Nous connaissions la RIAA, la MPAA, et bien sûr notre SACEM nationale. Il semble qu’il faille désormais compter sur un nouvel acteur national. En effet, rassemblant l’ensemble des organisations représentatives du secteur de la musique, des arts graphiques, du livre et de l’image, le CLIC (Comité de Liaison des Industries Culturelles) a décidé de s’attaquer aux FAI qu’ils accusent de profiter commercialement de la vague du peer-to-peer.

En ligne de mire principale figure le FAI italien Tiscali, montré du doigt pour son rapprochement récent avec le géant du peer-to-peer Kazaa, auquel Tiscali reversera bientôt un pourcentage sur les abonnements conclus grâce à la publicité diffusée sur le plus grand réseau P2P du monde.

Côté français, Wanadoo se voit lui-même reproché sa politique de communication pour son offre ADSL, axée sur la possibilité de télécharger facilement et rapidement films et musique. Pour le Snep (Syndicat national de l’édition phonographique), membre du CLIC, c’est là « la démonstration qu’il y a un intérêt économique à la piraterie. »

Le CLIC, qui ne bénéficie pas d’une personnalité juridique qui lui permettrait d’ester en justice, menace ainsi de faire pression sur les législateurs au moment où sera transposé en droit interne la directive européenne sur le commerce électronique. Le directeur juridique du Snes considère que « nous sommes dans une situation de destruction systématique de la valeur de la création de biens culturels« .

Et en effet, nous accorderons sans peine à Frédéric Goldsmith que la valeur économique individuelle du bien culturel diminue à mesure qu’il est téléchargé et diffusé gratuitement sur les réseaux, et non plus acheté chez les discaires. La rareté faisant le prix. Mais prendre le problème en ce sens est s’obstiner dans les modèles économiques vieillissants de la propriété traditionnelle.

Or, si le bien perd de sa valeur matérielle, la valeur artistique et qualitative de l’œuvre n’est quant à elle en rien altérée par sa diffusion. Dès lors, prendre le problème dans le bon sens n’est pas de se demander comment obliger les consommateurs à acheter chaque œuvre musicale individuelle, mais se demander comment préserver des ressources financières essentielles à la création.

Une ère nouvelle s’ouvre t-elle à nous ?

Le temps de la propriété matérielle est révolu. Avec Internet et plus généralement l’informatique, ce qui était auparavant un bien matériel durable (le disque) devient un bien immatériel qui peut être copié/effacé à volonté (le fichier), sans conséquence économique directe pour le consommateur ou le producteur. C’est donc vers un modèle économique en adéquation avec ce nouveau modèle de propriété (plutôt d’usage, ou d’accès) qu’il faut tendre, à défaut de quoi le peer-to-peer continuera à se développer dans l’illégalité.

Différentes solutions sont aujourd’hui envisageables et envisagées, parmi lesquelles des systèmes à abonnements payants (comme Rhapsody), ou éventuellement – mais ça n’est pas souhaitable – une taxation à la source, c’est-à-dire au niveau des fournisseurs d’accès à Internet, comme il est fait pour les radios actuellement.

Mais ce qui nous paraît certain, c’est que la stratégie employée par le CLIC, comme celles employées par les RIAA/MPAA aux Etats-Unis, vont à l’encontre de l’intérêt de tous, et en premier lieu de celui des artistes dont Internet permettrait de faire grimper leurs dividendes…

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