Il fut un temps où il était possible de se servir de Messenger sans avoir besoin d’un compte sur Facebook. Ce temps est aujourd’hui révolu : comme l’a constaté le site Venture Beat le 26 décembre 2019, il y a eu une mise à jour discrète du service de messagerie instantanée. Désormais, l’existence d’un profil sur le réseau social est nécessaire pour accéder à Messenger. Ce changement a été confirmé par un porte-parole de l’entreprise américaine.
Celui-ci a mentionné un souci de simplification dans le processus de connexion : « Nous avons constaté que la grande majorité des personnes qui utilisent Messenger se connectent déjà par Facebook ». Un argument néanmoins curieux : en quoi mettre à disposition une méthode de connexion alternative pour les personnes que cela intéresse complexifie-t-il les choses pour les autres, qui ont déjà leur propre moyen d’accès, grâce à leur compte ?
Quoiqu’il en soit, cette évolution n’aura aucune incidence si vous utilisez déjà votre compte Facebook pour accéder à Messenger.
Pour les personnes qui utilisaient la méthode de connexion alternative, à savoir le numéro de téléphone du forfait téléphonique (celui faisant alors office d’identifiant pour retrouver la liste des contacts associés à tel ou tel numéro) il faudra dorénavant utiliser son compte Facebook, en se connectant avec l’adresse e-mail et le mot de passe correspondants. Idem pour les nouveaux venus qui n’ont jusqu’à présent jamais utilisé ni Facebook ni Messenger. Il leur faudra un compte dédié.
Des raisons objectives de faire ce changement
En fait, au-delà des justifications apportées par Facebook, d’autres hypothèses peuvent proposer une explication plus convaincante sur ce revirement, d’autant qu’elles couvrent tout d’importants enjeux pour l’entreprise américaine.
Il peut s’agir d’un moyen de recruter de nouveaux utilisateurs, en obligeant les internautes à passer par le réseau social pour profiter de la messagerie instantanée. Il devient difficile pour la plateforme de poursuivre sa croissance, surtout auprès des jeunes générations. Celles-ci se tournent vers d’autres services, comme Snapchat ou TikTok. Or, si elles délaissent Facebook, ce n’est pas forcément le cas de Messenger. Le site communautaire a donc une carte à jouer pour les faire venir sur Facebook.
Facebook peut aussi vouloir resserrer ses liens avec Messenger, dans un contexte politique où on parle de plus en plus de démantèlement des géants de la tech. Certes, la messagerie instantanée n’est pas directement ciblée — dans le cas de Facebook, on parle plutôt de lui retirer WhatsApp et Instagram –, mais la plateforme a tout intérêt à agir en amont. C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait en rajoutant la mention explicite « From Facebook » sur ses deux filiales pour bien rappeler à tout le monde qu’elles lui appartiennent.
Et puis cette modification peut aussi avoir des motivations techniques : on prête au réseau social la volonté de créer un système de messagerie unifié qui rassemblerait à la fois son outil de messagerie instantanée (Messenger), mais aussi WhatsApp et Instagram. Un tel chantier, qui concerne à chaque fois plus d’un milliard de profils (WhatsApp revendique 1,5 milliard d’utilisateurs actifs par mois, Messenger 1,3 milliard et Instagram 1 milliard) a bien sûr quelques challenges, par exemple au niveau du chiffrement.
Ces raisons, d’ailleurs, ne s’excluent pas les unes les autres. Ce simple changement peut permettre à Facebook de faire une pierre trois coups ou, du moins, avancer sur trois sujets de premier plan : l’audience de ses plateformes, la régulation de ses activités et l’unification de ses outils de discussion. Si ces hypothèses sont exactes, c’est peu cher payer de retirer un moyen de connexion alternatif, même si cela cause quelques désagréments, au regard des enjeux qui les sous-tendent.
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