Facebook a annoncé le 24 septembre l’acquisition d’une startup nommée CTRL-Labs, pour un montant qui pourrait avoisiner le milliard de dollars d’après CNBC. Pourquoi cette acquisition, peut-être la plus onéreuse depuis le rachat d’Instagram pour une somme similaire ? Car CTRL-Labs a créé un nouveau type d’interface entre l’humain et la machine : un bracelet capable de transmettre les commandes depuis le cerveau directement vers un ordinateur, dans un langage qui lui est compréhensible.
La recherche sur ce type d’objets n’est pas exclusive à Facebook et on pense immédiatement à ce que Neuralink, propulsé par Elon Musk, avait dévoilé en début d’année : une interface directement implantée dans le cerveau humain qui permettrait de l’augmenter. De son côté, Thomas Reardon, neuroscientifique connu autrement pour avoir créé Internet Explorer, n’est pas de l’avis du milliardaire derrière Tesla et SpaceX : il ne croit pas qu’un implant ferait mieux que son bracelet, d’après un reportage de The Verge.
Basée sur un bracelet nommé Myo avant de développer une version en interne, cette idée en développement depuis 2015 s’appuie sur l’électromyographie (ou électromyogramme) : des électrodes touchent le poignet et mesurent les impulsions électriques transmises par le cerveau. Comme un temps s’écoule entre une intention et une action, l’objet de CTRL-Labs est censé pouvoir anticiper l’action en lisant l’intention. Ce qui signifie, en théorie, que la personne qui porte le bracelet n’a besoin que de penser à une action à transmettre à l’ordinateur pour le contrôler, sans même avoir à bouger — nous ne sommes pas ici dans un capteur de mouvement.
Facebook prépare l’après réseau social
Mais alors, pourquoi Facebook s’intéresse-t-il à ce genre de technologie ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord, il ne s’agit pas d’afficher des publicités pour un nouveau lave-linge avant même que vous ayez tapé le mot « lave-linge » sur Google.
L’acquisition n’est en réalité pas du tout pensée pour la brique réseau social de l’empire Facebook, mais bien pour l’un de ses projets à long terme, sur lequel Mark Zuckerberg investit depuis le rachat d’Oculus : la transformation de la réalité à l’aide du numérique. C’est donc tout naturel que CTRL-Labs rejoigne le Reality Labs, dirigé par Andrew Bosworth qui en a fait lui-même l’annonce. Récemment, le Reality Labs était dans l’actualité pour un autre développement : un objet capable de transformer des pensées en texte, imaginé pour des personnes malades, qui ne peuvent pas parler. C’est aussi au Reality Labs que les futures lunettes de réalité augmentée sont censées être imaginées.
Andrew Bosworth a lancé quelques idées d’usage de ce type de bracelet : « Il capture vos intentions et vous pouvez alors partager une photo avec un ami simplement en y pensant ». Cette interaction semble toutefois très limitée par rapport aux usages possibles d’une telle technologie, arrivée à maturité. Côté grand public, Facebook a déjà proposé l’Oculus Quest, l’un des casques de réalité virtuelle les plus avancés du moment, proposant une expérience presque « sans friction ». Reste que vous devez encore posséder des manettes dans vos mains et, au-delà des mouvements et actions permises par ces appareils, il n’est pas possible d’imaginer une liberté d’interaction totale avec l’environnement.
Conquérir la post-réalité
C’est pour cela que l’acquisition de CTRL-Labs a du sens pour les réalités virtuelles et augmentées : elle permet d’imaginer non pas la génération à venir de produits grand public, mais peut-être celle qui suit, où en plus de la vision altérée par l’outil numérique, l’utilisateur pourra interagir librement dans un monde virtuel — ou sur des interfaces à la croisée des deux mondes.
Reste à savoir si cette vision pourra un jour s’accomplir : comme d’autres projets de Facebook n’ayant pas grand-chose à voir avec le réseau social et ses dérives exposées depuis 2016 et le scandale Cambridge Analytica, le Reality Labs et ses projets ambitieux souffrent de cette étiquette. Pourtant, même si la réalité mixte semble petit à petit prendre une place croissante dans l’avenir de Facebook, Mark Zuckerberg se refuse à séparer ses entités. La réception par le public des Portal, objets de visioconférence basés sur Facebook, seront un bon test pour voir si l’entreprise américaine a encore les moyens de convaincre.
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