Face à des obstacles techniques, la Nasa doit reporter le début de ses vols commerciaux pour transporter ses astronautes vers l’ISS. L’agence fait donc appel à Roscosmos et les vaisseaux russes Soyouz.

Si les agences spatiales nationales sont parfois en compétition diplomatique, elles travaillent aussi régulièrement ensemble. C’est le cas des États-Unis et de la Russie. Le 31 octobre 2019, le site de presse russe a annoncé la construction de deux nouveaux vaisseaux habités Soyouz. Ces derniers doivent être livrés à la Nasa par Roscosmos, l’agence spatiale russe.

En 2011, la Nasa a interrompu son programme de Navette spatiale. Depuis, les voyages habités pour emmener les astronautes américains sur la Station spatiale internationale sont assurés par les vaisseaux russes Soyouz. Le contrat qui lie les deux agences est censé expirer fin 2019. En remplacement, l’agence spatiale américaine prévoit de faire appel à des contrats commerciaux avec SpaceX (Crew Dragon) et Boeing (Starliner), des entreprises nationales.

Des astronautes et la Station spatiale internationale. // Source : Pxhere (photo recadrée)

Des astronautes et la Station spatiale internationale.

Source : Pxhere (photo recadrée)

Mais ce renouveau fait face à des reports techniques. En cause, par exemple, la nécessité de tester encore bien davantage le système d’évacuation d’urgence. Le directeur de la Nasa, Jim Bridenstine, a adressé une lettre dite « chaleureuse dans sa forme et son contenu » à Dmitry Rogozin, directeur de Roscosmos. Bridenstine indique dans cette lettre que les États-Unis accusent du retard dans le programme de vols commerciaux. De fait, l’agence américaine a besoin de navettes supplémentaires pour 2020-2021. L’absence de vaisseau spatial de transport serait une catastrophe pour les Américains. Cela signifierait que leur département scientifique sur l’ISS ne pourrait plus fonctionner correctement pendant une longue période.

La Russie tacle la Nasa au passage

Le communiqué de presse de la Russie ne se prive pas de tacler les États-Unis. Dmitry Rogozin rappelle qu’il avait « prévenu » les partenaires américains que l’annonce « triomphante » de vols commerciaux au printemps 2020 risquait d’être brisée par des problèmes techniques. Selon lui, ils « auraient dû commander des sièges Soyouz à l’avance, car cela prend deux ans pour construire de tels vaisseaux (…) ».

Malgré ces quelques pics, Roscosmos a d’ores et déjà alloué des fonds supplémentaires à la production de Soyouz pour répondre à la demande de la Nasa. Une décision logique d’un point de vue diplomatique, car le directeur de l’agence russe avait salué, en avril 2019, de bonnes relations entre les deux agences. Il déclarait alors que les personnes « professionnellement engagées dans des activités spatiales sont parfaitement au courant qu’elles ont besoin les unes des autres ».

Le premier vaisseau Soyouz supplémentaire devrait servir à envoyer des astronautes américains sur la Station spatiale internationale dès 2020, tandis que le second sera utilisé pour le tourisme spatial, dans le cadre du programme Space Adventures dont le lancement est prévu pour fin 2021.

Malgré ces reports, le succès général des capsules de SpaceX lors des tests est d’ores et déjà considéré comme un coup dur pour Roscosmos. Les vaisseaux Soyouz, imaginés dans les années 1960, apparaissent comme totalement dépassés par la performance technologique de Crew Dragon. Même si les États-Unis font une dernière fois appel à des Soyouz, il y a de fortes chances pour que ce soit une sorte de baroud d’honneur et qu’après 2021, plus aucune agence étrangère n’utilise les navettes russes.

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