spécialiste des réseaux Alexandre Archambault, ancien responsable des affaires réglementaires chez Free. Dans une série de messages parus sur Twitter, il précise que le SMS-MT est organisé en volume d’envoi sur une période donnée, ce qui a pour effet d’étaler les transmissions dans le temps. Un plafond à laquelle doit aussi se soumettre le gouvernement.
Le gouvernement aurait pu aller plus vite
En principe, il aurait été tout à fait possible d’envisager une diffusion beaucoup plus rapide et massive grâce à une approche : celle du SMS-CB (pour Cell Broadcast).
Cette diffusion cellulaire permet de communiquer un même message à l’ensemble des mobinautes situés dans une zone géographique. Grossièrement, le texto n’est pas envoyé à un terminal, mais à une cellule du réseau, en clair une antenne des réseaux d’opérateurs. Celle-ci relaie alors le SMS à l’ensemble des appareils qui se trouvent à portée de l’antenne.
Le SMS-MT et le SMS-CB ont des usages fondamentalement différents. Le SMS-MT est une offre SMS à destination du marketing direct, précise Alexandre Archambault. C’est ce que l’on relève par exemple sur cette page business de SFR, qui donne un cas d’usage : une question à un contact par SMS-MT, qui répond avec un SMS-MO, pour savoir s’il est ravi de telle ou telle prestation.
En ce qui concerne le SMS-CB, il a vocation à servir aux situations d’urgence, comme un attentat ou une catastrophe naturelle. D’aucuns trouvent d’ailleurs que la situation actuelle aurait justifié le recours au SMS-CB. En effet, nous sommes en situation de pandémie mondiale avec un confinement demandé à l’ensemble de la population française pour au moins deux semaines. Le cell broadcast est utilisé dans plusieurs pays.
Quant à la légalité de la démarche, il n’y a pas de débat.
L’article 6 du RGPD rend licite le traitement des numéros de téléphone, notamment en raison de la nécessaire « sauvegarde des intérêts vitaux » des personnes, de « l’exécution d’une mission d’intérêt public » et du « respect d’une obligation légale à laquelle le responsable du traitement est soumis », tandis que l’article 33-1 du Code des postes et des communications, prévoit « l’acheminement des communications des pouvoirs publics destinées au public pour l’avertir de dangers imminents ou atténuer les effets de catastrophes majeures ».
Comme une pandémie.
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